Interview

Simulateur, équipe, pilotes : où en est Peugeot ?

L'ère de l'Hypercar s'est ouverte aux 24 Heures du Mans par la victoire de Toyota. Désormais, la concurrence est attendue et beaucoup de regards sont tournés vers Peugeot, dont l'arrivée est programmée pour 2022. Nous avons rencontré Jean-Marc Finot, directeur de Stellantis Motorsport, pour faire un point complet.

Peugeot Hypercar 9X8

Photo de: Peugeot Sport

Jean-Marc Finot, que pouvez-vous nous dire sur l'avancée du projet autour de la 9X8 ?

La voiture va rouler en 2022. La réglementation a une particularité, c'est que dès que la voiture est homologuée, elle est gelée pour cinq ans. On peut faire quelques évolutions. Donc on veut être sûr qu'au moment où on va la geler, elle soit parfaitement fiable et au niveau de performance. On va commencer à rouler en décembre, et c'est début 2022 que l'on aura la visibilité sur la nécessité de faire des reconceptions ou pas. En fonction de la convergence, on précisera la date d'arrivée. Ce sera en 2022, mais aujourd'hui on ne sait pas dire précisément quel mois.

En termes de développement, l'aérodynamique est figée. On est en train de faire les tests d'endurance sur le moteur thermique, et on va les commencer sur le moteur électrique à la rentrée. On va assembler l'ensemble moteur thermique-électrique sur un nouveau banc quatre roues motrices pour faire toutes les validations du groupe motopropulseur. Une fois validé, on le mettra dans la voiture pour faire les tests en décembre. On a vraiment une démarche de validation : on valide l'organe, on valide le système et on valide ensuite dans la voiture. Comme ça, une fois mis dans la voiture, on n'est plus en train de tester les défauts de l'organe mais vraiment son interface avec la voiture. C'est un moyen de gagner du temps.

À ce stade du projet, en quoi consiste le travail mené avec les pilotes ?

Avec les pilotes il y a le "team building", la mise en forme, et on fait beaucoup de développement au simulateur. On a fait un copier-coller du simulateur de Formule E et on capitalise sur l'expérience déjà acquise. On ne peut pas utiliser le même pour des questions de charge, car il y a tellement de besoins qu'il en faut un par programme. Après avoir développé le simulateur, on développe maintenant la voiture dessus. Les pilotes font déjà régulièrement des essais pour tester les suspensions, l'équilibre aérodynamique, les diamètres de barre antiroulis, les tarages d'amortisseur, etc. On est déjà en phase opérationnelle de développement sur le simulateur. Même nous, on est impressionné de voir tout ce que l'on peut dégrossir, déverminer et même définir avec un outil pareil avant même de rouler avec la voiture.

Ce qui vous impressionne est-il lié au temps qui peut être gagné ou à l'efficacité ?

Je vous répondrai précisément quand la voiture roulera ! C'est un outil vraiment indispensable et on se demande comment on faisait pour travailler sans. Ça a une telle puissance en termes de caractérisation des performances de la voiture, c'est impressionnant. Je l'ai moi-même essayé pour me rendre compte : d'abord c'est du plaisir, mais vous êtes depuis deux minutes dedans et vous avez complètement oublié que vous êtes dans un simulateur, vous avez l'impression d'être sur la piste.

Ces simulations se font-elles plus particulièrement sur le circuit du Mans ?

Non, tous les circuits sont utilisés. Donc on a Le Mans, Silverstone, Monza, tous les circuits du programme, aussi bien de jour que de nuit. C'est assez impressionnant, c'est sympa à voir et à utiliser, mais c'est d'abord un excellent outil de développement.

Sur l'aspect plus opérationnel, où en êtes-vous de la constitution de l'équipe de course ?

Ce sera opérationnel en fin d'année. Le responsable sportif est Christian Deltombe, et le responsable technique est Olivier Jansonnie. C'est ce tandem-là qui fera fonctionner l'équipe et c'est Olivier qui sera à la tête des opérations.

La constitution des équipages est-elle toujours prévue pour début 2022 ?

Les équipages seront faits en fonction des roulages et des critères purement objectifs de gabarit, de choix de réglages, d'affinités et de complémentarité. On va rouler et on constituera les équipages en fonction de ce qui matche le mieux entre les personnes et les équipes. Tout sera orienté vers l'équipe et la performance. Pour faire nos choix de pilotes, on s'est attaché bien sûr à une certaine régularité dans la performance, à une homogénéité, mais aussi à la construction du team avec la complémentarité des personnes, des caractères pour faire une équipe soudée de gens qui ont envie de travailler ensemble. On n'a pas pris en compte l'aspect de la nationalité par exemple. C'est vraiment l'équipe et la performance.

Avez-vous déjà réfléchi au programme d'essais et aux pistes utilisées ?

Ce que je peux vous dire c'est que ce sera dans le sud de l'Europe puisqu'on commence en décembre, donc c'est plus raisonnable. On est dans les temps, mais on priorisera toujours la performance et la fiabilité par rapport au planning. Ou reculera d'une course ou deux si l'on veut être sûr que la voiture soit au niveau plutôt que de traîner un boulet pendant plusieurs années si on a fait quelque chose qui n'est pas conforme à nos attentes.

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