Interview

Suzuki veut désormais miser longuement sur le binôme Rins-Mir

Selon Davide Brivio, "50-60% des choix importants ont déjà été faits" en vue de la mise en place du plateau 2021 et 2022 du MotoGP. Concernant Suzuki en tout cas, ce choix est clair et s'oriente vers l'avenir.

Joan Mir, Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

Photo de: Suzuki MotoGP

Malgré le gros retard pris par la saison, le marché des transferts qui s'annonçait particulièrement intense cette année en MotoGP pourrait finalement ne laisser que peu de suspense, selon Davide Brivio. Dans cette seconde partie de l'interview qu'il a accordée à Motorsport.com, le team manager de l'équipe Suzuki réitère sa volonté de confirmer Álex Rins et Joan Mir dès que les difficultés logistiques actuelles seront levées, et évoque le reste du plateau tel qu'il le perçoit.

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Sur le marché des transferts, cette pause peut-elle peser sur les stratégies ?

Je pense que 50-60% des choix importants ont déjà été faits. Yamaha a plus ou moins bouclé le marché et Honda a confirmé Márquez. En ce qui nous concerne, nous n'avons pas encore formalisé [les choses], parce que tout est un peu bloqué en ce moment, mais j'estime que nous n'avons pas de problèmes avec Rins et Mir : nous souhaitons les garder, ils veulent rester et nous sommes déjà d'accord sur tout. Il s'agit juste de signer le bout de papier dès que ce sera possible, aussi j'espère qu'il n'y aura pas de surprises. Il reste ensuite Aprilia, Ducati et KTM qui n'ont pas encore formalisé [leur situation], mais peut-être ont-ils déjà établi dans leurs bureaux quelle serait leur stratégie ou pris des décisions.

De ce point de vue, vous êtes une équipe qui a toujours misé sur les jeunes, en ouvrant un nouveau cycle tous les deux ans. Cette fois vous semblez devoir garder les mêmes pilotes pour quatre ans : est-ce la dernière étape à franchir pour viser quelque chose d'important ?

Pour être honnête, nous aurions toujours voulu suivre un cycle long. Quand nous avons lancé ce projet en 2015, nous avons pris Viñales. À l'époque nous avions été critiqués parce qu'il n'avait fait qu'un an en Moto2 et que, selon l'opinion de beaucoup de personnes, il était trop tôt pour qu'il passe en MotoGP. Avec lui, nous voulions construire un pilote Suzuki, mais il a ensuite décidé de suivre une autre route et d'aller chez Yamaha au bout de deux ans.

Cette idée continue toutefois de nous plaire, nous avons donc réessayé cela avec Rins et nous faisons le maximum pour que notre relation avec Álex se poursuive le plus possible, car cela paye. La première année avec lui a été très difficile, parce qu'il a perdu pratiquement la moitié de la saison à cause d'une blessure. Durant la deuxième année, déjà, il y a eu de grands progrès. L'année dernière, la troisième qu'il faisait avec nous, il a gagné deux courses et il a fini quatrième du championnat. Nous sommes très contents de lui et nous voudrions donc continuer pendant encore deux ans ensemble, mais cette idée nous l'avons toujours eue, même s'il faut bien sûr tous être d'accord, à la fois le pilote et l'équipe.

Nous avons désormais repris ce chemin avec Mir l'année dernière. Avec lui aussi nous souhaitons faire au moins quatre ans, en renouvelant son contrat. Et puis nous espérons qu'ils pourront être nos pilotes plus longuement encore, parce que ce sont deux garçons de grand talent, qui peuvent courir dans le groupe de tête, et en avoir deux dans l'équipe est très important.

Joan Mir, Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

Suzuki est désormais devenu l'équipe détectrice de talents en MotoGP. Y a-t-il dans les petites catégories des pilotes qui vous intriguent particulièrement ?

Je n'ai pas le problème de devoir chercher un pilote et je n'y ai donc pas réfléchi plus que ça. Mais il est certain que j'observe et certains pilotes sont sur les lèvres de tout le monde. Les suivre m'intéresse, même si ce n'est pas pour tout de suite. Je suis très curieux de voir ce que peut faire un pilote comme Jorge Martín, qui a désormais une Kalex. Je suis curieux de voir aussi Augusto Fernández après la très bonne année 2019 qu'il a eue. Baldassarri pourrait aussi avoir appris de ses erreurs, et sur la première course on a également pu voir de bonnes performances de Bastianini et de Marini, même si lui a ensuite eu des problèmes de pneus. Pour Luca ce sera une année très importante, il sera donc intéressant de voir comment ça va se passer. Il faudra également suivre Bezzecchi et voir ce qu'il pourra faire sur la Kalex, alors qu'en 2018 il s'est battu jusqu'au bout pour le titre Moto3 face à un pilote très fort comme Martín mais qu'il a eu du mal avec la KTM l'année dernière.

Et puis il y en a sûrement d'autres, auxquels je ne pense pas tout de suite, mais l'intérêt ne manque clairement pas en Moto2 d'autant qu'il pourrait bientôt y avoir un changement de génération [en MotoGP]. C'est ce à quoi nous avions pensé quand nous avons entamé cette stratégie avec Rins et Mir. Lorenzo et Pedrosa se sont déjà arrêtés et il va maintenant falloir voir ce qu'il en sera avec les autres seniors : on dit que Crutchlow pourrait s'arrêter, on ne sait pas très bien ce que fera Dovizioso et puis il y a toujours Valentino. Au cours des deux ou trois prochaines années, il pourrait y avoir un renouvellement et ces garçons pourraient être l'avenir du MotoGP, ils ont donc une grande opportunité de se mettre en évidence et de gagner leur place.

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Vous connaissez très bien Valentino Rossi : à votre avis, cet arrêt forcé va-t-il beaucoup compliquer sa décision de continuer à courir ou d'arrêter ?

Je crois que non, parce que le choix qu'a fait Yamaha a été assez clair : ils ont nommé Viñales et Quartararo comme pilotes de l'équipe officielle et ils peuvent se permettre de rester attendre Valentino, paradoxalement aussi longtemps qu'il le voudra, parce que l'équipe factory est fixée et il faut tout au plus garder une place de libre chez Petronas. Compte tenu de la situation, je pense qu'ils peuvent lui laisser un peu plus de temps. Il avait dit qu'il voulait prendre une demi-saison [pour se décider], mais ce n'est désormais plus possible. Peut-être s'agira-t-il d'une demi-saison par rapport au moment où l'on pourra commencer le championnat. Mais je le répète, Yamaha est en condition de pouvoir l'attendre.

Mais si Valentino devait vous appeler en disant qu'il a envie de relever un dernier défi en MotoGP, y aurait-il une moto pour lui ?

En ce moment, nous n'en avons pas. Notre stratégie est de continuer avec Rins et Mir, et cela a du sens par rapport à tout ce que nous avons fait jusqu'à présent et par rapport à notre philosophie. Ce ne serait donc pas possible.

Propos recueillis par Matteo Nugnes et Marco Congiu

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