Interview

La culture du résultat, unique obligation d'Alpine

À un mois des premiers essais officiels, et deux mois du début de la Super Saison du WEC, Motorsport.com fait le point avec Philippe Sinault sur le programme Alpine en Endurance. Toujours engagée en LMP2, la marque conserve des ambitions élevées.

#36 Signatech Alpine A470 Gibson : Gustavo Menezes, Romain Dumas, Matt Rao

#36 Signatech Alpine A470 Gibson : Gustavo Menezes, Romain Dumas, Matt Rao

Marc Fleury

Alpine engagera cette année un prototype LMP2 en Championnat du monde d'Endurance – et donc aux 24 Heures du Mans –, avec un équipage renouvelé. Capitaine de route du trio, Nicolas Lapierre sera épaulé par André Negrão, tandis que Pierre Thiriet a rejoint l'équipe. 

Alpine s'appuie à nouveau sur la structure Signatech dirigée par Philippe Sinault, qui a dressé avec nous les objectifs à court et moyen terme de l'équipe tricolore. 

Quels sont les objectifs d'Alpine pour cette Super Saison en WEC ?

Gagner ! Je crois que l'on n'a pas le droit de dire autre chose quand on a un équipage de cette qualité-là, et puis au regard de la fin de saison dernière. On était sur une bonne dynamique, on a su recréer un très bel équipage, et je crois sincèrement que l'on a de quoi – si ce n'est gagner, car ça peut paraître prétentieux – jouer aux avant-postes. C'est en tout cas notre ambition.

Podium LMP2 : les vainqueurs #36 Signatech Alpine A460: Gustavo Menezes, Nicolas Lapierre, Stéphane Richelmi avec Philippe Sinault, directeur Signatech Alpine

Était-ce une évidence de n'aligner qu'une seule voiture cette année ?

Ce n'était pas une évidence. Bien évidemment, on aurait préféré aligner deux voitures, mais avec ce nouveau format de Super Saison, notre choix était de bien concentrer nos moyens à la fois humains et financiers sur une seule voiture. À un moment, on s'est dit que l'on aimerait bien engager quand même une deuxième voiture au Mans, mais le fait qu'il y ait énormément de dossiers fait que les organisateurs ont privilégié les candidatures qui se positionnaient sur un championnat complet, donc nous n'étions plus éligibles directement avec cette deuxième voiture. On a donc préféré se concentrer sur une seule auto.

Le line-up paraît très fort. Est-ce que l'arrivée de Pierre Thiriet est une valeur ajoutée pour l'équipe ?

Le fait d'accueillir Pierre Thiriet comme pilote Silver chez nous est bien évidemment une bonne nouvelle. La réglementation en LMP2, je le rappelle, nous oblige à avoir un pilote catégorisé Silver dans l'équipage. Pierre Thiriet a une énorme expérience, ça fait plusieurs années que l'on discute de l'opportunité de travailler ensemble. L'opportunité s'est présentée parce qu'André Negrão, notre pilote Silver, est passé Gold au regard de ses résultats de l'année passée, donc pour nous c'était une évidence de recontacter Pierre. On n'a pas eu besoin de discuter longtemps.

#36 Signatech Alpine A470 Gibson: Gustavo Menezes, Romain Dumas, Matt Rao

Une arrivée en LMP1 a-t-elle été envisagée par Alpine ?

C'est dans des périodes de révolution, comme ça a été le cas un petit peu l'été dernier, que l'on considère les sujets. Beaucoup de choses ont changé, l'ACO et les organisateurs du WEC ont reconsidéré le format de la catégorie LMP1. La priorité de la marque, sans parler en son nom officiellement, mais je crois, c'est de sortir une voiture de route de qualité, et de livrer les premiers clients. C'est vraiment leur priorité sur l'année 2018. On a considéré le sujet tous ensemble et on a décidé que ce n'était pas opportun pour 2018. C'est pour cette raison que l'on est repartis en LMP2.

Il y a un regard bienveillant qui s'est porté sur le retour d'Alpine.

Philippe Sinault

L'A110 est entrée en production. Est-ce que le statut d'Alpine vis-à-vis de la réglementation du WEC va changer ?

Depuis le départ, depuis le retour en compétition de la marque Alpine en Endurance en 2013, il y a un regard bienveillant qui s'est porté sur ce retour. Il y a une très forte valeur affective par rapport au fait qu'Alpine soit revenu en Endurance. Le fait d'avoir pu conserver l'appellation Alpine est un caractère un peu exceptionnel, mais je pense que tout le monde a vu que c'était gagnant-gagnant, à la fois pour les organisateurs et bien évidemment pour nous. Personne n'a constaté de différence de moyens consacrés à l'exploitation des véhicules en LMP2, ce qui aurait pu être imaginé quand on dit : "Tiens, il y a un constructeur en LMP2". Tout se passe de façon saine et avec une grande sérénité. L'ACO accepte l'idée que l'on puisse continuer, parce que c'est l'intérêt aussi pour les organisateurs d'avoir la marque Alpine, et la communauté Alpine également présente au Mans pour suivre nos résultats.

À plus long terme, un passage par le LMP1 est-il obligatoire pour Alpine ?

Non, il n'y a rien d'obligatoire, et un passage en LMP1 encore moins. Ce qu'il faut, c'est être intelligent, s'adapter, bien discuter avec les gens et les acteurs qui font notre championnat, puis voir quel est l'intérêt de chacun. Aujourd'hui, Alpine est un constructeur qui a amorcé une très belle renaissance ; il y a des moyens à mettre en face pour communiquer via la compétition, qui est vraiment l'ADN de la marque. Peut-être qu'un jour il y aura des moyens qui permettront d'aller en LMP1, mais aujourd'hui les moyens sont concentrés sur le LMP2, la naissance de la Cup et la production de la GT4. C'est déjà beaucoup pour un constructeur qui revient. Il n'y a aucune obligation, il y a juste la culture de la performance et du résultat, et on verra ce que nous dicte l'avenir.

Alpine A110 GT4

Quel est le point de vue d'Alpine sur l'attribution d'un joker technique à d'autres constructeurs LMP2, alors que l'équipe utilise des ORECA 07 rebadgées ?

Cette histoire de joker attribué aux constructeurs LMP2 pour rattraper – je mets des guillemets – "un retard", est assez compliqué. Normalement, il n'existe pas de BoP dans la catégorie LMP2. Malgré tout, on a constaté que certains constructeurs avaient tiré à côté de la cible : je prends l'exemple de Riley, ça semblait être une évidence qu'il fallait revoir la copie. Quant aux autres, je suis assez mal placé car je suis très concerné mais je suis compétiteur avant tout, j'aurais tendance à dire que tout le monde a eu le même cahier des charges. Certains ont mieux réussi que d'autres. Je fais confiance aux instances sportives, c'est peut-être un peu démago de dire ça mais c'est vraiment le cas, car quand on voit ce qui se passe en GTE, ce qui s'est passé en LMP1 ces dernières années, la lutte a été fantastique dans toutes les catégories. Des jokers ont été accordés à deux constructeurs, Ligier et Dallara, on verra. Je leur fais confiance, et de toute façon la valeur référence c'est l'ORECA. Tant qu'ils ne dépassent pas l'ORECA, ça me va !

Propos recueillis par Yann Lethuillier

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