Technologie, défi humain, communication : le savant mélange du WEC
Avec déjà quatre saisons complètes derrière lui, le FIA WEC peut se féliciter d’avoir réussi son pari en s’installant dans le paysage des Championnats du Monde qui comptent en sport automobile.
Photo de: Adrenal Media
Ce qu’ont réussi à faire les promoteurs du championnat, c’est mettre en place une série qui représente un intérêt technologique et marketing pour les grands constructeurs, tout en conservant l’accessibilité nécessaire pour les nombreuses équipes indépendantes qui font le cœur de l’Endurance depuis des dizaines d’années. Le tout en articulant la discipline autour d’un rendez-vous aussi incontournable que les 24 Heures du Mans.
A l’heure où la réduction des coûts dans toutes les disciplines engendre de grosses réflexions avant le lancement de tout programme d’usine, le WEC a réussi son pari en comptant dans ses rangs pas moins de trois constructeurs pleinement impliqués. Tout juste faut-il exclure de l’équation le quatrième nom qui n’aura été que de passage, avec le fiasco du programme LMP1 de Nissan, qui reposait essentiellement sur un désir de communiquer à outrance hors de la piste…
Offrir le bon outil aux constructeurs
Pour son directeur Gérard Neveu, le WEC a réussi à proposer un terrain de jeu idéal qui permette aux constructeurs de retrouver les ingrédients nécessaires pour nourrir leurs stratégies globales. Historiquement, le lien entre la piste et la route a toujours été primordial en Endurance. Aujourd’hui, c’est d’autant plus vrai, tout en pouvant proposer plusieurs approches qui attirent les constructeurs.
"L’idée depuis le début, quand la FIA et l’ACO ont relancé le Championnat du Monde, c’est : comment pouvons-nous fournir une plateforme pour les constructeurs qui assure qu’ils puissent faire de la recherche et du développement, qu’ils démontrent et préparent la voiture du futur, et montrent également qu’il y a un lien direct avec la voiture en question?", rappelle Gérard Neveu. "Au début c’est toujours très difficile de démontrer des choses, mais après deux ans c’est facile. Nous en avons eu le parfait exemple avec Audi et le diesel, et c’est très intéressant de voir que maintenant, nous faisons pareil avec la technologie hybride avec des marques célèbres comme Porsche, Toyota, Audi…"
La force du WEC selon ses dirigeants est donc de pouvoir proposer à la fois un laboratoire grandeur nature à ses concurrents, mais également une plateforme efficace pour communiquer. Deux aspects qui se fondent ou se confondent sans pour autant nuire à la nature première de la discipline : la course et le défi humain.
"C’est un mélange [de laboratoire et de publicité] car c’est un compromis entre tous les objectifs différents des constructeurs", précise Neveu. "Quand nous préparons les règlements de demain - car chaque année on pense à quelque chose pour les deux ou trois années à venir - nous avons toujours des discussions avec des spécialistes issus des différents départements des constructeurs pour leur demander : que recherchez vous pour l’avenir? Où devons-nous aller si nous voulons continuer comme ça?"
Préserver le défi sportif
Néanmoins, l’implication directe des constructeurs, fréquemment consultés comme ce peut être le cas en vue de l’élaboration des règles de la catégorie LMP1 pour 2017 ou au-delà, ne doit pas empêcher les nombreuses équipes privées d’exister et de pouvoir garnir un plateau où elles sont toujours hautement considérées.
"Nous faisons du sport automobile avant tout", insiste Neveu. "Cela veut donc dire que nous devons garder le défi de la performance, nous assurer qu’il y a aussi une performance humaine, avec des pilotes et des mécaniciens. En Endurance particulièrement, pour la stabilité de ce championnat, nous devons garder l’équilibre entre les constructeurs qui ont la capacité de dépenser un certain budget et les équipes privées qui peuvent vivre leur rêve mais avec un budget raisonnable ; nous devons nous assurer de toujours garantir la présence de quelqu’un autour de la table, que la famille soit toujours au complet."
"Si l’on met nos oeufs dans le même panier, si l’on fait tout avec les constructeurs, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Mais si l’on oublie l’idée de la recherche et du développement en sport automobile, de la nouvelle technologie, de mon point de vue nous perdons immédiatement la perspective d’avenir."
Garantir l’équilibre
Un désir de garder une communication et une implication franches est clairement mis en avant pour faciliter la gestion d’un championnat qui vit d’un plateau composé de quatre catégories au total : LMP1, LMP2, LMGTE Pro et LMGTE Am. Des classes au sein desquelles on peut également trouver des variations en raison des technologies différentes ou d’un règlement technique qui nécessite des ajustements pour assurer l’équilibre. Autant de points qui sont là aussi en permanence discutés.
"Il y a toujours - et c’est assurément la manière dont nous gérons le championnat et le processus que nous avons mis en place avec l’ACO - une consultation, une discussion ouverte, en permanence. Pour que cela soit pratique, nous avons mis en place des groupes de travail technique, sportif, marketing… Nous avons des groupes qui travaillent là-dessus."
"Ces groupes ont peut-être quatre ou cinq réunions par ans, et ils rédigent des résumés, des rapports. Quand ils sont prêts, ils introduisent des propositions pour de nouvelles règles ou des adaptations pour l’avenir, dont la Commission Endurance - où nous avons une sélection de 12 personnes de la FIA et de l’ACO mais également extérieures au monde de l’Endurance - discute avant de prendre des décisions."
Propos recueillis par Kate Walker.
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