La sanction de Yamaha, néfaste pour la marque comme pour le MotoGP

La sanction infligée par la FIM à Yamaha jeudi n'a pas tardé à faire polémique. Il en ressort la nécessité d'une plus grande transparence dans les décision prises par les commissaires.

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Il est assez significatif de voir que le camp le plus satisfait par la sanction annoncée jeudi par les commissaires de la FIM soit précisément celui de la marque à qui la pénalité a été infligée. Yamaha a pourtant été reconnu coupable d'avoir ouvert les moteurs de ses M1 avant la première manche de la saison, le Grand Prix d'Espagne, afin de remplacer les soupapes de certains blocs, en violation totale de la réglementation technique selon laquelle aucune modification ne peut être apportée une fois la spécification du moteur homologuée.

Après avoir mené son enquête, le panel des commissaires de la FIM a décidé de pénaliser la marque d'Iwata en lui faisant perdre 50 points au championnat constructeurs, ce qui correspond au double du capital obtenu grâce à la victoire de Fabio Quartararo à cette course. Dans le même temps, l'équipe officielle a été dépossédée de 20 points et l'équipe Petronas de 37 points au classement des teams, un barème non spécifié dans le rapport mais qui s'appuie sur l'utilisation des moteurs incriminés au Grand Prix d'Espagne par Quartararo et Viñales (Rossi n'avait, lui, pas marqué de points) et à la fois sur cette épreuve et au Grand Prix de Styrie dans le cas de Morbidelli.

En Formule 1, une telle sentence serait un drame pour une équipe, dont les rentrées annuelles dépendent en grande partie de la hiérarchie finale du championnat, car en perdant 50 points au classement des constructeurs, Yamaha est dépossédé de la tête au profit de Ducati et glisse au troisième rang derrière Suzuki. Mais cet impact a une importance beaucoup plus relative en MotoGP, où cette sanction est vue comme une simple gifle, par rapport au KO qu'aurait représenté la perte des points obtenus par les pilotes de Yamaha lors de cette épreuve : s'ils avaient été privés de ces mêmes unités, Quartararo et Viñales seraient descendus à 98 points et Morbidelli à 100, ce qui les aurait fait rétrograder derrière Dovizioso (109) et Rins (105) au championnat pilotes, et à une distance nette de Mir (137).

Il n'a donc pas été surprenant de voir apparaitre immédiatement des critiques à l'encontre de la FIM pour cette décision, jugée trop clémente. Le plus direct a été Marc Márquez, qui s'est laissé aller à un tweet aussi ironique que limpide quant à sa manière de percevoir cette pénalité. "Alors maintenant il s'avère que les pilotes ne bénéficient pas des avantages techniques. Eh ben !" a-t-il écrit en agrémentant son propos d'émojis explicites.

 

L'opacité des décisions des commissaires a plusieurs fois été pointée du doigt durant cette saison atypique, et il serait bon à présent que les instances dirigeantes, à savoir la Dorna et la FIM, mènent une réflexion sur ce sujet, pour le bien commun du championnat. Quelle est l'utilité d'une sanction comme celle infligée à Yamaha si personne ne sait exactement sur quels critères elle se base ? Les pénalités prévues pour ce type d'infraction devraient être précisées dans le règlement afin d'éviter que de telles décisions ne dégénèrent des débats sans fin, plus appropriés pour des compétitions mineures que pour un championnat du monde.

La Dorna est fière de réussir à manœuvrer dans certaines situations délicates, mais cela ne doit pas être en contradiction avec la préservation des aspects formels du championnat. Les décisions arbitrales et les sanctions en cas d'infraction doivent se trouver au-dessus de toute sorte de suspicion comme celles qui abondent depuis jeudi. Cette fois encore, il faudra attendre, au minimum, qu'un responsable s'exprime pour faire la lumière sur le raisonnement ayant mené à cette conclusion.

Dans cette affaire, le panel de commissaires de la FIM n'a eu d'autre implication que d'apposer ses signatures au bas d'une circulaire validant la condamnation de Yamaha et préalablement certifiée par Danny Aldridge, directeur technique du championnat. Freddie Spencer et ses acolytes sont bien assez occupés par les incidents survenant en piste pour ne pas avoir à décider par eux-mêmes de la sanction à infliger à un constructeur qui aurait enfreint le règlement technique et le pacte liant les membres de la MSMA (l'association des constructeurs MotoGP).

Cette controverse peut également être vue sous une autre perspective, en imaginant les conséquences que cette affaire pourra avoir pour Yamaha à moyen ou long terme. Il s'agit d'une entreprise japonaise dont l'honnêteté a été clairement remise en question par cette infraction, puisque la sanction infligée permet de conclure sans conteste qu'elle a triché. Quant à savoir qui aurait commis ce qui a été qualifié d'erreur interne dans le compte-rendu publié jeudi par les commissaires, pour lever les scellées des moteurs et en modifier une pièce non autorisée avant Jerez, c'est encore un autre sujet, car il convient de rappeler que le matériel arrive certes du Japon, mais que le département course est géré depuis l'Italie, avec Lin Jarvis à la tête des opérations. Cependant, s'il est vrai que la transparence des autorités du championnat mériterait d'être considérablement améliorée dans de telles décisions, nous sommes également confrontés avec Yamaha à l'équipe la plus étanche lorsqu'il s'agit de communiquer une décision, et plus encore sur une question aussi sensible.

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