Lotterer et Rebellion espèrent éviter un "one-man-show" Toyota

B.D., Spa-Francorchamps – De passeport allemand mais ayant grandi en Belgique, c'est en local de l'étape qu'André Lotterer débute sa nouvelle aventure ce week-end. Contraint de migrer chez Porsche l'an passé suite au départ d'Audi, le triple vainqueur des 24 Heures du Mans a subi la même déconvenue en fin de saison dernière au moment de l'arrêt du programme LMP1 du côté de Stuttgart. Mais c'est toujours dans la plus haute catégorie qu'il rebondit, puisqu'il a rejoint Rebellion Racing, de retour en P1 privé avec une auto conçue par ORECA.

Sur la R13 frappée du numéro 1 – laissé vacant par Porsche mais accordé à Rebellion suite à son titre décroché l'an passé en LMP2 – Lotterer forme un équipage redoutable et redouté, aux côtés de Neel Jani, lui aussi transfuge de Porsche, et de Bruno Senna. Dans une catégorie dont le paysage a profondément changé en l'espace de quelques mois, c'est presque une nouvelle vie dans la voiture comme en dehors.

Au volant, plus de systèmes hybrides, et donc adieu les nombreuses complexités qui y sont liées. Bien entendu, Toyota fait figure de favori, si ce n'est d'épouvantail, avec ses TS050 à la technologie surdéveloppée, mais Lotterer voit la face la plus belle dans sa nouvelle aventure : le retour à des sensations de pilotage plus naturelles.

"Il y a beaucoup de différences dans le pilotage de la voiture [entre la R13 et la Porsche 919]", ne cache pas le pilote allemand. "La voiture a beaucoup d'appui dans les virages, mais elle est surtout beaucoup plus simple car il n'y a pas tous les systèmes hybrides, la programmation qui va avec. On se concentre beaucoup plus sur des ajustements de réglages."

Des relais plus longs pour Toyota

Lors des premiers essais libres vendredi sur le toboggan des Ardennes, cette R13 a démontré, comme au Prologue, qu'elle était bien née, en plus de n'avoir pas rencontré d'ennui technique majeur jusqu'à présent. Une prouesse signée ORECA, qui s'est pourtant vu confier le projet relativement tardivement, et qui a terminé la seconde auto quelques jours seulement avant le premier rendez-vous de la saison.

L'avantage de performance reste du côté de Toyota, et une équipe comme Rebellion doit avant tout se montrer constante pour espérer ensuite aller cueillir quelque chose. La nouvelle EoT [Equivalence de Technologie] ajustée avant Spa est aussi passée par-là, et se paiera comptant en course pour les teams privés : les TS050 Hybrid devraient pouvoir boucler 19 tours par relais, quand les machines non hybrides seront contraintes de ravitailler après 17 tours. 

En dépit de ce contexte, Rebellion est là pour être dès que possible un empêcheur de tourner en rond. "La voiture est jeune, il faut l'améliorer, mais le potentiel est plutôt bon", souligne Lotterer. "J'espère que l'on va pouvoir vivre une belle bataille avec tout le monde et que ce ne sera pas juste un one-man show !" 

"Dans l'idée, c'est d'être assez proches l'un de l'autre mais de ne pas aller plus vite qu'eux [Toyota]. C'est ce qu'ils ont demandé. On va voir, espérer qu'il y ait des faits de course qui jouent en notre faveur."

Engagé dans un double programme puisqu'il évolue désormais en Formule E avec Techeetah, Lotterer peut au moins se réjouir de connaître une transition facile d'un week-end à l'autre puisque, par coïncidence comme il l'annonce lui-même, il retrouve dans les deux teams le même ingénieur de course, Fabrice Roussel.