Le Tour du monde de Gabin Moreau : Argentine

Même s'ils ne couraient pas en Amérique du Sud, Stéphane Lefebvre et son copilote y ont effectué les reconnaissances et découvert une nouvelle destination, aventure malgré tout enrichissante à plusieurs points de vue pour ce dernier...

Les équipages Citroën World Rally Team avec la Citroën Dyane

Photo de: Citroën Communication

Ce deuxième rallye non européen de la saison, après le Mexique, était le seul à ne pas être inscrit à notre programme cette année, deux C3 WRC seulement y étant engagées par Citroën Racing. C'était la première fois que je me rendais en Argentine, et c'est vrai que je ne m'attendais pas trop à ça : au niveau des spéciales, et des trois journées de course, c'est en fait comme si on avait trois rallyes différents en un seul. C'est vraiment typiquement différent chaque jour. 

Le vendredi, les spéciales sont très rapides, pas très piégeuses mais quand même assez techniques, en ce sens qu'on est obligé de garder de la vitesse en permanence – et il est assez important de bien connaître. Le samedi, c'est tout aussi rapide mais un peu plus cassant, et il y a notamment la spéciale de Los Gigantes, longue de 38 kilomètres, qui donne l'impression d'être sur la lune car on se trouve sur un plateau, à 1700 mètres d'altitude environ, avec un paysage atypique. Le dimanche, enfin, le parcours est très technique, beaucoup plus lent, dans Mina Clavero surtout mais aussi El Cóndor. 

Kris Meeke, Paul Nagle, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

Là, il faut faire vraiment attention car par endroits, on a tout juste la place de passer avec les voitures de course, d'autant qu'elles sont un peu plus larges cette année. Il faut donc être attentif à bien tout noter, à observer les bas-côtés pour ne pas se faire surprendre en course. Parfois, on arrive sur de petits ponts qui sont très, très étroits. On a vu celui où Elfyn Evans a touché un petit peu dans la Power Stage, lors du second passage d'El Cóndor, et vraiment, il n'y a rien du tout comme espace de chaque côté de la voiture. C'est très particulier, et c'est peut-être ce qui lui a coûté la victoire [pour sept dixièmes de secondes face à Thierry Neuville, ndlr].

C'était très intéressant de faire les reconnaissances en Argentine, mais rien que pour Los Gigantes, j'étais déçu de ne pas faire le rallye ! C'est quelque chose de vraiment atypique et qu'on ne voit nulle part ailleurs.

Des reconnaissances très utiles

Il est toujours intéressant de faire les reconnaissances d'un rallye, pour perfectionner nos notes et découvrir de nouvelles choses, intégrer de nouveaux termes à notre système de notes. Pour avoir un peu d'expérience des lieux aussi, bien sûr, et arriver l'année suivante avec des repères. Quand on arrive sur un rallye et qu'on a des notes, c'est toujours un gain énorme car de cette façon, on a deux vrais passages en reconnaissances lors desquels on vérifie vraiment la route, on n'est pas obligé de réfléchir à tout ce qu'on découvre – c'est beaucoup plus simple. C'est d'ailleurs un peu le problème qu'on a connu sur certains des premiers rallyes, avec Stéphane, où l'on découvrait vraiment tout lors des recos, ce qui est toujours un peu plus handicapant. Mais il faut bien une première fois !

C'était très intéressant de faire les reconnaissances en Argentine, mais rien que pour Los Gigantes, j'étais déçu de ne pas faire le rallye !

Gabin Moreau

L'Argentine est un pays intéressant, les gens sont très sympathiques. On a pu rencontrer tout le staff de Citroën Argentina, qui se démène beaucoup pour organiser des événements pendant la semaine. On les a d'ailleurs côtoyés dès le week-end précédant le rallye, à Buenos Aires, et on a passé un très bon moment avec eux. On a réalisé un tournage le dimanche, pour les 50 ans de la Dyane. C'était vraiment particulier, parce qu'on était déguisés à la mode des années soixante jusqu'à nos jours, chacun de nous six [les membres des trois équipages de la marque aux chevrons en WRC, ndlr] représentant une décennie. Et bien entendu, la première est tombée sur moi ! 

Ensuite, on s'est baladé dans Buenos Aires avec la Dyane, chacun notre tour. C'était particulier de se retrouver dans des quartiers un peu typiques, habillés de cette façon, et de conduire cette voiture en plein centre-ville de Buenos Aires. Les gens nous regardaient avec des yeux un peu écarquillés !

Les équipages Citroën World Rally Team

On ne peut parler de l'Argentine sans évoquer la nourriture. Pour un amateur de viande, des grillades ou autres, c'est le paradis. On a d'ailleurs eu un coup de chance énorme quand on faisait les infos météo le vendredi pour l'équipe. On est partis à quatre heures du matin de l'hôtel pour pouvoir donner les premières nouvelles, aux alentours de cinq ou six heures, aux ingénieurs. Et quand on est arrivés dans la première spéciale du vendredi, on est tombés à l'endroit où les gens de Citroën Argentina, encore eux, avaient monté une tente et recevaient leurs invités. Du coup, on a passé une partie de la journée avec eux, les gens étaient très contents de voir un équipage, et surtout, on a pu profiter d'un barbecue absolument magnifique ! 

Gabin Moreau et Stéphane Lefebvre, Citroën World Rally Team

Mais je ne vous ai pas expliqué en quoi consiste de "faire la météo". Il s'agit d'abord, en arrivant sur un endroit un peu stratégique d'une spéciale, de relever les températures dans l'air et au sol. On communique tout cela aux ingénieurs, on leur donne un aperçu de la route en marchant un petit peu dans la spéciale – pour voir s'il y a des zones d'humidité, par exemple, où elles se trouvent et si le revêtement est homogène ou pas. On transmet toutes ces informations aux ingénieurs, et cela les aide à faire une synthèse entre les trois spéciales de la boucle, par exemple, puis à faire un choix de pneus et de set-up pour la course. 

Une aide précieuse pour l'équipe

Plusieurs duos sont préposés pour faire un certain nombre de spéciales lors de chaque rallye, mais les deux seuls "hommes météo" permanents à ce poste chez Citroën sont Patrick Magaud et Laurent Poggi, deux anciens pilotes de la marque. Ils sont là sur chaque rallye pour nous donner toutes ces informations, ils ont l'expérience de la façon d'aborder un rallye et des petites choses qu'on peut trouver sur les spéciales et auxquelles il faut faire attention. C'est vraiment une aide précieuse pour mieux appréhender l'état du parcours, sur l'asphalte pour le choix des pneus et sur terre parce qu'on ne dispose pas d'ouvreurs. 

Gabin Moreau, Citroën World Rally Team

Nous arrivons maintenant sur des rallyes qu'on connaît mieux avec le Portugal puis la Pologne, que nous avons disputés l'an dernier avec la DS3, séparés et suivis de la Sardaigne et la Finlande où nous n'avons effectué que les reconnaissances, et avant l'Allemagne où nous étions également au départ l'an dernier. En Argentine, nous avons commencé à travailler sur le prochain avec Stéphane, à regarder des vidéos, optimisant ainsi du même coup le temps d'attente entre les spéciales. 

L'objectif, la semaine prochaine, sera avant tout de terminer enfin un rallye normalement, et puis, bien sûr, de signer un bon résultat. Ce serait bien d'arriver à faire au moins un top 5. Quand on regarde ce qu'on est arrivé à faire l'année dernière avec la DS3, on se dit que c'était déjà largement faisable, mais on a touché un bas-côté. On espère que tout va aller dans le bon sens cette fois. 

Rendez-vous après le Portugal !

 

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