Comment Wayne Rainey a dépassé son rêve le plus fou
Trente ans après avoir fêté son dernier titre de Champion du monde, Wayne Rainey, aujourd'hui paralysé des membres inférieurs, a pu enfourcher sa Yamaha YZR500 et retrouver les sensations du pilotage. Une émotion incomparable pour l'ancien pilote et un moment qui fera date.
Il aura fallu près de trente ans pour que Wayne Rainey puisse à nouveau monter sur une moto de Grand Prix, mais ce rêve un peu fou s'est finalement réalisé il y a quelques jours dans le cadre du Festival of Speed de Goodwood. Le temple de la compétition d'antan a offert au triple Champion du monde 500cc quelques instants hors du temps durant lesquels il a repris le guidon de la Yamaha YZR500 avec laquelle il a remporté son dernier titre, en 1992.
La carrière du Californien, si dominateur sur les Grands Prix durant trois saisons, s'était arrêtée net dans un accident à Misano en 1993. Rapidement, sa force de caractère lui avait permis de retrouver une vie active, notamment en dirigeant une équipe puis en reprenant les rênes du championnat américain, mais l'idée quelque peu saugrenue au premier abord de pouvoir reprendre le guidon de sa moto de course ne l'avait traversé que quelques jours, avant de s'évanouir…
"Quand j'étais blessé, à l'hôpital, en 1993, j'ai eu cette idée pendant une ou deux semaines, j'ai pensé que je voulais vraiment remonter sur une moto de Grand Prix", raconte l'ancien pilote. "Je n'avais aucune idée de ce à quoi ça ressemblerait ou si ça pourrait tout simplement se produire, mais c'était une source de motivation qui revenait chaque jour et la seule chose qui m'encourageait à avancer. Mais avec le temps, la réalité s'est imposée et ma nouvelle vie était évidemment quelque chose de très différent par rapport à ce qu'elle était par le passé, donc [l'idée de] piloter une moto s'est effacée."
Mise de côté sans être réellement oubliée, cette idée a resurgi bien des années plus tard. Wayne Rainey a d'abord eu l'opportunité de piloter une R1 à Willow Springs puis à Suzuka, fin 2019, avant que les organisateurs du festival n'imaginent aller plus loin encore.
"La R1 était une moto simple à convertir, car elle avait déjà beaucoup d'électronique. C'était donc assez simple d'enclencher un rapport et de rétrograder, il y avait des boutons pour passer une vitesse et l'enlever. Je pouvais voir sur le tableau de bord sur quel rapport j'étais", raconte Wayne Rainey.
"Une de mes plus grandes émotions a été de rouler à Suzuka et de passer dans certains virages où j'ai remporté l'une de mes plus belles victoires. Ça m'a vraiment donné des frissons. Mais quand l'idée de piloter cette moto est née, le challenge s'est évidemment annoncé bien plus grand. La moto avait trente ans, elle n'avait pas d'électronique, c'était une 500cc deux-temps, donc il y avait beaucoup de pièces que nous n'étions pas sûrs de réellement pouvoir enlever."
Avec le soutien actif de Lin Jarvis et de Masahiko Nakajima, aux manettes du programme MotoGP de Yamaha, le projet s'est réalisé. La YZR500 de 1992 a quitté le musée de la marque et été confiée aux mains de fée qui ont pu la convertir pour que l'ensemble des commandes soient placées sur le guidon.
Le 24 juin dernier, c'est un Wayne Rainey quelque peu incrédule qui retrouvait donc une combinaison, un casque et cette Yamaha qui l'avait attendu depuis trente ans. "Quand j'ai eu cette opportunité à Suzuka puis quand j'ai eu la chance de piloter ma moto de Grand Prix ici, c'était… wow ! Je n'aurais jamais pensé que ça arriverait, surtout lors d'un événement comme celui-ci", admet-il.
Wayne Rainey
"J'ai probablement été un peu plus nerveux au sujet de ce roulage que je ne l'ai été à n'importe quel moment de ma carrière, plus encore qu'à Suzuka. Le plus gros challenge pour moi était de faire en sorte que la moto s'élance initialement, car je n'ai pas un très bon sens de l'équilibre donc la moto a besoin d'avancer. Je me souviens que la première fois que je suis parti, j'ai failli tomber parce que je n'allais pas assez vite. Ensuite, on comprend plus ou moins comment gérer l'accélérateur."
"Une fois lancée, la moto était très douce. La seule chose que je pouvais vraiment sentir, c'était le guidon, donc il m'a fallu ajuster tout cela, mais le moteur m'a semblé vraiment doux. Cette moto a envie d'être sur une piste alors l'avoir ici au Festival of Speed, sur ce tracé, c'était parfait pour elle et pour moi."
J'ai probablement été un peu plus nerveux au sujet de ce roulage que je ne l'ai été à n'importe quel moment de ma carrière.
Wayne Rainey
Très vite, l'Américain a goûté au plaisir unique que peut lui procurer cette machine avec laquelle il a tant partagé il y a trois décennies. "Chaque fois que je la pilote, j'aimerais pouvoir la piloter plus longtemps", sourit-il.
Et outre l'émotion première ressentie en reprenant le guidon de son ancienne moto de course, Wayne Rainey assure avoir particulièrement profité du contexte, soutenu par le public et par ses acolytes de l'époque : Kenny Roberts, qui fut son patron d'équipe, son grand rival Kevin Schwantz, et Mick Doohan, son dauphin en 1991 et 1992.
"Rouler tous ensemble avec Kenny, Kevin Schwantz et Mick Doohan… J'avais la certitude que ça n'arriverait plus jamais, alors je n'y avais jamais pensé. Je m'étais dit qu'il y aurait peut-être une chance que je puisse piloter à nouveau, mais jamais je n'aurais pensé que je pourrais être en piste avec eux."
"Ils m'ont laissé partir en premier et avancer. Et il y avait tous ces gens, on est tellement proches d'eux qu'on peut les entendre. Et puis il y avait tous les écrans géants, donc tout en pilotant je pouvais voir Kenny, Mick et Kevin qui étaient là. Quand je regardais ça, je me disais 'wow, c'est en train d'arriver ici et maintenant !' J'ai vraiment apprécié le fait qu'ils aient voulu venir et faire cela avec moi. Trente ans ont passé et le fait que ça puisse arriver, c'était un vrai fantasme."
Wayne Rainey accompagné notamment par Kenny Roberts, Kevin Schwantz et Mick Doohan
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