Pourquoi Roborace peut être bon pour les sports mécaniques

Roborace a mis les voitures sans pilote à l’ordre du jour en sports mécaniques. Mais que pensent les principaux intéressés de cette idée ? Lucas Di Grassi donne son avis, qui s’avère pour le moins positif.

La voiture de RoboRace

Photo de: RoboRace / Daniel Simon

La voiture de RoboRace
Denis Sverdlov
La voiture de RoboRace
Daniel Simon, designer de la Robocar
La voiture de RoboRace
La voiture de RoboRace
La voiture de RoboRace
La voiture de RoboRace
La voiture de RoboRace
La voiture de RoboRace
Les voitures de développement de Roborace, DevBot 1 et 2
DevBot 1, voiture de développement de Roborace
RoboRace DevBot
RoboRace DevBot
Daniel Simon, directeur de la conception pour Roborace
RoboRace DevBot
#8 Audi Sport Team Joest Audi R18: Lucas di Grassi
Lucas di Grassi, ABT Schaeffler Audi Sport
Jean-Eric Vergne, Techeetah; Lucas di Grassi, ABT Schaeffler Audi Sport
Lucas di Grassi, ABT Schaeffler Audi Sport
La voiture de RoboRace
La voiture de RoboRace
La voiture de RoboRace
Denis Sverdlov, directeur de Roborace
RoboRace DevBot
DevBot 2, voiture de développement de Roborace
Mark Preston, Team Principal Techeetah
Spécifications techniques de la Robocar

Roborace constitue la nouvelle discipline dédiée aux voitures de course autonomes. Alors que la Robocar a été dévoilée au mois de mars à Barcelone, il serait possible de penser que cela marque le début d’une nouvelle ère aseptisée et sans émotion pour les sports mécaniques ou, plus probablement, que cette discipline va échouer et disparaître lorsque les investisseurs ne pourront plus mettre la main au porte-monnaie.

Mais c'est loin d'être le point de vue de Lucas Di Grassi. L'ancien pilote de F1, présent sur les grilles de la Formule E depuis sa saison inaugurale pour le compte d'Audi ABT, donne un avis éclairé sur le sujet.

"À mon avis, aucun de ces deux scénarios ne va se produire", estime le Brésilien. "Le gars derrière tout ça, Denis Sverdlov, est un sympathique électron libre russe, que j’ai eu le plaisir de rencontrer sur une course de Formule E. Il a tout ce qu’il faut pour réussir : le cran, la jugeote et le budget. Il va donc simplement combiner ce qu’il faut pour réussir et faire de Roborace une catégorie proposant une technologie au point."

"Il suit aussi le sens de l'histoire. Il existe un consensus entre les constructeurs automobiles, pour qui les voitures totalement ou partiellement autonomes doivent constituer le futur de la mobilité humaine, et être aidées en particulier avec le développement de l’intelligence artificielle, de capteurs plus précis, et de la connectivité."

"Mais en quoi cela aide-t-il les pilotes et les sports mécaniques ? Eh bien, il s’agit là du problème clé, et cela dépend des décisions prises par la fédération. Si la FIA persévère, Roborace pourrait d'un côté satisfaire le besoin des constructeurs envers le développement de technologies, et d’un autre rendre les sports mécaniques standards de nouveau plus humains."

"J’aimerais voir une séparation claire entre les championnats FIA, avec Roborace à la pointe des avancées en termes de technologies autonomes pertinentes d'un point de vue commercial, et les autres disciplines qui se concentreraient davantage sur le divertissement, sur un sport moins cher et reposant sur les pilotes."

"Oui, la dextérité d’un pilote est toujours un facteur déterminant pour le succès aujourd’hui, mais la différence entre un bon pilote et un pilote moyen est souvent atténuée par la qualité de la voiture."

"C’est assez frustrant de voir des pilotes de haut niveau être en train de piétiner en queue de peloton. Dans la plupart des disciplines ouvertes à la technologie comme la F1, le WEC, le WRC et j’en passe, si le pilote ne détient pas une bonne voiture, il éprouvera des difficultés pour se battre aux avant-postes. Et chaque année, de nouveaux systèmes, des capteurs et des logiciels font leur apparition et font ce travail spécifique d’une meilleure façon que les pilotes eux-mêmes."

"Bien sûr je ne dis pas que nous devrions abandonner la technologie et revenir dans le temps avec des sports mécaniques 'à l’ancienne'. Mais plutôt laisser de côté toutes les technologies d’aide au pilotage, les capteurs, la technologie expérimentale et les petits raffinements onéreux – comme les quatre roues directrices munies de la vectorisation de couple – choses qui seraient utilisées par Roborace et/ou d’autres disciplines similaires."

"Bien que je ne m’attende pas à ce que les sports mécaniques attirent de nouveau les foules comme ce fut le cas par le passé, du fait que les nouvelles générations ne sont pas aussi intéressées par les voitures qu’auparavant, ces disciplines ne disparaîtront pas pour autant."

"Il y aura toujours suffisamment de gens qui aiment les voitures de course. L’esprit humain est ce qui guide les sports mécaniques. C’est pourquoi le fait de rendre les sports mécaniques plus vivants, de remettre le pilote au centre d’un sport qui a du sens est la clé pour le futur. Et c’est pourquoi je pense que Roborace pourrait finalement aider les sports mécaniques et nous, les pilotes."

Les voitures de développement de Roborace, DevBot 1 et 2
Les voitures de développement de Roborace, DevBot 1 et 2

Que faut-il attendre de Roborace ?

Une chose est sûre : Roborace se veut révolutionnaire dans bien des domaines, en tirant profit des avancées technologiques réalisées ces dernières années. Plus qu'une compétition, la future discipline entend bien servir de vitrine mais aussi de plateforme et de banc d'essai pour le progrès technique automobile.

À cet effet un châssis hybride, la DevBot, regroupant les caractéristiques techniques d'un bolide de LMP2 et de LMP3, a été mis à disposition des constructeurs pour tester de nouvelles solutions. Si l'objectif à terme reste de créer un championnat de courses de voitures sans pilote, qui s'intégrerait aux week-ends de Formule E, l'idée de Roborace va donc plus loin que de proposer un nouveau championnat.

À l'instar de la Formule E justement, cette nouvelle catégorie aura pour objectif de sensibiliser les spectateurs, mais aussi les potentiels futurs consommateurs, à l'émergence de la technologie des voitures autonomes, censée représenter le futur de l'automobile.

Car pour assurer cette transition technologique nécessaire dans un proche avenir, il faut dès maintenant éduquer et préparer le public, comme le confirme Mark Preston, le patron de l'équipe Aguri en Formule E.

"Les courses de chevaux existent toujours, alors qu'il s’agit du pendant sportif d’une ancienne méthode de transport", souligne Preston. "Donc je dirais que la même chose va arriver pour les courses de voitures, car il n’y a pas de raison que les gens ne veuillent plus en voir dans le futur."

"Le facteur humain ajoute une part d’aléatoire dans tous les sports, ce qui les rend passionnants. Le fait que Sébastien Buemi ait rencontré un problème en qualifications [lors de l’ePrix de Buenos Aires] a par exemple rendu la course plus palpitante. J’ai toujours pensé que les sports mécaniques devaient être pertinents pour le monde, mais il faut qu’ils donnent lieu à de l’imprévu lors des événements."

"Durant les courses sous drapeaux jaunes, à 50 km/h, la technologie des voitures autonomes pourrait facilement être rendue sûre pour les Formule E. Il pourrait s’agir avant tout de roulage de démonstration, peut-être avec une voiture de course, puis avec une voiture médicale."

"Au fur et à mesure que vous accumulez de l'assurance et des connaissances, cela donne de la confiance aux consommateurs. Nous pourrions tenter notre chance l’an prochain. Jusqu’à quel point ? Je ne sais pas. Le côté positif de la course automobile, c’est que les choses peuvent se développer rapidement."

"Nous devons être en phase avec le monde réel. Certaines choses peuvent arriver plus rapidement que vous ne le pensez dans le futur. Nous devrons jouer avec les règles, mais c’est tout à fait possible."

"Sur une voiture électrique, il vous faut moins de traînée. Les éléments qui produisent le plus de traînée sont les roues et l’aileron arrière. L’élément le plus efficient, c’est le fond plat. Donc vous retirez les ailerons avant qui sont sensibles, et vous utilisez un immense fond plat avec juste l’aéro qu’il faut pour que les ordinateurs ne soient pas perturbés par l’aspiration."

"Vous réduisez la turbulence et le poids à l’arrière de l’auto en retirant l’aileron. Vous carénez les roues, et réduisez la traînée autour de la voiture en couvrant l’intégralité des suspensions."

"Vous retirez le poids – dans le cas d’un véhicule électrique ou d’une machine dirigée par ordinateur, les batteries et le hardware – jusqu’à ce que ce soit optimal pour les pneus. Peu importent les gommes que vous utilisez, il faut dessiner la voiture en fonction de cela. Nous pourrions digresser sur les pneus durant des heures, mais ils sont toujours adaptés à la voiture, donc le fait de centrer la répartition des masses devrait être la première chose à faire."

"Vous n’avez pas besoin d’arceau de sécurité. Il est très haut car quand vous tracez une ligne entre le casque et la monocoque, elle doit se situer 50 mm au-dessus du pilote. Donc sans pilote, tout peut être abaissé. La seule raison qui rend les voitures hautes, c’est la position de conduite du pilote. Cela joue beaucoup dans la hauteur. Si vous n’avez personne dans le cockpit, vous pouvez vraiment tout abaisser. Mais cela restera de grosses voitures, pas des voiturettes."

Présentation de RoboRace

Profiter de la visibilité offerte par la Formule E

On le voit bien, la technologie qui sera appliquée à la Robocar semble d'ores et déjà prometteuse. L'objectif de Denis Sverdlov, PDG de Roborace, est de créer un championnat d'ici deux ans, où s'affronteraient pas moins de 20 bolides représentant au total dix équipes. 

Le Russe espère bénéficier de la visibilité offerte par les week-ends de course de Formule E, tout en faisant rouler des voitures au profil spectaculaire, dessinées par Daniel Simon, qui s'est notamment illustré en conceptualisant les machines futuristes entrevues dans plusieurs films d'anticipation, tels que Tron : Legacy, Oblivion ou bien encore Captain America.

En cherchant à toucher une cible élargie tout en tirant parti des avancées technologiques en matière d'intelligence artificielle, mais aussi de connectivité, Roborace entend bien s'affirmer à terme dans le paysage des sports mécaniques. Plus que cela, la discipline vise occuper un créneau bien précis : celui de laboratoire de la mobilité de demain.

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