Scott Redding - "Je ne voulais pas aller en MotoGP si tôt"
Forcé de griller les étapes dans les différentes catégories menant au MotoGP, le pilote Ducati estime que cette rapide ascension a été contre-productive pour ses résultats.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Scott Redding est un symbole de précocité. À seulement 15 ans, en 2008, le pilote anglais débutait sa carrière en mondial au guidon d’une 125cc, en l’occurrence une Aprilia du Team Blusens. Et il ne fallut pas attendre longtemps pour que l’impétrant fasse des étincelles, décrochant cette même année son premier succès chez lui, sur le tracé de Donington Park, devenant ainsi le plus jeune pilote au monde (à 15 ans et 170 jours) à remporter un Grand Prix.
Des débuts prometteurs
Désigné Rookie de l'année à l’issue de cette première saison et une 11e place décrochée au championnat, Redding poursuivit son apprentissage en 2009, toujours au sein du Team Blusens. Une seconde saison en 125cc qui fut plus compliquée en raison de la mauvaise fortune du pilote, couplée à une série de bris mécaniques.
Dans ces conditions, son passage en Moto2 en 2010, sur une Suter du Marc VDS Racing, semblait déjà prématuré. Mais le Britannique était contraint de faire le grand saut en raison d’une morphologie atypique pour un pilote moto : "Je ne voulais pas aller en Moto2 si tôt. Je ne voulais pas aller en MotoGP si tôt, mais à cause de ma taille et de mon poids, je n’avais pas le choix", a-t-il regretté lors d’une interview auprès d’Autosport. "J’aurais aimé rester une année de plus en 125cc, j’aurais aimé rester un peu plus longtemps en Moto2, pour ensuite être prêt."
Un physique inapproprié
Avec une taille de 1,85m combinée à un poids élevé pour un pilote moto, la morphologie allait bientôt devenir un handicap pour Redding, contraint d’aller plus vite que la musique pour échapper aux différentes réglementations des catégories juniors. Pour meilleur exemple, son passage en catégorie reine en 2014, forcé par l’instauration d’une mesure limitant à 215 kg la masse totale pilote + moto en 2013, au moment même où le natif de Quedgeley parvenait enfin à ferrailler pour le gain du championnat face à Pol Espargaró. "J’ai toujours dit que j’avais été forcé d’être là où je suis. […] Je me battais pour le titre en Moto2 l’année d’avant [son accession au MotoGP], j’ai montré ce que je savais faire, j’ai obtenu une paire de podiums."
Une montée en puissance qui a empêché Redding d’observer une courbe d’apprentissage raisonnable, l’obligeant à débarquer dans une nouvelle catégorie alors même qu’il n’avait pas fini de prendre ses marques dans la précédente. Avec pour conséquence un bagage des plus légers à son arrivée en MotoGP, à 21 ans, comprenant seulement six saisons dans les catégories juniors, de 2008 à 2013, marquées par quatre victoires, 15 podiums et trois pole positions.
À titre de comparaison Johann Zarco, 26 ans, fera ses grands débuts en MotoGP cette année chez Yamaha Tech3, après huit ans passés dans les catégories inférieures, pour un pedigree de 16 victoires, 41 podiums et 19 pole positions.
"Vous voyez tous ces gars avoir de bonnes motos dès leur première année, alors que moi je devais me taper des tas de merde [sic] qui ne pouvaient même pas finir dans le top 15", s’agace le pilote anglais. "Puis j’ai eu une soi-disant moto d’usine [la Marc VDS Honda de 2015], qui était encore sacrément pire que la moto que j’avais avant. J’ai passé deux ans à pisser dans un violon en essayant de tirer quelque chose de ces machines."
"J'ai dû me taper des tas de merde [sic] qui ne pouvaient même pas finir dans le top 15."
Conséquence : seulement deux podiums décrochés en trois saisons, à Saint-Marin en 2015 ainsi qu’à Assen en 2016, et une 12e place au général obtenue en 2014 comme meilleur résultat au championnat.
Mais Redding n’en reste pas moins optimiste à l’abord de la saison 2017, qu’il effectuera au guidon d’une Ducati du team Pramac Racing aux côtés d’Andrea Dovizioso. "Nous avons vu que j’avais du potentiel, j’ai eu des moments forts. […] Avec une moto un cran au-dessus [en 2017], je crois qu’on peut aller de l’avant au lieu de régresser."
Redding évoluera en 2017 sur une Ducati spécification 2016, et sera supervisé par Christian Pupulin, l’ancien ingénieur d’Andrea Dovizioso, qui remplace Giacomo Guidotti parti rejoindre Dani Pedrosa chez Honda.
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