"Effrayant, terrifiant" : Rossi et Viñales réagissent à un "désastre potentiel"

Frôlés par les deux motos en perdition de Zarco et Morbidelli, Valentino Rossi et Maverick Viñales ont eu la peur de leur vie dimanche au Red Bull Ring.

Leur accrochage à grande vitesse a envoyé Johann Zarco et Franco Morbidelli au tapis, mais il aurait également pu faire deux victimes collatérales. Les images glaçantes de la scène pourront tourner en boucle jusqu'au prochain Grand Prix que l'on se pincera toujours pour réaliser que personne n'a été gravement blessé malgré une dynamique potentiellement dévastatrice, avec deux motos devenues des projectiles d'une violence inouïe et qui n'ont finalement "que" frôlé Valentino Rossi et Maverick Viñales.

Le vétéran du plateau assume un certain état de choc, et c'est posément mais en peinant à trouver ses mots qu'il est revenu auprès de la presse sur les événements du jour. "Le saint des motards a fait du très bon travail aujourd'hui", estime le pilote italien. "Aujourd'hui il faudrait qu'on prie, que tout le monde prie qui il veut. Mais, putain, je suis vraiment… Je me sens mal, j'ai eu peur, vraiment très peur, parce qu'aujourd'hui c'était très dangereux. […] J'ai tout de suite eu très peur sur le moment, et ensuite encore plus quand j'ai revu les images."

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"Ça a été effrayant. Terrifiant. Une situation potentiellement dangereuse. […] Ça aurait pu être un désastre", constate Rossi, qui explique ce qu'il a vu à l'instant de l'accident, survenu derrière lui dans le virage 3 : "Quand on est arrivé au freinage, Maverick et moi, j'ai vu une ombre… mais j'ai pensé que c'était l'hélicoptère, parce que parfois pendant la course l'hélico passe d'un côté à l'autre de la piste et on voit son ombre. Mais, franchement, la moto de Franco je ne l'ai pratiquement même pas vue, par contre j'ai vu celle de Zarco et c'est celle-là qui m'a fait le plus peur. Après en revoyant les images ça a été beaucoup plus dangereux avec celle de Franco."

"Franchement, je n'ai rien vu", témoigne lui aussi Maverick Viñales. "J'ai juste entendu des crissements, et ensuite j'ai entendu BAM quand la moto de Johann a heurté le mur. J'ai regardé, j'ai vu des motos arriver, j'ai mis mes mains au-dessus de ma tête et les deux motos sont passées dans les airs."

"Quand une moto tombe, on l'entend et je l'ai donc entendu. Je me suis dit 'merde, quelqu'un est tombé'. Mais ensuite j'ai entendu une très grosse explosion. Je crois que c'est la moto de Johann qui a heurté le mur. Et puis j'ai vu les morceaux tout autour. Je me suis donc protégé la tête quand la moto a volé au-dessus de moi."

Accident de Franco Morbidelli, Petronas Yamaha SRT et Johann Zarco, Avintia Racing

Pour Viñales aussi, le constat est sans appel : "Aujourd'hui on a eu beaucoup de chance. On va bien, c'est le plus important. On a beaucoup de chance, quelqu'un nous a sauvés." Si le pilote espagnol semble s'être remobilisé sans trop de difficulté, Rossi a eu plus de mal. "Ça a été assez dur, je suis un peu secoué. Repartir pour la deuxième course a été assez dur", admet-il. "J'ai parlé avec Franco. Il va bien. Il essaye de ne pas y penser, mais quand il y pense il a peur lui aussi."

Un changement d'attitude nécessaire

Si Valentino Rossi a du mal à s'en remettre, c'est aussi qu'il estime qu'un tel accident devrait être évité avec un changement d'attitude des pilotes, qu'il juge trop agressifs. Après avoir tenu des propos très durs à l'encontre de Johann Zarco dans une interview télévisée, affirmant que celui-ci avait volontairement bloqué Morbidelli au freinage, entraînant cet accrochage, Rossi a quelque peu atténué son discours à la suite d'une explication entre hommes avec le Français. Il n'en reste pas moins convaincu que certains pilotes devraient être rappelés à l'ordre.

"Dans une situation comme celle-ci, ce qui change beaucoup les choses c'est que personne n'ait été blessé. Parmi nous quatre, personne ne s'est blessé, et la situation change radicalement, mais j'espère quand même que cela peut aider à améliorer les choses pour l'avenir, car comme ça c'est dangereux", estime-t-il. "J'ai parlé à Zarco en face à face. Je le lui ai dit et il m'a dit qu'il ne l'avait pas fait exprès. En tout cas, c'est bien d'être agressif mais freiner sous le nez des autres pilotes, surtout à 300 km/h, c'est un désastre potentiel."

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"Je sais que Zarco est allé à la direction de course, mais on ne sait pas ce qui va se passer. J'ai même du mal à m'exprimer… Je ne sais pas, on verra. J'ai parlé avec Zarco et il m'a dit et promis qu'il ne l'a pas fait exprès, et rien que ça c'est important", concède Rossi. "Des carambolages comme ça, ça peut arriver par hasard, parce qu'on se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, mais ici ça me semblait plus clair. [Il me semblait] que Zarco allait à droite pour fermer la porte à Franco et éviter qu'il ne le repasse au freinage, mais il s'est trop approché , il lui a freiné sous le nez, il a changé de trajectoire pendant le freinage et Franco n'a eu aucun moyen de l'éviter. Il m'a dit qu'il ne l'a pas fait exprès, mais franchement je ne sais pas ce qui va se passer."

"Tout le monde est maintenant très agressif, en MotoGP et dans les petites catégories aussi, et je peux le comprendre mais pour moi il est important de ne pas exagérer. Il faut avoir du respect pour les autres pilotes qui sont en piste avec nous, car il ne faut pas oublier que ce sport est très dangereux. Surtout sur une piste qui a de longues lignes droites et où on est tout le temps à 300 km/h. Dans les petites catégories aussi, il y a beaucoup de pilotes qui, quand ils freinent, vous ferment la porte au nez, ils vous freinent devant. Zarco était très large et il a freiné sous le nez de Franco, peut-être pour éviter qu'il le repasse au freinage. Mais c'était trop proche et quand on est à 300 km/h il y a une grosse aspiration et Franco n'a eu aucune chance pour freiner."

"Il faut que les pilotes comprennent que ces motos sont des projectiles potentiellement très dangereux, car elles sont lancées à des vitesses dingues, surtout si en haut de la côte il y a un freinage qui se fait à 50 km/h, c'est une situation potentiellement très dangereuse. Il faut faire attention. Aujourd'hui personne ne s'est fait mal, parce que tout le monde a eu énormément de chance, mais il faudrait traiter cela sérieusement, et non pas laisser tomber parce que personne ne s'est fait mal", conclut Valentino Rossi.

Accident de Franco Morbidelli, Petronas Yamaha SRT et Johann Zarco, Avintia Racing

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