Alesi vainqueur en Super Formula : "Ça fait un bien fou !"
Pour sa deuxième course en Super Formula, Giuliano Alesi s'est imposé sous la pluie à Autopolis, ce qui a marqué son premier succès en monoplace depuis 2018. Pour Motorsport.com, le Français passe en revue son week-end de rêve et ses premiers pas au Japon.
Près de quatre ans après Pierre Gasly, Giuliano Alesi a fait retentir La Marseillaise à nouveau dans le paddock de Super Formula, le premier championnat de monoplaces au Japon. Dans des conditions dantesques et sur un circuit d'Autopolis inondé, Alesi a fait preuve d'une grande maturité pour conserver l'avantage de sa pole position et garder les roues de sa monoplace dans les limites de la piste jusqu'au drapeau à damier, présenté précocement.
Le pilote TOM'S revient sur son week-end doré dans une interview exclusive accordée à Motorsport.com. "Ça fait un bien fou !" lâche-t-il. "J'ai travaillé très dur ces dernières années et tout ne s'est pas passé comme prévu pour de nombreuses raisons. En venant ici, au Japon, je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. Le fait de signer la pole et de gagner la course est une énorme satisfaction."
"Avec mon ingénieur, nous avons vu comment faire un bon départ et comment trouver le bon feeling avec l'embrayage. Pour être tout à fait honnête, je n'étais pas très rassuré quant au départ mais j'ai fait confiance aux ingénieurs et j'ai suivi le mouvement sans poser trop de questions. C'était la bonne chose à faire. J'ai pris un bon départ et j'ai pu voir qu'il était meilleur que celui des autres. À partir de là, j'étais plus détendu d'une certaine manière. Ensuite, le souci suivant était le point de freinage dans le virage 1, et puis j'ai vu le chaos [dans mes rétroviseurs] et je savais qu'il y aurait une voiture de sécurité."
Et Alesi a vu juste, puisque le Safety Car est intervenu à la fin du premier tour à la suite des sorties de piste successives des favoris Ryo Hirakawa et Sho Tsuboi. Au 11e tour, la course a de nouveau été neutralisée par le Safety Car. Il a ensuite été décidé de présenter le drapeau rouge, les conditions météo devenant trop dangereuses pour poursuivre les débats. Pendant plus d'une demi-heure, les organisateurs ont espéré une accalmie, celle-ci ne s'est jamais présentée. Selon Alesi, l'attente d'une potentielle reprise de la course a été le moment le plus difficile car il a fallu garder sa concentration... et maîtriser sa vessie !
"Je pensais que nous allions repartir, alors j'ai simplement attendu dans la voiture", explique-t-il. "Mais j'avais vraiment besoin de faire pipi ! Après environ 15 minutes, j'y suis allé. Ensuite, tout s'est résumé à attendre, attendre, attendre. Je ne savais pas quand la course allait repartir et j'étais prêt. Mais être prêt et ne rien pouvoir faire, c'est très dur mentalement. Cela demande beaucoup d'énergie. C'était vraiment frustrant parce que je voulais vraiment retourner sur la piste pour finir le travail."
Ce succès, aussi beau soit-il pour le pilote tricolore, se traduit par l'attribution de la moitié des points, car moins de 75% de la distance totale a été parcourue. Vainqueur pour la première fois depuis le week-end du Grand Prix d'Espagne en ouverture du championnat 2018 de GP3, Alesi peine à prendre conscience de la "récompense" d'un triomphe en Super Formula.
"Plus j'y pense, plus je me dis : 'Wow'. Je suis tellement heureux et reconnaissant pour tout le travail accompli par l'équipe, surtout si l'on regarde les dernières années où cela n'a pas toujours été facile", admet-il. "Ce n'est pas seulement un accomplissement mais une énorme récompense pour tout ce que j'ai vécu. Indépendamment de ce que l'on peut voir de l'extérieur, ça n'a pas été facile. Le fait que l'on me donne une chance et de faire ce que nous avons fait ce week-end, c'est incroyable."
Remplaçant de luxe de Kazuki Nakajima, pris par des obligations avec Toyota en Championnat du monde d'Endurance, Giuliano Alesi devait initialement disputer le championnat de Super Formula Lights, l'équivalent de la Formule 3 nippone. Aujourd'hui, le voilà vainqueur dans la catégorie supérieure ! Avec cette victoire à Autopolis, le Français vient-il de prouver qu'il a les qualités requises pour faire le grand saut et disputer une saison complète en Super Formula ? L'intéressé n'est pas de cet avis néanmoins.
"Pour être honnête, je ne pense pas que j'aurais été autant prêt si je n'avais pas couru en Super Formula Lights", estime Alesi. "En venant de la Formule 2, l'objectif naturel est de rester à un même niveau de puissance. Mais on m'a conseillé de ne pas commencer par la Super Formula parce qu'il n'y a pas beaucoup d'essais. En matière d'apprentissage, cela n'aurait pas été le meilleur choix."
"TOM'S m'a donné l'opportunité de faire de la Super Formula Lights, je l'ai saisie et j'ai décidé de considérer cette année comme une année d'apprentissage pour gagner en expérience et faire autant de tours que possible. Parce que j'ai toujours roulé dans des catégories où l'on n'a pas le luxe de faire beaucoup de kilomètres [en essais] et parce que je n'ai jamais pris part à plus d'un championnat par an. Je pense que cela a vraiment eu un impact sur ma progression en tant que pilote. Je me suis concentré sur moi-même, j'ai travaillé avec l'équipe et cela porte déjà ses fruits. Je me sens vraiment heureux."
On peut alors se demander si la vente de la Ferrari F40 de Jean Alesi pour soutenir la saison 2020 de son fils en Formule 2, ce qui a fait beaucoup parler, était réellement nécessaire... D'après Giuliano, il n'y a pas besoin de remettre en question son aventure en Formule 2, le soutien de son père dans l'antichambre de la Formule 1 l'ayant aidé à "grandir". L'espoir français précise également qu'il y aura très bientôt un retour sur investissement.
"En parlant à mon père, il m'a dit qu'il était heureux d'avoir vendu [la F40]. Il m'a dit que son investissement [en Formule 2] avait fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Et cela ne sera jamais perdu car c'est l'expérience accumulée, à la fois bonne et mauvaise, qui m'a fait grandir et m'a donné une mentalité différente. Cela a fait de moi un travailleur beaucoup plus humble. Cet investissement sera donc récompensé au cours des 30 prochaines années de ma carrière."
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