Dernier pointage avant le Rallye du Portugal 2021

De retour en WRC après son annulation en 2020 liée à la pandémie du COVID-19, le Rallye du Portugal, qui débute ce jeudi, laisse entrevoir un début de retour à la "normale" pour plusieurs raisons. Tour d'horizon !

Thierry Neuville, Nicolas Gilsoul, Hyundai Motorsport Hyundai i20 Coupe WRC

Photo de: Hyundai Motorsport

Le parcours

En 2020, le Rallye du Portugal avait tristement ouvert la liste des manches du WRC annulées suite à la crise sanitaire. Un an plus tard, ce véritable pilier du calendrier mondial fait son grand retour en proposant un parcours similaire à celui envisagé l'an passé à quelques modifications près. 

Vingt spéciales et 337,51 kilomètres chronométrés (un total atteint pour la dernière fois lors du Rallye d'Allemagne 2019), répartis sur trois journées, seront donc au programme de la quatrième manche du Championnat du monde qui marquera également le retour de la terre cette saison.

La première étape (vendredi) mettra le cap au sud de Porto avec huit secteurs chronométrés tracés dans la région de Coimbra. La super spéciale de Lousada, disputée en début de soirée (20h03 en France), viendra clôturer cette journée déjà décisive par bien des aspects. En plus d'être disputés dans l'ordre du classement du championnat, les 122,88 km de cette première étape auront la particularité de ne proposer aucune assistance. Le samedi ne sera pas en reste avec un programme de 165,16 km encore plus chargé. Entrecoupée cette fois par un passage au parc d'assistance de Matosinhos, la deuxième étape filera plus au nord dans la région de Braga avec deux boucles de trois spéciales et notamment Amarante et ses 37,92 km. Après ces "gros morceaux", la journée se terminera dans les rues de Porto avec une seconde super spéciale. D'un intérêt sportif discutable, cet exercice aura l'avantage de rappeler la situation de l'avant COVID-19 en s'adressant certes à un public possiblement passionné mais nettement plus nombreux. Le dimanche s'articulera enfin autour de cinq spéciales et plus particulièrement de la mythique Fafe qui fera, sans surprise, office de Power Stage !

La spéciale clé

Le retour de la terre marque mécaniquement l'apparition du balayage. Déjà évoqué en février dernier lors de l'Arctic Rally Finland, ce paramètre "fait partie des meubles" sur les spéciales poussiéreuses du nord du Portugal et devrait logiquement jouer son rôle lors de la première journée. Avec plus de 122 km programmés sans assistance et un ordre de départ calqué sur le classement du Championnat, le vendredi sera une rampe de lancement déterminante pour la suite du week-end. Malgré ces difficultés apparentes, cette première étape réserve généralement peu de surprises avec un parcours connu et reconnu par la majorité des pilotes du WRC, et se termine régulièrement avec des écarts réduits.

Disputée sur des spéciales tout aussi "familières", la journée du samedi est toutefois marquée par les deux passages dans le secteur chronométré, déjà évoqué plus haut, d'Amarante et ses 37,92 km. Placée en fin de boucle, la plus longue spéciale (ES11-ES14) de ce week-end portugais pourrait bien avoir l'allure d'un juge de paix (notamment le second passage) et fera à coup sûr la part belle à la gestions des pneumatiques, que les pilotes du WRC devront en plus découvrir sur la terre.

Les conditions

Pas besoin de le répéter une énième fois, l'histoire est définitivement imprimée ! Sur la terre, les conditions sont primordiales et peuvent à elles seules modifier totalement la physionomie d'une course.

S'il fait sec, les premiers pilotes balayent et ceux qui partent derrière ont l'avantage. En revanche, s'il pleut ou que les routes sont humides voire même boueuses, les "ouvreurs" bénéficient cette fois d'une route en bon état qui se dégrade rapidement au fil des passages, pénalisant ainsi les "suiveurs". Comme indiqué précédemment, le balayage est monnaie courante au Portugal mais la proximité avec l'océan Atlantique engendre régulièrement des conditions variables à cette époque de l'année. À tel point que les premières informations remontant des reconnaissances réalisées par les équipages (mardi et mercredi) ont fait état de nombreuses zones très boueuses et de routes parfois bien humides. Avec le beau temps annoncé d'ici vendredi et les températures oscillant autour de 20°C, rien n'indique que les routes auront totalement séché avant le départ. Une situation qui rend les pronostics compliqués et qui pourrait bien rebattre les cartes avant même le départ... 

 

Les engagés

Marquant généralement le retour en Europe après la tournée sud-américaine, le Rallye du Portugal s'inscrit cette année dans la continuité d'un calendrier résolument tourné vers l'Europe. C'est donc sans grande surprise que la liste des engagés portugaise fait redondance avec celle du Rallye de Croatie disputé fin avril.

81 équipages sont attendus au départ de la quatrième manche du WRC 2021. Parmi les équipes officielles, le retour de Dani Sordo dans la troisième i20 Coupe WRC est le seul changement notable. Impressionnant sur l'asphalte croate pour sa première apparition dans la catégorie reine, Adrien Fourmaux s'apprête à découvrir cette fois la Fiesta WRC sur la terre. Dans les rangs tricolores, Pierre-Louis Loubet espère quant à lui inverser la mauvaise dynamique dans laquelle il est englué depuis plusieurs rallyes avec l'arrivée d'un nouveau copilote à sa droite, Florian Haut-Labourdette, Champion de France des Rallyes terre 2020.

En WRC2, le rendez-vous portugais s'annonce véritablement comme un "examen de passage" pour plusieurs postulants à un retour dans l'élite en 2022. Suite au forfait du leader du classement Andreas Mikkelsen, positif au COVID-19, Esapekka LappiMads Østberg vainqueurs respectifs en Finlande et en Croatie ou encore Teemu Suninen voient là une belle opportunité de revenir sur le Norvégien normalement de retour en Sardaigne. De son côté, Yohan Rossel est déterminé à consolider sa première place en WRC3 en enchainant un nouveau bon résultat. Vainqueur à Zagreb pour la manche d'ouverture du JWRC, Jon Armstrong vise une seconde victoire de rang.

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Les pneus

La boucle est enfin bouclée pour Pirelli. Après les pièges du Monte-Carlo, les routes enneigées de l'Arctic Rally Finland, l'imprévisible asphalte croate, c'est cette fois sur les pistes poussiéreuses du Portugal que le manufacturier italien va devoir faire ses preuves.

Pour ce faire, le fournisseur unique arrive à Matosinhos avec 2200 Scorpion KX déclinés en deux versions Hard et Soft adaptées en fonction des écarts de température. Sur des routes ou la couche de poussière sablonneuse à tendance à vite laisser apparaître des pierres agressives pour les pneumatiques, les stratégies risquent d'évoluer sensiblement entre les deux passages.

Sous le feu des critiques plus ou moins dissimulées depuis janvier, Pirelli va devoir être au rendez-vous dès ce week-end puisque le calendrier est, comme à son habitude, majoritairement tourné vers la terre (six rallyes sur douze) avec plusieurs épreuves exigeantes comme la Sardaigne, le Kenya ou encore l'Acropole.

Le pilote à surveiller

Branché sur courant alternatif en ce début d'année, Ott Tänak est donné favori au Portugal. Dernier vainqueur de l'épreuve en 2019, l'Estonien a été méconnaissable en Croatie où il découvrait la i20 Coupe WRC sur l'asphalte. Sur la terre en revanche, le Champion du monde 2019 a déjà des repères avec sa monture et a même prouvé qu'il pouvait s'imposer comme en Estonie l'an passé.

Quatrième sur la route lors de la première journée, le pilote Hyundai Motorsport devrait en plus bénéficier d'un net avantage face à ses principaux rivaux pour le titre mondial.

Le point COVID-19

Enfin ! Le Rallye du Portugal avait été en 2020 la première manche du WRC annulée officiellement à cause de la pandémie du COVID-19. Douze mois plus tard, il est le premier à autoriser le retour du public sur le bord de ses spéciales. Cette décision, qui fait écho à la réouverture des frontières portugaises aux touristes de l'Union Européenne actée ce lundi, est un pas décisif vers un retour au "WRC d'avant". Imposé depuis septembre dernier en Turquie, le huis-clos, qui reste une mesure difficilement applicable sur un rallye, avait été respecté avec quelques largesses fin 2020 avant d'être particulièrement strict au Monte-Carlo puis en Finlande cette année. Bien que disputée sous le même protocole, la Croatie avait proposé une vision très personnelle de ce dernier en tolérant la présence de plusieurs milliers personnes sur le bord des routes uniquement là pour pique-niquer, et non pas assister au rallye... Une aubaine pour les organisateurs !

Teemu Suninen, Marko Salminen, M-Sport Ford WRT Ford Fiesta WRC

Le chiffre à retenir

17, soit le nombre de tonneaux effectués par Jari-Matti Latvala lors de l'édition 2009 du Rallye du Portugal. 

Alors pensionnaire du BP Ford Abu Dhabi WRT aux côtés de Mikko Hirvonen, le Finlandais est à la poursuite d'une seconde victoire en Championnat du monde après son succès décroché en Suède un an plus tôt. Après un début de saison compliqué avec certes une troisième place en Norvège mais deux arrivées hors du top 10 en Irlande et à Chypre, l'actuel directeur du team Toyota Gazoo Racing compte bien se relancer au Portugal. Basée à Faro (au sud du Portugal), la quatrième manche du WRC 2009 débute prudemment pour lui avec le cinquième temps dans la super spéciale tracée autour de l'Estadio Algarve (stade de foot construit pour l'Euro 2004). Dans les deux spéciales suivantes au profil plus conventionnel, il s'empare rapidement de la tête du l'épreuve grâce à deux meilleurs temps consécutifs. Crédité alors d'une avance de 10"6 sur Dani Sordo, le pilote Ford aborde la spéciale de Malhão (ES4) avec la même détermination, voire même un peu trop.

Au neuvième des 22,04 km que compte le secteur chronométré, la Ford Focus WRC aborde une crête avec beaucoup trop de vitesse pour prendre correctement le virage serré à gauche situé 20 mètres derrière. Dans un moment de confusion avec les notes dictées par Miikka Anttila, il se rend compte en franchissant cette fameuse crête que sa vitesse n'est clairement pas adaptée pour aborder la courbe suivante. En une fraction de seconde, il décide de venir prendre appui sur le talus situé à gauche de la route pour ralentir la Ford Focus qui se retrouve de suite sur deux roues. Enjambant sans le moindre mal le frêle garde-corps présent à l'extérieur, la WRC débute alors une série impressionnante de 17 tonneaux le long de la pente où chaque impact est plus fort que le précédent. 150 mètres plus bas, la carcasse métallique termine sa impressionnante chute contre un arbre. L'équipe finlandais est miraculeusement indemne, et le pilote avouera plus tard avoir vu la mort se rapprocher à chaque choc en subissant la compression de l'arceau. 

Plus de peur que de mal et une histoire qui se termine finalement très bien. Quelques mois plus tard, le châssis PX08 AXD totalement reconstruit lui permet même de signer une victoire retentissante en Finlande et de terminer vice-champion du monde 2010. 

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