Que fait une équipe comme Porsche pendant le confinement ?
Comment une écurie d'usine d'envergure comme Porsche affronte-elle les conséquences du coronavirus ? Pascal Zurlinden, directeur des programmes sportifs de la marque, explique comment ses équipes en GT et Formule E tentent de rester productives pendant le confinement en Allemagne.
La pandémie de coronavirus a bouleversé la vie quotidienne dans de nombreux pays du monde et la majeure partie de l'Europe est actuellement sous cloche. En Allemagne, où plus de 85 000 cas de COVID-19 ont été confirmés – avec un taux de mortalité beaucoup plus faible que dans les pays voisins grâce à une politique de tests –, le confinement est prolongé au moins jusqu'au 19 avril.
Tous les championnats de sports mécaniques basés en Europe et pratiquement tous les événements sur le continent ont été annulés pour les deux prochains mois au minimum. Les équipes et les constructeurs doivent donc s'adapter et gérer une situation sans précédent. Comme l'explique Pascal Zurlinden, le quartier général de Porsche à Weissach reste ouvert à un petit groupe d'employés, tandis que la plupart des membres de l'équipe sont passés en télétravail.
"À Weissach, il y a environ 50 personnes", explique-t-il. "La plupart d'entre eux peuvent travailler de chez eux. Cela s'applique à presque tous les ingénieurs. Bien sûr, c'est un gros changement de travailler depuis chez soi. C'était une sorte de défi pour tout Porsche AG, pas seulement pour Porsche Motorsport, de tout basculer vers des réseaux privés virtuels. Ce n'est pas si simple lorsque tout le monde travaille en même temps via une connexion à distance. On apprend beaucoup, on apprend comment utiliser les systèmes informatiques de gestion, ce que l'on ne fait pas habituellement. Cela changera les choses pour Porsche, mais aussi pour le monde du travail en général."
Porsche s'efforce de poursuivre le développement des programmes en GT et en Formule E. L'année dernière, le constructeur allemand a fait débuter sa toute nouvelle 911 RSR-19 dans la catégorie GTE Pro du WEC, puis en IMSA quelques mois plus tard. La marque a également fait ses débuts en Formule E avec une équipe d'usine. Alors, même si les équipes de course ne peuvent pas être en compétition, Porsche n'est pas à court de choses à faire.
"Dans un programme d'usine, il se passe toujours quelque chose", souligne Pascal Zurlinden. "Nous sommes débutants en Formule E, nous continuons le développement pour la septième saison. Bien sûr, nous ne pouvons pas faire d'essais, mais les simulations nous permettent de réaliser énormément de travail de développement. Cela s'applique aussi à la RSR-19, qui est entrée en compétition l'été dernier. Nous profitons de cette pause pour analyser intensivement les données, au lieu d'apprendre en piste. Il y a au moins quelques personnes engagées dans chaque département. Tout le développement, que ce soit pour les véhicules de route ou de course, se poursuit entièrement. Il n'y a pas d'arrêt du développement."
Comme la plupart des autres entreprises, Porsche a dû prendre plusieurs mesures pour préserver ses emplois mais tient à éviter tout licenciement dans les semaines et mois à venir. Pascal Zurlinden ne s'attend pas non plus à des modifications de ses programmes existants.
"Pour l'instant, il n'y a pas de réductions définitives [de personnel] dans le programme sportif", assure-t-il. "Il y aura des tensions mais pas de réductions dans le programme sportif. Les licenciements ne sont pas notre objectif. Au bout du compte, nous sommes une famille et nous restons unis. Mais afin de maintenir notre budget sous contrôle, même lorsque des gens ont peu de choses à faire – comme en compétition client mais aussi en compétition d'usine – nous avons recours aux aides de l'État et nous optons pour une réduction du temps de travail."
La sortie de crise n'est pas encore à l'horizon et les plans provisoires pour reprendre la compétition plus tard dans l'année sont sans doute trop optimistes. Les 24 Heures du Mans ont été décalées de juin à septembre et les 6 Heures de Spa-Francorchamps replacées à la mi-août. "En l'état actuel des choses, il est presque impossible de dire quand nous reprendrons", prévient Pascal Zurlinden. "En Allemagne, la crise nous a frappés il y a seulement trois semaines. Les effets ne sont donc pas prévisibles. Chez Porsche Motorsport, nous ne regardons même pas en interne la manière dont les calendriers évoluent."
Il fait toutefois remarquer que, lorsque la pandémie sera sous contrôle, Porsche devrait être en mesure de reprendre la compétition rapidement : "Je pense que lorsque toutes les frontières seront ouvertes, que le trafic aérien reprendra et qu'une épreuve pourra avoir lieu, nous serons prêts à courir à nouveau en deux semaines".
Si un géant comme Porsche semble bien armé pour résister à la tempête, on ne peut pas en dire autant de ses équipes clientes, qui dépassent le millier à travers le monde. Le constructeur discute avec l'ensemble d'entre eux durant cette crise. "Nous avons 1234 clients", précise Pascal Zurlinden. "Nous sommes en contact avec tous nos clients pour voir comment ça se passe pour eux. La plupart d'entre eux sont affaiblis depuis deux ou trois semaines. Pour certains, c'est depuis un mois. Il est difficile de dire ce qui les attend encore."
Rejoignez la communauté Motorsport
Commentez cet articlePartager ou sauvegarder cet article
Meilleurs commentaires
Abonnez-vous pour accéder aux articles de Motorsport.com avec votre bloqueur de publicité.
De la Formule 1 au MotoGP, nous couvrons les plus grands championnats depuis les circuits parce que nous aimons notre sport, tout comme vous. Afin de continuer à vous faire vivre les sports mécaniques de l'intérieur avec des experts du milieu, notre site Internet affiche de la publicité. Nous souhaitons néanmoins vous donner la possibilité de profiter du site sans publicité et sans tracking, avec votre logiciel adblocker.