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En difficulté, Syahrin est appelé à réagir vite

Le pilote malaisien peine à s'adapter à la KTM cette année et ses résultats s'en ressentent. Le marché des transferts ne laisse cependant que peu de temps pour se placer sur les bons rails et les prochaines semaines s'annoncent décisives.

Hafizh Syahrin, Red Bull KTM Tech 3

Hafizh Syahrin, Red Bull KTM Tech 3

Gold and Goose / Motorsport Images

Hafizh Syahrin a connu un week-end des plus difficiles à Jerez. Sur une piste qu'il ne goûte guère et qui appuie sur les points faibles de la KTM, il a occupé la dernière place du classement de bout en bout du week-end, avec un retard au tour dépassant les trois secondes. Il n'y a qu'en course qu'il a réussi à faire mieux que son coéquipier au chrono, bien que sur la distance Miguel Oliveira l'ait devancé et relégué, une nouvelle fois, en dernière position.

"Ça a été un week-end difficile", concédait Hafizh Syahrin au micro de Motorsport.com. "Pendant deux jours, je n'ai pas pu faire beaucoup de tours. Le premier jour, je n'allais pas très bien, puis le deuxième jour a été un peu difficile pour moi. Je n'avais pas de bonnes sensations avec la moto, je n'arrivais pas à la faire tourner, et le temps que j'ai signé pour les qualifications n'était pas très bon. Au warm-up, on a décidé de modifier la moto et de la surélever ; mon feeling était alors bon pour stopper la moto et la faire tourner, mais les chronos n'étaient toujours pas là."

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"En arrivant sur la grille de départ, je voulais donner le meilleur de moi-même. J'ai essayé d'améliorer mes freinages, de me donner à 100% parce que c'était mon anniversaire et aussi mon 100e Grand Prix. J'ai réussi à tenir le rythme de Miguel et de Smith, mais pas jusqu'au bout. Je n'arrivais pas à stopper la moto, à mettre les gaz, et à la fin j'ai couru seul. On a en tout cas progressé, j'ai signé mon meilleur temps pendant la course."

"Je vais changer de style, je n'ai pas le choix"

Plus rapide en course qu'en qualifications avec pourtant un réservoir plein, Syahrin a en effet progressé le dimanche, néanmoins le bilan de son week-end n'en a pas été sauvé. Affaibli par un rhume lors des premiers essais, il a manqué une partie des EL2 à la suite d'une grosse chute, mais est surtout apparu empêtré dans de profondes difficultés d'adaptation avec la RC16. Le verdict des chronos est d'autant plus cruel pour le Malaisien qu'il souffre de la comparaison avec son coéquipier, le rookie Miguel Oliveira (déjà confirmé pour la saison prochaine), et ne parvient pas à mettre à profit son année d'expérience en MotoGP, acquise au guidon d'une Yamaha bien plus aisée à dompter.

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"J'ai besoin de changer mon style de pilotage, parce que je suis un pilote assez fluide, pas vraiment agressif dans les virages. Mon passage de virage est plutôt comme celui de Lorenzo. Mais je vais changer quelque chose sur mon style de pilotage, parce que je n'ai pas le choix. C'est une KTM, elle requiert un style différent, et j'ai besoin de changer, mais cela prend du temps", nous explique-t-il. "Je continue à croire en moi, à croire que je peux me battre avec eux, mais il faut du temps pour avoir de bonnes sensations avec la moto. Ça n'est pas facile de changer son caractère. Pour le moment, on a fait un pas en avant en course, mais on a besoin d'un peu plus de régularité jusqu'à la fin de la course."

Hervé Poncharal, Red Bull KTM Tech 3, Hafizh Syahrin, Red Bull KTM Tech 3

Cette 19e place en Espagne vient s'ajouter à un début de championnat déjà très compliqué pour Syahrin, dont les hauts et les bas déboussolent quelque peu. C'est ainsi qu'en Argentine il a connu un certain rebond, avec notamment un meilleur tour en course plus rapide que celui de Johann Zarco sur la KTM officielle, mais les courses du Qatar et du Texas ont été bien moins convaincantes. Dans ce contexte, Hervé Poncharal n'a pas caché sa déception, rappelant en cela le creux connu par son pilote l'an dernier et qui l'avait déjà poussé à tirer la sonnette d'alarme.

"Pour moi, c'est vrai, car le boss a besoin de bons résultats de la part de ses pilotes, mais je crois toujours en moi, en l'équipe, et au fait qu'on peut se battre. Je ne sais pas pourquoi nous avons des hauts et des bas", admettait Syahrin lorsque nous l'interrogions sur les déclarations de son team manager en marge du week-end de Jerez, déplorant un manque de sensations et de confiance qu'il peine à résoudre.

Le marché laisse peu de temps

Accueilli en sauveur après le retrait inattendu de Jonas Folger en début d'année dernière, à quelques jours des premiers tests de l'année, Hafizh Syahrin a d'emblée conquis son équipe dès ses premiers essais, puis au cours d'une saison émaillée de belles performances, avec notamment quatre top 10 à la clé. "Les premiers essais en Thaïlande ont été bien au-delà de nos espérances et, jusqu'à la fin de la saison l'année dernière, ça a été comme une super belle aventure, et c'est d'autant plus beau quand c'est inattendu. Une KTM et une Yamaha sont aux deux extrémités du plateau MotoGP, ce sont les deux motos qui sont les plus dissemblables", explique Hervé Poncharal à Motorsport.com, rappelant à quel point Syahrin a été adopté par son équipe : "C'est un garçon que j'apprécie beaucoup, il est attachant, il est drôle, l'équipe l'adore."

Les qualités humaines de Syahrin ne masquent toutefois pas des performances en berne. Souhaitant se montrer franc avec son pilote, le patron de l'équipe Tech3 lui a parlé clairement, dans l'espoir de provoquer une réaction. "Je lui ai dit : 'Je préfère te dire que ça ne va pas, pour te bouger et t'aider'. Qui aime bien, châtie bien. Il faut toujours que je me comporte un peu comme si les pilotes étaient mes enfants, et tes enfants il faut parfois leur dire que quelque chose ne se fait pas ou leur dire de mettre un petit coup de boost. Je le lui ai dit, mais c'est plutôt pour créer une réaction d'orgueil, pour le booster, pour lui dire qu'on croit en lui mais que ça n'est pas suffisant. Son équipe technique est à 100% derrière lui et avec lui. Je fais tout ce que je peux pour lui donner les clés pour qu'il performe, pour qu'il puisse rester pilote MotoGP."

Le mercato MotoGP a cependant prouvé ces dernières années à quel point il pouvait être cruel, avec un calendrier très anticipé par rapport à ce qu'il a pu être par le passé, imposant des résultats immédiats, sans laisser le temps aux pilotes de prendre leurs marques avec de nouvelles machines. "C'est vrai", concède Hervé Poncharal. "C'est ce que je lui ai dit : 'Tu sais, Hafizh, maintenant les courses vont s'enchaîner : on a Jerez, puis on reste en test, donc on va avoir quatre-cinq jours et on sera au Mans, puis on va au Mugello, à Barcelone… Ça n'arrête pas. À Barcelone, quasiment tout est décidé."

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Beaucoup de pilotes étant déjà sous contrat pour la saison prochaine, les rares à ne pas l'être occupent des places qui font des envieux, d'où la nécessité pour Hafizh Syahrin de réagir dès à présent. "Il y a peu de places, il y a beaucoup de gens qui veulent monter en MotoGP, donc à mon avis, autour de Barcelone les dés seront quasiment jetés", estime Hervé Poncharal.

Une réaction du pilote malaisien est donc attendue dès la semaine prochaine, au Mans, sur une piste qui pourrait, fort heureusement, lui convenir un peu mieux. "J'aime Le Mans, l'année dernière j'y ai obtenu un bon résultat avec l'équipe, et c'est leur épreuve à domicile. Je vais essayer de prendre du plaisir avec l'équipe pour leur course à la maison. Je vais essayer de donner le meilleur de moi-même, ne pas être malade à nouveau vendredi, pas de chute. Je vais essayer de garder une motivation forte et de rester positif", promet-il.

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