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Patrick Carpentier - Le pilotage d’une NASCAR Sprint Cup (2/2)

Le pilote québécois Patrick Carpentier nous explique dans cet article la subtilité des trajectoires sur les ovales et les effets aérodynamiques des voitures de Sprint Cup NASCAR.

Patrick Carpentier, Latitude 43 Motorsports Ford

Michael C. Johnson

Patrick Carpentier, Latitude 43 Motorsports Ford
Patrick Carpentier
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Patrick Carpentier, qui a longtemps couru en série IndyCar, a aussi disputé 40 courses en NASCAR Sprint Cup entre 2007 et 2011. À l’aide d’exemples concrets, il nous explique que piloter un bolide de Sprint Cup, un monstre de 1600 kg et de 900 chevaux sur un ovale aux virages fortement inclinés, requiert énormément de dextérité.

On affirme que c’est facile : on enfonce l’accélérateur et on tourne le volant à gauche. "Oh, non, pas du tout!", rétorque Carpentier. "La voiture est constamment sur le fil du rasoir, elle glisse continuellement en virage. Si tu rates un point de corde, ne serait-ce que de cinquante centimètres, tu vas te retrouver dans le mur. Quand tu files à plus de 320 km/h sur un ovale, la plus petite erreur ne pardonne pas."

Une trajectoire changeante

Dans une entretien exclusif avec Motorsport.com, Carpentier explique que les pilotes doivent constamment ajuster leur pilotage aux conditions de la piste, à l’usure des pneus et aux turbulences causées par les autres voitures en piste.

"Il faut continuellement s’ajuster. Si la voiture commence à sous-virer ou à survirer, il faut que tu montes plus près du mur ou descendes tout en bas de la piste. Si elle est très sous-vireuse, la seule façon de lui faire négocier le virage est de descendre tout en bas de la piste."

Carpentier nous donne un exemple concret : "À Atlanta [un ovale à quatre virages de 1,54 mile, soit 2,48 km], il faut placer le pneu avant gauche aux deux tiers sur la ligne jaune en bas de la piste pendant une grande partie du virage 1. J’ai découvert ça en suivant Kyle Busch. Ma voiture refusait de tourner dans le virage. Je montais de plus en plus haut, sans arriver à tourner. Busch m’a doublé et j’ai vu comment il s’y prenait. Il roulait sur cette ligne jaune, et cela modifie le cross weight [le poids aux roues] et rend la voiture survireuse."

Le Québécois insiste sur le fait qu’un pilote doit être très doux quand il pilote sur un ovale. Il se rappelle avoir comparé son acquisition de données à celle de son coéquipier, Kasey Kahne, sur l’ovale de Las Vegas.

"Il prenait énormément de temps à appuyer sur l’accélérateur en sortie de virage. Il prenait beaucoup de temps pour passer de l'accélérateur fermé à ouvert. Il commençait à accélérer plus tôt que moi et finissait bien plus tard que moi. On me disait que j’endommageais mes pneus ; pas en entrée de virage, mais en sortie de virage, car je faisais légèrement patiner mes pneus."

"Une voiture de Sprint Cup fait facilement patiner ses pneus arrière. Son accélération est plus impressionnante que celle d’une voiture de rallycross. Une voiture de Sprint Cup pèse 3500 livres, ses pneus font la moitié de ceux d’une monoplace et elle ne freine pas. Lors des relances, ça patine hyper facilement." 

Carpentier répète aussi que tour après tour, le comportement du bolide change. Il nous raconte ici comment tout peut très facilement basculer à cause d’un détail : "Au Michigan, l’équipe m’avait donné les réglages d’Elliott Sadler, et je me suis qualifié dans le top 5. Les choses allaient bien durant la course. Kyle Busch roulait même derrière moi! Avant mon pit stop, mon crew chief m’a demandé ce qu’il devait modifier sur la voiture. Je la trouvais un peu sous-vireuse. Il a ajusté l’auto. Catastrophe! Dix tours plus tard, les leaders m’avaient pris deux tours! J‘étais à l’arrêt total! On ne peut pas compenser le défaut d’une voiture avec son pilotage. Il faut bien comprendre comment la tenue de route évolue afin de diriger l’équipe dans la bonne direction technique.

Des turbulences aérodynamiques… perturbantes

Patrick Carpentier termine en nous expliquant comment il est facile de nuire à un rival en plaçant sa voiture à un endroit ou un autre sur la piste.

"Se rapprocher simplement d’une autre voiture va créer une turbulence néfaste. Si tu te rapproches du pare-chocs arrière de la voiture d’un rival, cela crée des turbulences. Si tu te décales un peu de la sienne, cela va créer une autre sorte de turbulences. Si tu doubles un rival à cinquante centimètres de distance, cela perturbe aussi sa voiture. À Indianapolis, Mark Martin était derrière moi et nous roulions dans le top 15, à la même vitesse. Il a voulu me doubler. Il s’est simplement rapproché à 1m50 de mon pare-chocs arrière, sans me toucher, et ma voiture a été instantanément déséquilibrée! Elle fut suffisamment déstabilisée pour qu’elle glisse un peu et que je doive lever le pied de l’accélérateur. Il m’a doublé et m’a fait un signe de la main. Il venait de me donner une bonne leçon de pilotage à 320 km/h!"

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