"Le vide laissé par Rossi est énorme" pour Schwantz

Champion du monde en 1993, Kevin Schwantz est resté fidèle au paddock MotoGP depuis. Aujourd'hui, il est frappé par le vide qu'a créé Valentino Rossi en quittant les Grands Prix moto en 2021.

Un gradin Valentino Rossi

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Le MotoGP a recruté en ce début d'année un nouveau directeur commercial, un responsable américain venu de la NBA et qui pourrait ouvrir de nouveaux horizons au championnat chapeauté depuis trois décennies par la société espagnole Dorna Sports. La tâche est grande pour la nouvelle recrue, alors que les Grands Prix moto semble peiner actuellement à capitaliser sur la richesse sportive de leurs courses et à renouveler leur fan base.

Lorsque Motorsport.com lui demande ce qui manque aux Grands Prix pour être plus populaires, le champion 1993 Kevin Schwantz mentionne sans hésiter le parallèle avec la Formule 1 pour exprimer son point de vue.

"J'ai toujours pensé que tout dépendait de la télévision", explique-t-il. "Liberty Media s'est très bien débrouillé depuis qu'ils ont racheté la F1. Ils l'ont sauvée et l'ont faite connaître aux gens, ils ont été capables de la montrer. L'idée et la réalisation de Drive to Survive ont été brillantes. J'ai des amis qui n'ont jamais vu un Grand Prix de F1 et qui maintenant deviennent fous à l'idée d'aller voir une course. Et c'est grâce à Netflix."

L'Américain n'est pourtant pas client de ce que produit la F1 : "Ils me demandent comment je peux ne pas avoir regardé la série, et je leur réponds que je ne peux même pas regarder une course entière. Je me contente de regarder les résultats et de me dire : 'Oh, Verstappen a encore gagné, quelle surprise !' Le facteur course, la compétition entre les uns et les autres, n'est pas si important [en F1], et il est inférieur à ce qui existe en MotoGP. Mais Liberty a très bien réussi à créer ce besoin de suivre la F1, de faire tout ce qu'il faut pour obtenir des billets."

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"J'ai assisté à la dernière course [à Austin] l'année dernière, car j'avais été invité par Jost Capito [à l'époque team principal de l'écurie Williams, ndlr]. Le circuit était rempli d'attractions, de musiciens et d'acteurs. Je suppose que ces personnes célèbres créent ce besoin que l'on a de vouloir être là."

Si le paddock MotoGP manque potentiellement d'attractivité aujourd'hui, c'est selon beaucoup d'observateurs à cause de l'absence de figures comme Marc Márquez, éloigné de la course au titre depuis 2020, et Valentino Rossi, parti à la retraite fin 2021. À eux deux, ils avaient cumulé 13 titres de la catégorie reine en 19 ans et portaient des marchés ultra puissants en Italie et en Espagne, qui aujourd'hui font grise mine et peine à se reconstruire.

"Le nombre de fans de Valentino a changé cette discipline", rappelle Kevin Schwantz. "Je pensais honnêtement que le fait qu'il ait une équipe à son nom, qu'il soit présent avec ces pilotes, qu'il s'entraîne avec eux, servirait en quelque sorte à maintenir sa présence. Mais ce n'est pas tout à fait le cas, et le vide qu'il a laissé est énorme."

Valentino Rossi n'a fait que de rares apparitions dans le paddock depuis son départ à la retraite

Valentino Rossi n'a fait que de rares apparitions dans le paddock depuis son départ à la retraite

"À mon époque, quand on était pilote dans le Championnat du monde, on était reconnu dans le monde entier, sauf en Amérique", se souvient l'ancien pilote texan, grand adversaire de Wayne Rainey jusqu'à son titre en 1993. "Ici, personne ne savait qui j'étais, sauf si j'allais dans un concessionnaire de motos. C'était bien, parce qu'on rentrait chez soi et qu'on pouvait avoir une vie. Je ne veux même pas imaginer Valentino en Italie, je pense qu'il ne peut pas sortir de chez lui."

Suzuki aura plus de mal à revenir cette fois

Titré avec Suzuki et resté depuis lié à la marque dont il a porté l'image même après sa carrière, Kevin Schwantz a du mal à se faire à l'idée qu'elle ne fait plus partie de la scène MotoGP, la direction du groupe ayant brutalement décidé l'an dernier de stopper la compétition. "Elle nous manque beaucoup", admet-il. "Le week-end, quand on me demande qui je veux voir gagner, je dois réfléchir désormais."

Si le président de la Fédération internationale de motocyclisme est persuadé que Suzuki retrouvera un jour les Grands Prix, l'ancien pilote pressent que la tâche s'annoncerait ardue, après une première parenthèse entre 2011 et 2015. "Cette fois-ci, pour Suzuki, ça ne sera pas aussi facile que la fois précédente de revenir en MotoGP. Et, plus il faudra de temps pour y parvenir, plus il sera difficile de rattraper le terrain perdu. Suzuki a couru pour la reconnaissance de la marque, pour le respect [que cela apporte], mais aussi parce qu'on apprend beaucoup ici", souligne-t-il.

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