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Édito - Toyota n'aura aucune excuse !

Le coup d'envoi de la sixième saison du Championnat du monde d'Endurance a lieu ce week-end. Serait-ce la saison de tous les dangers pour Toyota ?

#8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050 Hybrid: Anthony Davidson, Nicolas Lapierre, Kazuki Nakajima

Photo de: Erik Junius

"La pression, bien sûr, on en a beaucoup cette année." C'est par ces mots que Pascal Vasselon admet le défi énorme auquel fait face Toyota cette année. Le directeur technique du constructeur japonais relativise aussi ce poids, en précisant qu'il faut s'y "attacher" et "l'accepter". Et s'il assure que "chaque année est très importante", on ne peut s'empêcher de croire que le millésime 2017 comptera peut-être plus qu'aucun autre pour le programme LMP1 de Toyota.

Inutile, sans doute, de revenir ici sur le scénario incroyable des 24 Heures du Mans 2016, sur les larmes qui ont coulé à flot dans le clan nippon, sur ce sort qui s'acharne historiquement et qui a de nouveau privé la marque d'un succès dans la Sarthe. Les images ont parlé d'elles-mêmes, la capacité de rebond de l'équipe aussi, avec une victoire quelques mois plus tard à Fuji. Certes, rien n'égale le Graal du Mans, mais il fallait tout de même le faire.

Quelques mois plus tard, Toyota est toujours engagé en LMP1, plus que jamais, avec une volonté forte : remporter enfin ces 24 Heures du Mans qui pourraient lui paraître maudites. "On ne va pas aller au Mans en étant terrifiés de quoi que ce soit", relativise Vasselon. "On n'a pas à être stressés, on n'a pas à être anxieux. Il faut se dire que l'on s'est mis dans les meilleures circonstances. De l'extérieur, ça peut nous mettre sous pression, mais on est toujours sous pression quand on est au Mans."

L'alignement des astres 

Le décor sportif est planté, encore faut-il que la technique suive. Pour y parvenir, Toyota n'a pas déployé de budget plus important que l'an dernier, mais a fait évoluer sa stratégie. Voici donc venu le temps de la troisième voiture pour Le Mans, pour augmenter mathématiquement les chances de victoire, mais en conservant le même niveau de ressources. D'autant qu'il n'y aura plus deux adversaires, mais un seul, Audi laissant Porsche défendre seul les couleurs allemandes dans la discipline.

#8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050 Hybrid: Anthony Davidson, Nicolas Lapierre, Kazuki Nakajima

Chaque année depuis son retour en 2012, Toyota a évalué la possibilité d'aligner trois voitures dans la Sarthe. Et chaque année, la conclusion a été la même : le faire aurait compromis le développement du prototype conçu à Cologne et propulsé par un bloc moteur fabriqué au Japon. Pour 2017, les astres se sont alignés, légèrement poussés, sans aucun doute, par les déboires de l'an passé. "Cette année, on s'est dit qu'on avait les circonstances pour que les ressources nécessaires à la troisième voiture ne compromettent pas significativement notre niveau de performance", souligne Vasselon. "On a suivi le même processus [qu'en 2014], avec simplement un peu plus de force aux évidences, et puis ces circonstances qui, techniquement, rendaient les choses plus faisables." 

En plus de la perte d'une victoire annoncée, aussi bien en 2014 qu'en 2016, Toyota a en effet profité de la stabilité réglementaire qui va durer jusqu'en 2019. Une date annoncée comme celle d'un engagement ferme de la part du constructeur en LMP1 par Rob Leupen, team manager de l'équipe, mais qui n'a rien d'évident. Car selon Vasselon, le programme est "rediscuté chaque année, c'est le principe". L'étonnante dissonance dans la communication mise de côté, il n'est de toute façon pas encore question d'évoquer l'avenir, mais bien de réussir le présent. Cela passe par un succès au Mans et une campagne réussie en WEC, qui s'ouvre ce week-end à Silverstone.

On peut bien sûr admettre que c'est un peu forcer le trait que de dire que Toyota n'a pas le droit de se louper cette année. Nul ne sait quelle serait la réaction des grands dirigeants de la firme nippone en cas de nouvel échec, ni en cas de victoire d'ailleurs. Vasselon, lui, assure qu'il n'y a "absolument pas ce genre de raisonnement", qui tendrait à imaginer un arrêt du programme en cas de couronne de lauriers enfin décrochée au Mans. Officiellement, Toyota vise à la fois Le Mans et le championnat, mais il ne fait aucun doute que remplir uniquement le premier objectif serait suffisant pour baigner dans le bonheur. 

Le LMP1 réduit à un duel… magique ?

Ce à quoi il faut se cantonner pour le moment, ce sont les faits. Certes, Porsche est un concurrent absolument redoutable, aux moyens énormes et à la capacité de réaction phénoménale, dont le palmarès accumulé depuis 2014 est sans équivoque, avec deux victoires au Mans et deux titres mondiaux en trois ans. Mais Toyota n'a probablement jamais eu une si belle occasion depuis bien longtemps. Car de match à trois il n'est plus question, et en y ajoutant la donnée mathématique d'une troisième voiture, les chances sur le papier grandissent.

#1 Porsche Team Porsche 919 Hybrid: Neel Jani, Andre Lotterer, Nick Tandy, #7 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050 Hybrid: Mike Conway, Kamui Kobayashi, Yuji Kunimoto

La situation de duel, Toyota l'a déjà connue avant le retour de Porsche. Mais c'était face à une armada Audi qui avait encore un temps d'avance, et au début de son programme qui n'était évidemment pas aussi solide qu'il ne l'est aujourd'hui. Cette fois-ci, pour la première fois, la balance d'avant-saison paraît pencher légèrement de son côté, même s'il faut que la piste le confirme. "C'est fantastique pour nous, on est en duel avec Porsche. Et Le Mans, et l'Endurance, ont vécu de nombreuses années fantastiques avec des duels", se réjouit Vasselon à l'avance.

Le duel fantastique, c'est ce que tout fan d'Endurance aspire à voir. Ne nous leurrons pas, le retrait d'Audi n'a pas été une bonne nouvelle et le plateau réduit du LMP1 est moins vendeur que ces dernières saisons. Aussi, Silverstone devra apporter la première des réponses : confirmer que l'écart de performance entre les deux constructeurs protagonistes est bel et bien serré, comme l'a laissé penser le Prologue de Monza. Si ce n'est pas le cas, et qu'une marque domine, la saison sera longue, même si Le Mans, au milieu, sera toujours à part. 

Pour Toyota, peu importe le scénario, tant qu'il se transforme en victoire. Mais du côté de Stuttgart, personne n'a l'intention de laisser la place à l'alternance !

Yuji Kunimoto, Toyota Gazoo Racing

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