Opinion

WEC et IMSA : vraie convergence, vraies possibilités !

La convergence permettant aux machines Le Mans Hypercar de courir en IMSA face aux LMDh à partir de 2023 pourrait offrir des options attrayantes non seulement aux constructeurs, mais aussi pour le calendrier et le format des courses.

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Richard Dole / Motorsport Images

Il y a 18 mois régnait un certain enthousiasme lorsque la future catégorie LMDh a été présentée en amont des 24 Heures de Daytona 2020. Il allait enfin y avoir un socle réglementaire commun entre le WEC et l'IMSA. Néanmoins, il n'existait pas de croisement entre les règlements plus spécifiques des deux championnats. Ainsi, à mes yeux, ce n'était pas une véritable convergence. Tout a changé il y a une dizaine de jours. 

La différence désormais, c'est que les LMH qui évoluent actuellement en WEC seront autorisés à courir en IMSA à partir de 2023, date à laquelle le LMDh fera son apparition. Il y a un an et demi, on se demandait réellement si ce serait le cas, non sans une certaine confusion. L'incertitude a été levée par une annonce commune de l'ACO, promoteur du WEC, et de l'IMSA. 

John Doonan, alors tout nouveau patron de l'IMSA, nous avait dit lors de la présentation du LMDh début 2020 que les Hypercars seraient les bienvenues dans son championnat. Très rapidement, il a fait marche arrière et, pendant des mois, on a attendu des précisions claires et définitives sur la question. 

Je ne dis pas qu'il est maintenant temps d'être euphorique, car le LMDh a fait le job. La possibilité pour un constructeur d'avoir un modèle de course pouvant courir dans deux championnats a incité Porsche et Audi à revenir au sommet de l'Endurance après une absence finalement assez courte. BMW va revenir aussi via le LMDh, après une parenthèse beaucoup plus longue. Le grand patron de la marque avait indiqué avant l'annonce que la dualité permise par le règlement LMDh était l'une des raisons pour lesquelles il évaluait sérieusement cette option, même si depuis, il apparaît que le programme sera dans un premier temps axé sur l'Amérique du Nord. 

La véritable convergence annoncée la semaine dernière pourrait attirer davantage de constructeurs, notamment ceux souhaitant concevoir une LMH et promouvoir leur propre technologie hybride dans deux championnats sans avoir à utiliser le système de récupération d'énergie standard du LMDh. Cependant, il pourrait y avoir d'autres portes ouvertes par cette nouveauté. 

Les constructeurs LMH déjà présents en WEC (Toyota et Glickenhaus) et ceux qui vont arriver (Peugeot et Ferrari), auront l'opportunité de participer à des courses en IMSA, et je pense surtout à Daytona. En tant que marque américaine, Glickenhaus a depuis longtemps fait part de sa volonté de courir sur le banking du Daytona International Speedway, et Toyota aimerait un jour faire de même. Ferrari n'a pas encore précisé sa position, mais on ne l'imagine pas rester à l'écart. Non seulement ils s'agit d'un acteur majeur de l'Endurance en Amérique du nord, mais en plus les États-Unis constituent le plus gros marché du constructeur italien. Peugeot, en revanche, est clairement focalisé sur le WEC puisque la marque ne vend pas de voitures sur le continent nord-américain. 

Mais s'ils devaient tous courir à Daytona ? Et si c'était une manche du WEC ? Une telle hypothèse aurait paru fantaisiste il y a quelques années encore. Désormais, les fondations sont posées pour voir l'épreuve américaine rejoindre le Championnat du monde, ce qui n'est pas arrivé depuis 1981. Avant cette date, Daytona était inscrit au calendrier mondial en début de saison, d'abord avec une course de 12 heures. 

La grille de Daytona s'est un peu réduite ces dernières années, mais il n'est pas certain pour autant que l'autoproclamé "World Center of Racing" puisse accueillir l'intégralité du plateau WEC en plus des concurrents habituels de l'IMSA. Pourquoi ne pas imaginer alors les catégories Hypercar et LMP2 du WEC, et uniquement elles, venir se joindre à la fête en janvier chaque année ? Je ne vois pas pourquoi chaque manche du WEC devrait se faire avec les quatre catégories. D'ailleurs, l'IMSA n'hésite pas à accommoder certaines situations : seuls les GT Le Mans et GT Daytona courront à Lime Rock ce week-end, par exemple. 

Il y a quelques années, lorsque l'avenir du DTM était flou,  j'ai défendu l'idée que le Norisring accueille une course GTE du WEC. À cette époque, le Championnat du monde cherchait une solution pour rendre plus attrayante la catégorie GTE Pro et envisageait à cet effet l'introduction d'une course qualificative plus courte. Cette idée a été mise de côté lorsque Porsche a annoncé son retrait du LMP1 en 2017 et qu'il a fallu aménager une solution de secours pour le championnat, nommée Super Saison. Mais je sais que mon idée du Norising avait suscité l'intérêt de certains dirigeants du WEC. 

Pierre Fillon, président de l'ACO, a indiqué que l'incorporation au calendrier WEC de certaines des grandes épreuves de l'IMSA était "à l'étude". Il n'a pas souhaité en dire davantage, tout en rappelant que "le diable est dans les détails". Il a évidemment raison sur ce point. Les règlements sportifs sont différents, la manière d'opérer dans les stands également, mais ça vaut le coup d'y réfléchir alors que l'Endurance s'apprête à entrer dans ce que nous pensons tous être un nouvel âge d'or. 

Sans manquer de respect à Spa ou à Silverstone, ce ne sont pas des événements à part entière mais seulement des manches d'un championnat. C'est là que réside le problème pour le WEC, championnat construit autour des 24 Heures du Mans, une course d'envergure internationale qui attire la foule. Le reste de la saison est quant à lui largement constitué de courses anodines et, pour la plupart, anonymes, qui n'attirent qu'un nombre limité de spectateurs.

Ajouter une deuxième course de 24 Heures au calendrier, qui plus est extra-européenne, augmenterait à coup sûr les dépenses. Mais selon moi il serait bien mieux de faire l'impasse sur deux courses de six heures afin de pouvoir en organiser une plus attrayante. Faire moins mais mieux, en quelque sorte. Le WEC a besoin d'un calendrier à la hauteur de la qualité et de la quantité des constructeurs qui seront là en 2023. Ce serait probablement un peu trop demander que de voir le WEC s'ouvrir à Daytona dès la première année du LMDh, mais je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas un ou deux ans plus tard. 

J'espère sincèrement qu'un jour, j'écrirai "24 Heures de Daytona, manche du Championnat du monde d'Endurance". 

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