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Édito - Loeb et Ogier de nouveau réunis

Réunis dans la réussite, s'entend. Les deux anciens meilleurs ennemis du sport automobile français et des rallyes ont marqué le dernier week-end de leur empreinte, en s'imposant brillamment chacun dans sa catégorie respective.

Sébastien Loeb, Team Peugeot Hansen, et Sébastien Ogier, Volkswagen Motorsport

Sébastien Loeb, Team Peugeot Hansen, et Sébastien Ogier, Volkswagen Motorsport

FIA World Rallycross

Alors qu'ils n'ont été coéquipiers chez Citroën et ne se sont affrontés à armes égales qu'un peu plus d'une saison, à partir des trois derniers rallyes terre de 2010 et jusque fin 2011, ces deux-là demeurent indissociables dans l'esprit de beaucoup d'observateurs passionnés, tant leur duel est resté dans les mémoires des amateurs de rallyes... et pas seulement.

Sébastien Ogier, associé à Julien Ingrassia, a remporté dimanche son premier Tour de Corse et fait un grand pas vers un quatrième titre mondial qui le placerait en dauphin de Loeb et ses neuf titres, bien sûr, au nombre de couronnes - à égalité avec Juha Kankkunen et Tommi Mäkinen. Le pilote Volkswagen a remporté les quatre premières spéciales du rallye le vendredi, creusant des écarts vertigineux avec ses rivaux qui n'ont pu qu'exprimer leur admiration au terme de la première étape. “Il pilotait peut-être déjà la voiture de l'année prochaine,”, lança un Jari-Matti Latvala, au rire un peu jaune, dans une allusion à la Polo bodybuildée et survitaminée, répondant au règlement 2017 et au développement de laquelle ils prennent tous les deux part depuis plus d'un an.

Ogier a cédé le scratch de la première spéciale du samedi à un Kris Meeke ne représentant aucun danger pour lui, car ayant perdu deux minutes et demie la veille sur une crevaison et ne jouant de toute façon pas le championnat. Il a ensuite partagé le meilleur temps de la suivante avec Andreas Mikkelsen, avant de ne lâcher que la dernière du jour, qui fut aussi la première où il a assuré sa position, au profit d'un Thierry Neuville qui voulait conforter la sienne (la deuxième) au général.

Sébastian Ogier, Julien Ingrassia, Volkswagen Polo R WRC, Volkswagen Motorsport

À quelques 2000 kilomètres de là - et encore, à vol d'oiseau -, du côté de Riga en Lettonie, Sébastien Loeb, au moment où son ex-rival franchissait la ligne d'arrivée de la dernière spéciale insulaire, avait réalisé un week-end solide mais qui ne laissait pas spécialement présager de ce que serait son issue. Cinquième à l'issue des manches qualificatives ? L'Alsacien avait déjà réussi ce genre de (belle) performance plus tôt dans la saison, sa première en Championnat du monde de Rallycross.

C'est en demi-finale que les choses se sont emballées. Parti à l'intérieur de la deuxième ligne, Loeb s'est glissé à la deuxième place au premier virage avant de la perdre quelques secondes plus tard en commettant une petite faute sur la piste détrempée - pour mieux la reprendre deux virages plus loin quand Janis Baumanis, quelque peu surexcité à domicile, est parti au large à son tour.

Erreur de stratégie

Loeb est ensuite revenu sur Johan Kristoffersson, homme fort du week-end jusque-là et en tête à l'issue des manches. Le Suédois et son spotter ont peut-être commis une erreur tactique en empruntant le tour Joker avant leur rival, laissant à celui-ci une piste dégagée pour faire la différence. Et, quand il fit lui aussi et au dernier moment l'obligatoire détour, en ressortir sous le nez de la Polo en vue de la ligne d'arrivée.

En tête dès le début de la finale après avoir pris le meilleur envol, Loeb a ensuite dominé la situation face à un Mattias Ekström dont l'intérêt, dans l'optique du championnat, n'était sans doute pas d'aller le chercher - mais dont on ne peut s'empêcher de penser qu'il serait resté impuissant.

Sébastien Loeb, Team Peugeot Hansen

Retour en arrière. Il y a cinq ans tout juste, ces deux-là, peut-être les deux meilleurs rallymen de tous les temps, en finissaient avec une saison interminable pour eux et pour l'équipe Citroën sans plus vraiment s'adresser la parole. Un an plus tôt encore, Ogier, à force d'étincelles, avait été promu (pour les trois derniers rallyes sur terre de la saison) du Junior team de la marque aux chevrons, où il faisait équipe avec un certain Kimi Räikkönen, au sein de son équipe “première”. Et donc aux côtés du maître incontestable, et incontesté, des lieux : Sébastien Loeb.

Après une première victoire obtenue préalablement à ce transfert, au Portugal, Ogier s'est classé deuxième en Finlande avant de s'imposer au Japon au terme d'un beau duel avec Petter Solberg - que Loeb retrouve aujourd'hui sur les pistes du World RX. Pas encore de quoi menacer celui qui était perçu logiquement comme son chef de file, largement assuré d'un huitième titre mondial.

Sébastien Ogier est félicité par Sébastien Loeb

C'est l'année suivante que les choses se sont gâtées. Après une première (grosse) anicroche au Rallye de l'Acropole, en Grèce, pour une histoire de tactique afin de ne pas ouvrir la route, ceux qu'il serait trop simpliste de qualifier de maître et d'élève, dotés d'un statut équivalent dans l'équipe française qui voulait ménager à la fois le présent et l'avenir, arrivèrent en Allemagne pas tout à fait au coude-à-coude mais engagés malgré tout dans un duel fratricide et de prestige. Avec quatre victoires pour Loeb et trois pour Ogier, le tout en huit rallyes, ils avaient quand même vu Mikko Hirvonen glisser sa Ford Fiesta entre leurs deux DS3 pour la première année de ces nouvelles petites bombes du WRC.

Citroën, qui devait gérer depuis plusieurs semaines une situation très tendue entre ses pilotes, avait annoncé juste avant le rendez-vous allemand le maintien de Loeb pour deux années supplémentaires. Les consignes d'équipe données en fin de première étape, visant à geler les positions alors que Loeb et Daniel Elena menaient de huit petites secondes devant Ogier et Ingrassia et que les Ford avaient lâché prise, allaient amener au départ de ce dernier chez Volkswagen en fin de saison. Citroën avait gagné sur le court terme en conservant un Loeb lui-même courtisé par Volkswagen, mais perdu sur le long terme en voyant partir celui qui était son successeur désigné.

Sébastien Loeb et Sébastien Ogier

Une saison 2012 passée au volant de montures impossibles à comparer (Ogier disputant le championnat sur une Skoda S2000 tout en développant parallèlement la Polo WRC) plus tard, les deux hommes se retrouvèrent le temps de quatre épreuves l'année suivante - les quatre auxquelles Loeb participa. Ils se quittèrent sur un score nul de deux victoires chacun, s'imposant au passage à tour de rôle sur le terrain géographique de l'autre : l'Alsacien au Monte-Carlo, le Gapençais en Alsace.

Puis leurs routes se sont séparées. Elles sont même devenues pistes pour Loeb. Au cours des deux saisons suivantes, sur les sept fois où ils furent sur le pont le même week-end, c'est à l'avant-dernière qu'ils se sont tous deux imposés : le 8 mars 2015, au Rallye du Mexique pour l'un et dans la deuxième course du WTCC en Argentine, pas très loin de là, pour l'autre. Un double succès dont le retentissement n'eut cependant rien de comparable avec celui du dernier week-end.

Une histoire commune

En ce dimanche où les espoirs de Lewis Hamilton sont partis une nouvelle fois en fumée, avec pour effet de voir se rapprocher la perspective qu'un Rosberg vienne une nouvelle fois inscrire son nom sur la liste des Champions du monde de Formule 1 pas forcément les plus convaincants, où Lance Stroll a remporté le Championnat Euro F3 et peut-être fait un pas décisif - s'il lui en fallait encore un - vers un volant chez Williams, Loeb et Ogier ont chacun écrit une très belle page de leur histoire personnelle qui est aussi, forcément, leur histoire commune.

Qui sait ? Cette histoire n'est peut-être pas terminée. Qui sait si eux et nous n'auront pas l'occasion un jour d'en suivre un nouvel épisode autrement qu'à distance, sur une piste étriquée de Rallycross ou celles, à perte de vue, d'un Dakar ?

Indissociables, on vous dit.

Sébastien Loeb et Daniel Elena, Citroën DS3 WRC, Citroën Total World Rally Team

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