Chronique
WEC Spa-Francorchamps

Chronique Tristan Gommendy - De la baston à très, très haut niveau !

Dans sa première chronique pour Motorsport.com, Tristan Gommendy, pilote du Jackie Chan DC Racing By Jota dans la catégorie LMP2 du FIA WEC, revient sur une bagarre intense au sein du peloton lors des 6 Heures de Spa-Francorchamps.

#37 Jackie Chan DC Racing Oreca 07 - Gibson : David Cheng, Alex Brundle, Tristan Gommendy, #38 Jackie Chan DC Racing Oreca 07 - Gibson : Ho-Pin Tung, Oliver Jarvis, Thomas Laurent

Pour débuter le week-end, les essais libres ont été positifs au sein du Jackie Chan DC Racing. Dès le début, on s'est concentrés principalement sur l'endurance des pneus, car on savait qu'on allait avoir une dégradation importante en course. C'est une des particularités de Spa et on s'est concentrés là-dessus, peut-être un peu trop d’ailleurs ! On s'en est aperçu en qualifs, où un set-up qui était un peu conservateur sur les pneus ne nous a pas permis d'exploiter leur potentiel. Du coup, les qualifications n'ont pas été une bonne surprise, et on s'est retrouvés assez loin, pas au niveau de performance que l'on souhaitait. On doit encore analyser la chose, car il y a forcément un juste milieu à trouver.

Pour la course, il était prévu que je prenne le départ. Forcément, quand on part dans le peloton, c'est toujours un peu délicat. Quand on prend le départ en LMP2, on se retrouve avec des pilotes comme Vergne, Senna, Piquet, Dumas, Collard… C'est du très, très haut niveau et c'est très agréable. Ce n'est pas évident en piste, mais on a affaire à des gens extrêmement rapides et professionnels, donc ça fait des bastons assez exceptionnelles !

Tristan Gommendy, Jackie Chan DC Racing et Alex Brundle, Jackie Chan DC Racing

J'ai fait attention, et puis après quelques tours, j'ai vu que le rythme devant était prenable malgré un problème de boite de vitesses apparu dès le début course. Je me suis mis en ordre de marche pour attaquer et remonter. Le rythme en course était excellent : on a réussi à régler la voiture pour qu'elle soit assez conservatrice sur les pneus, et au fur et à mesure de mon double relais, on est remontés de huitièmes à deuxièmes.

Musclé mais sportif !

Il y a eu quelques passes d'armes assez musclées avec quelques concurrents. Je n'avais pas le choix, il fallait que je remonte : j'ai dû passer Piquet, Dumas, Vergne, Rusinov, et ça ne peut pas se faire simplement ! Notamment avec Jean-Éric Vergne. Je n'ai pas revu les images, et quand on est pris en course, on ne se rappelle pas forcément de tout car on improvise. À vrai dire, je ne savais pas que c'était Jean-Éric, je suis remonté sur la Manor, mais ma LMP2 n'avait pas une excellente vitesse de pointe, donc c'était très difficile de pouvoir l'attaquer à l'aspiration en ligne droite… Il me fallait forcément être un peu plus offensif dans le deuxième secteur pour trouver l'ouverture.

Une fois ou deux, je me suis porté aux côtés de Jean-Éric Vergne, mais on était très limite tous les deux. Je n'ai pas réussi à le passer la première fois. La deuxième fois, dans le long virage 8 à droite après les Combes, on est allés un petit peu au contact, involontairement, que ce soit de sa part ou de la mienne. Il est allé chercher sa trajectoire un peu plus loin, j'ai vu une ouverture, mais ça s'est refermé un peu… on s'est touchés, mais c'était vraiment léger. J'ai essayé de trouver l'ouverture dans un trou de souris, et finalement j'ai réussi à le prendre par l'extérieur dans le gauche suivant. C'était musclé, mais je pense que nous avons tous les deux apprécié la bagarre en piste !

J'ai passé le relais à Alex Brundle, et un peu avant la mi-course, on était en tête ! C'était un peu l'objectif inavoué : être capables de montrer notre niveau de performance, que l'on n'avait pas pu montrer à Silverstone.

Tristan Gommendy, Jackie Chan DC Racing, entre dans la #37 Jackie Chan DC Racing Oreca 07 - Gibson : David Cheng, Alex Brundle, Tristan Gommendy

Ensuite, on a changé un peu les plans. David Cheng devait faire les derniers relais, mais on a finalement décalé cette stratégie car il y avait une forte probabilité de pluie vers 17h. On lui a donné la voiture un peu plus tôt et pris le moins de risques possibles. David a fait son maximum. Il avait assez peu roulé aux essais, donc ça n'était pas évident pour lui de se mettre dans le rythme. Il n'a pas fait d'erreur et fait son roulage sans encombre. Il est évident que David est un vrai "Silver" ; il continue d'apprivoiser cette nouvelle auto, qui est une machine très performante, donc ce n'est pas forcément évident. Il lui faut encore l'appréhender et voir où sont les limites de l'auto et il s’améliore chaque course un peu plus.

Coup de chaud dans le Raidillon

Nous étions cinquièmes quand j'ai repris le volant. L'objectif était évidemment d'essayer de remonter, même si ça n'allait pas être évident. La voiture était bonne, mais c'est vrai qu'elle a toujours été très délicate dans le Raidillon, assez instable. Il y a eu ce coup de raquette. Je n'ai absolument pas essayé de passer à fond, je n'ai pas eu l'impression de faire une quelconque erreur, je n'ai pas essayé de passer plus vite qu'avant. On était en train de faire les meilleurs temps en course, parce que l'auto était bonne dans le deuxième secteur.

Mais c'est vrai qu'elle a pris un gros coup de raquette dans le droite du Raidillon, suffisamment important pour que je ne parvienne pas à la récupérer. On s'en sort plutôt bien, car j'ai fait le maximum pour ne pas que l'auto parte à gauche du Raidillon, où ça fait généralement beaucoup de dégâts, aussi bien mécaniques que humains. Le contact n'a pas été très important, on a pu changer le bloc arrière et repartir. C'est dommage, mais d'un autre côté, on est extrêmement chanceux… Quand on sort dans le Raidillon, habituellement, ça se passe mal…

On a terminé la course sans plus pouvoir espérer de podium. Mais le bilan est très positif, c'est une certitude. Excellent niveau de performance, on a pris la tête en partant huitièmes, en l'espace de deux heures. Vu le niveau qu'il y a en Championnat du monde, on peut être satisfaits de ça. Il y a vraiment beaucoup de positif. Il y a aussi encore beaucoup de travail à faire car on n'a pas encore les clés pour tout. Quelques essais sont prévus prochainement avec le Jackie Chan DC Racing, et on va pouvoir travailler pour préparer les 24 Heures du Mans.

Tristan Gommendy, Jackie Chan DC Racing

Nous savons très bien que l'on souffrira du fait qu'en face, il y a des équipages qui sont très forts et très homogènes. Cette course à Spa a démontré que les choses évoluent positivement, que l'on était en mesure de mener. Il n'y avait pas tant de candidats à la victoire, et on en faisait partie. C'était un immense plaisir.

Tout le monde chez ORECA soutient très bien ses équipes clientes, avec une immense réactivité. Dunlop a également fait du très bon travail. Les pneus avaient une dégradation que l'on connaissait, ils se sont comportés comme on l'attendait et correctement.

De l'animation dans le trafic

Il y a eu de très, très belles bagarres entre Ferrari et Ford, et parfois même entre voitures sœurs. C'est ce qui montre que le niveau en GT est aussi exceptionnel. Personne ne veut rien lâcher. C'est parfois un peu perturbant quand on voit les deux voitures d'une même équipe ne pas se faire de cadeau !

Dans le trafic, je n'ai pas eu de souci avec les GT. L'ensemble des P2 a été respectueux des GT, et les GT ont fait aussi le maximum pour que notre cohabitation se passe bien. Il y a des moments forcément un peu plus délicats avec les LMP1, lorsque nous-mêmes on est en train de dépasser des GT et que les LMP1 cherchent l'ouverture. C'est parfois un peu chaud, mais on ne peut rien y faire, c'est comme ça ! Il y a eu beaucoup de bagarres, mais toujours sportives à mon sens, toujours à la limite et très belles à voir.

Enfin, je suis content pour Toyota de les voir revenir à ce niveau-là en Championnat du monde et d'avoir eu encore une fois le dernier mot à Spa. Au Mans, avec le kit aéro, les choses peuvent néanmoins changer. Il n'est pas certain de voir la même hiérarchie, ce sera très intéressant avec une course très serrée. On peut difficilement rêver mieux comme duel en LMP1, avec des voitures aussi proches malgré des systèmes et des choix techniques aussi différents. 

#37 DC Racing Oreca 07 Gibson: David Cheng, Alex Brundle, Tristan Gommendy

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Chronique Timo Bernhard - Une solide répétition pour Le Mans
Article suivant Perrinn rejoindra le WEC l'an prochain avec son prototype LMP1

Meilleurs commentaires

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Édition

France France