Le tour du monde de Gabin Moreau : Espagne

Dans son habituelle chronique pour Motorsport.com, le copilote de Stéphane Lefebvre revient sur le Rallye de Catalogne qui a vu l'équipage français de Citroën obtenir un deuxième bon résultat de suite après celui de la Pologne.

La chronique de Gabin Moreau

La chronique de Gabin Moreau

À la base, nous allions en Espagne sans avoir de trop grandes prétentions car nous n'avions pas roulé depuis début juillet, avec Stéphane. Nous avions fait une journée de test mi-septembre avec la C3, sur la terre, pour préparer le rallye, mais nous n'avions pas roulé sur l'asphalte depuis la Corse, soit sept mois.

De plus, c'est un rallye que nous n'avions pour ainsi dire jamais couru ni l'un ni l'autre. L'année dernière, nous n'avions pas pu le faire à cause de notre accident quelques semaines auparavant en Allemagne. Un an plus tôt, Stéphane avait dû disputer quelque chose comme deux spéciales sur la terre, et n'avait donc jamais roulé sur l'asphalte. Quant à moi, je n'y avais pris part qu'en 2013 dans une Ford Fiesta R2... De plus, le parcours était à 75% le même que l'année dernière, avec encore 20% déjà courus dans le passé.

Nous voulions donc avant tout être dans le rythme de nos adversaires habituels. Sur asphalte, nous étions un peu devant Mads Østberg. Celui-ci étant très rapide sur la terre, c'était un peu plus compliqué mais nous avons pu nous rapprocher de gens comme Elfyn Evans ou Esapekka Lappi. Du coup, nous luttions avec eux alors qu'ils avaient disputé les dernières manches en Finlande et en Allemagne. Absents depuis la Pologne, nous n'étions peut-être pas autant dans le rythme. Malgré tout, nous sommes parvenus à nous accrocher à eux, et à rester proches de l'objectif que nous nous étions fixé puisque le premier soir, nous étions à dizaine de secondes de Lappi et devancions Evans.

Ensuite, sur l'asphalte, quasiment tous nos chronos ont été plus rapides que ceux d'Østberg. C'était satisfaisant, et en fin de compte, nous sommes parvenus à récupérer une belle sixième place finale. Sur un rallye que nous faisions pour la première fois, nous étions assez satisfaits.

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

La particularité de ce rallye est qu'il est mixte, avec une première journée sur la terre puis deux sur l'asphalte. Nous y avons pris beaucoup de plaisir. La terre, là-bas, est géniale, on y retrouve un peu de tout ce qu'on voit ailleurs. Les spéciales sont vraiment particulières, avec beaucoup de gestion à incorporer. Par exemple, dans la longue de Terra Alta qui approche les 39 kilomètres, il y a environ une dizaine de kilomètres d'asphalte en plein milieu du parcours. Du coup, il faut vraiment économiser le plus possible les pneus dans cette portion parce qu'en retrouvant la terre, on a besoin de beaucoup de traction et si les pneus sont détruits, c'est fini.

Il y a vraiment des tactiques de course, des stratégies à adopter pour au moins limiter les dégâts, au mieux faire le meilleur temps possible. Nous avions beaucoup travaillé en amont, avec notre ingénieur, sur les temps intermédiaires des éditions précédentes, et avions vu que beaucoup, en fonction de leur choix de pneus, perdaient un temps assez considérable dans la partie suivant l'asphalte. Nous avons essayé de mettre des choses en place, ce qui était très intéressant.

Difficile pour les mécaniciens

Quant à l'asphalte, il est tout simplement magnifique sur ce rallye. Les spéciales sont très typées circuit, et la C3 WRC est juste extraordinaire dans ces conditions. On a d'ailleurs vu les temps impressionnants que Kris [Meeke] a pu réaliser sur ces routes. De notre côté, nous nous y sommes vraiment fait très plaisir. Passer d'une surface à l'autre s'est fait relativement facilement pour nous, qui sommes déjà polyvalents. Nous connaissons bien l'asphalte, sur lequel se déroule la majorité des rallyes en France, mais nous avons eu la chance de courir dans les championnats d'Europe ou du monde qui comptent 80% d'épreuves sur terre. Changer ainsi n'est peut-être pas aussi facile pour d'autres, qui ont moins l'habitude de l'asphalte.

Avoir d'autres rallyes mixtes comme celui-là au calendrier pourrait être sympa, mais ça représente beaucoup de boulot pour les mécaniciens, dès les reconnaissances mais surtout pendant la course car ils doivent démonter la voiture pour l'adapter à l'autre surface. De plus, alors qu'ils travaillent sur deux voitures en parallèle lors d'une assistance normale, ils sont obligés dans ces conditions de les prendre l'une après l'autre pendant 75 minutes, ce qui, pour trois voitures, fait trois heures et 45 minutes de travail. Enfin, les nuits sont courtes car les spéciales commencent tôt le lendemain matin.

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

Et maintenant ? Comme cela a déjà été annoncé par Citroën, nous ne courrons pas en Grande-Bretagne, n'effectuant que les reconnaissances. Par la suite, nous espérons être au départ du dernier rallye de la saison, en Australie. Et pour l'année prochaine, nous avons un contrat mais ne savons pas encore quel sera notre programme, entre le WRC et le WRC2 avec la nouvelle C3 R5 dont je suis sûr qu'elle sera très performante et au développement de laquelle nous avons consacré, avec un immense plaisir, pas mal de temps depuis l'été.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Wilson : Je n'ai donné autant de chances à aucun autre que Tänak
Article suivant Colin McRae mis à l'honneur par ses pairs ce week-end

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France