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Rossi : Le gel du développement, pas une excuse pour Yamaha en 2021

Alors que Yamaha s'enfonce dans une fin de saison alarmante, Valentino Rossi exhorte les responsables du constructeur à chercher par tous les moyens à avancer en vue de 2021 afin de corriger les faiblesses de la M1.

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

Photo de: Dorna

Valentino Rossi a lancé un avertissement très direct à l'attention de Yamaha, en affirmant que le gel des moteurs pour la saison prochaine ne devait pas être perçu comme une excuse pour ne pas régler les problèmes actuels.

Cet arrêt du développement a été entériné en pleine crise sanitaire, au printemps, et il acte que tous les constructeurs devront entamer la saison 2021 avec les machines actuelles, à la seule exception de KTM qui, au moment de perdre ses concessions réglementaires, est autorisé à concevoir un nouveau moteur. Une fois le premier Grand Prix du prochain championnat passé, seul Aprilia retrouvera sa liberté de développement, les autres marques devant s'en tenir à un matériel qui ne pourra pas évoluer en profondeur.

Certaines modifications restent toutefois possibles, notamment en termes d'électronique et de réglages, et c'est dans ces domaines périphériques que le pilote italien exhorte les ingénieurs à chercher des éléments de progression.

"Le moteur est gelé, mais ce n’est pas une excuse", assure Rossi. "Aujourd'hui en MotoGP, on peut vraiment faire beaucoup de choses autour du moteur pour améliorer les performances : sur l’électronique, le refroidissement du moteur, la façon de le maintenir à une faible température, du côté de l'échappement… Même si on ne peut pas aller dans le moteur, il y a beaucoup d’éléments que l’on peut améliorer. Donc pour moi, si Yamaha travaille bien et dans la bonne direction, on peut faire mieux."

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Le nonuple Champion du monde observe que le constructeur d'Iwata a une nouvelle fois débuté la saison en affichant un grand potentiel, avant d'être rattrapé par d'autres marques, et même violemment surpassé par Suzuki qui termine ce championnat en trombe. Le #46 voit cela comme la preuve que des progrès sont bel et bien possibles sans avoir à révolutionner une machine lorsque cela n'est plus autorisé.

"Comme ça a souvent été le cas, on était rapides en début de saison, alors que les autres constructeurs semblent avoir apporté beaucoup de nouveautés. Il leur a donc fallu plusieurs courses pour progresser, et ils sont très forts désormais en fin de championnat", constate-t-il, avant de compléter son analyse. "Cela dépend aussi des courses, parce qu’il y a deux semaines, Franco [Morbidelli] a gagné, mais ici, à Valence, c’est difficile pour toutes les Yamaha."

La marque d'Iwata a par ailleurs été frappée cette saison par un inquiétant problème de fiabilité, avec trois moteurs rayés du parc des quatre pilotes dès les premières courses. "Le problème est que l'on a une difficulté de performance, parce qu'on est toujours les plus lents en ligne droite, et aussi un problème de fiabilité. Généralement, on connaît l'un de ces deux problèmes : soit on manque de performance mais le moteur est très fiable, soit on a un moteur très performant mais sans la fiabilité. Nous, on a les deux problèmes, alors je pense que ceux qui font les moteurs chez Yamaha doivent comprendre [certaines choses]."

"C'est comme si les autres avaient plus avancé, pas seulement techniquement mais en termes d'ingénierie", poursuit-il. "Je leur ai toujours dit que le moteur était un gros problème, parce qu'on est toujours les plus lents en ligne droite, mais en même temps, on a des problèmes de fiabilité. On a beaucoup de mal à finir la saison avec cinq moteurs, donc on n'a pas les performances, mais on n'a pas non plus assez de [marge de] kilométrage. Et puis, alors que le caractère du moteur a longtemps été un point fort de Yamaha, il semble que les autres moteurs sont maintenant plus doux que le nôtre à l’accélération. Si on associe tous ces problèmes, on obtient la situation actuelle."

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

L'affaire des soupapes, symptomatique du point faible de Yamaha

Pour Rossi, cet ensemble de faiblesses ne trouvera pas de réponse dans l'architecture du moteur, même si la fidélité d'Iwata au quatre cylindres en ligne a pu être questionnée par le passé. "Je ne crois pas que le problème soit le quatre cylindres en ligne. Il faut qu'on apprenne de Suzuki", pointe-t-il aujourd'hui. "Pendant de nombreuses années, on a parlé du fait que le problème de Yamaha serait la configuration du moteur parce que le quatre cylindres en ligne est un peu vieux par rapport au V4 qui est un peu plus moderne. Mais Suzuki aussi a un quatre cylindres en ligne et ils sont très compétitifs."

"Pour moi, Suzuki a très bien travaillé", observe Rossi, qui a d'ores et déjà transmis des compliments nourris à son ancien team manager pour la triple couronne qui tend les bras à Hamamatsu. "Je pense que Brivio fait un boulot fantastique, parce qu'il arrive à fusionner le travail du Japon avec un très gros travail mené en Italie. Il arrive en particulier à convaincre les Japonais de travailler avec les Européens et les Italiens. Ils forment une équipe très forte et ça n'est pas un hasard que la moto soit si rapide et qu'elle ait tellement progressé."

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Du côté de Yamaha, on a vu s'envoler avec la pénalité reçue la semaine dernière des dizaines de points qui auraient pu permettre de sauver au moins le titre constructeurs, si ce n'est celui des équipes, ce qui contribue aujourd'hui à placer Suzuki sur une voie royale dans les trois championnats.

S'il a d'emblée tempéré la gravité de l'affaire des soupapes à son retour dans le paddock, évoquant "une erreur" − "Parfois ça arrive", a-t-il jugé , Valentino Rossi a en revanche estimé que ces faits sont révélateurs du problème que doit tenter de régler le constructeur pour se mettre au niveau de la concurrence. "Pour moi, cela démontre que le département moteur est notre premier problème, car la performance n'est pas géniale, la fiabilité est critique, et puis ils ont fait cette erreur avec les soupapes, et ça n'est pas terrible."

Qu'attendre, donc, pour 2021 ? "Il faut qu'on travaille sur le moteur, parce que le plus gros problème c'est le manque de vitesse de pointe et il faut aussi qu'il soit plus doux à l'accélération. Le moteur est pour moi notre point faible. Après, il faut qu'on travaille sur l'arrière de la moto pour générer plus de grip. Ce sont pour moi les deux principaux problèmes", tranche Rossi, affichant donc sa volonté de voir Yamaha avancer. Un discours qui offre une option différente de celle que suggère à présent Fabio Quartararo et qui constituerait à étudier dans quelle proportion le matériel de 2019 pourrait être réintégré à la machine pour la saison prochaine.

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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