Latvala et Ogier, l'étoffe des héros

De Jari-Matti Latvala et Miikka Anttila, vainqueurs, ou Sébastien Ogier et Julien Ingrassia, son dauphin, on se demande lequel les passionnés et autres observateurs doivent le plus remercier après le fantastique duel qu’ils ont offert tout au long – ou presque – du Rallye de Finlande.

Le premier nommé a finalement remporté, à 125,44 km/h de moyenne, la manche du WRC la plus rapide sur la terre de toute l’histoire. Pour la petite histoire, on rappellera qu’ils avaient déjà remporté le rallye sur asphalte le plus rapide, en Alsace l’année dernière.

Dans le même ordre d’idée, on peut se demander lequel a le plus sauvé l’autre. La réponse, là aussi est: chacun des deux. Ogier a empêché Latvala d’exercer une domination totale sur ce rallye, Latvala a évité une nouvelle victoire d’Ogier qui aurait fini par faire penser qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Et par faire passer l’idée que le rallye est un sport qui se dispute à deux dans une voiture et qu’à la fin, ce sont Ogier et Ingrassia qui gagnent.

Aussi bien que “Kankku”

“Je ne trouve pas les mots pour dire à quel point je suis heureux!” a réagi Latvala. “Ma motivation avant ce rallye et le désir de le gagner étaient immenses. Après tous les hauts et les bas par lesquels je suis passé cette saison, cette victoire a une signification énorme.”

Le vainqueur du jour n’a pas manqué de souligner qu’avec ce troisième succès (après ceux de 2010 et de 2014), il égalait la performance du quadruple Champion du monde Juha Kankkunen. Au passage, il rejoint également Osmo Kalpala, Simo Lampinen et... un certain Sébastien Loeb.

Puisqu’il s’aventure sur ce terrain, et sans vouloir lui mettre la pression, rappelons qu’il lui reste à rattraper – et dépasser, si possible – Hannu Mikkola et Marcus Grönholm (7), Markku Alén (6), Tommi Mäkinen (5) et Timo Mäkinen (4). Rien que ça!

Mais à 30 ans tout juste, et avec la maîtrise dont il a fait preuve ces deux dernières années sur ce terrain si spécifique, tous les espoirs lui sont permis...

“Je voudrais remercier toute l’équipe pour son travail,” a poursuivi Latvala qui a été confirmé il y a quelques semaines par son patron, Jost Capito, pour 2016 malgré ses bévues du début de saison qui ont fait douter un temps de son avenir chez Volkswagen. “Elle a toujours cru en moi, même quand les choses ne se sont pas très bien déroulées. Merci aussi au public pour son soutien au service park et sur le bord des routes!”

C’est un autre grand pas vers le titre : 89 points d’avance, ça commence indéniablement à sentir très bon!

Sébastien Ogier

En effet, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui étaient massées au bord des spéciales durant ces trois jours. Même si leur cœur penchait forcément en faveur de Latvala, nul doute qu’elles ont pu admirer à sa juste valeur aussi la performance de Sébastien Ogier – tant il est vrai qu’il n’y a pas de beau gagnant sans beau perdant. Mais peut-on seulement parler de perdant?

“C’était un super rallye!” s’est quant à lui félicité Ogier. “J’ai essayé autant que possible d’aller chercher la victoire, tout en sachant que ma position au championnat n’en faisait pas une obligation.”

“Et puis, c’est un rallye sur lequel on n’a pas forcément envie de prendre tous les risques : il a beau être très plaisant, il est également très rapide et on sent que, si on sort de la route, ça va secouer fort! Il faut ajouter à ça une fantastique performance de Jari-Matti sur ses terres, alors on n’a vraiment pas à rougir de cette deuxième place.”

Le titre dès l’Allemagne ?

Après l’abandon d’Andreas Mikkelsen dès le premier jour, la position du Français au Championnat devenait encore plus confortable qu’elle ne l’était déjà avant le rallye, et il a reconnu que cela a joué.

“Dans l’optique du championnat, qui est notre objectif numéro 1, c’est un super résultat,” dit-il. “Grâce à ces 21 points supplémentaires, on quitte la Finlande avec une marge encore plus grande sur notre premier poursuivant. C’est un autre grand pas vers le titre : 89 points d’avance, ça commence indéniablement à sentir très bon!”

“Notre première chance d’être titrés dès la prochaine manche est purement mathématique: l’objectif sera surtout de faire un beau Rallye d’Allemagne, pour que la course à domicile de Volkswagen se termine beaucoup mieux que les deux dernières éditions.”

En effet, aussi étrange que cela puisse paraître, la manche allemande du calendrier, remportée par Citroën en 2013 et par Hyundai en 2014, demeure la seule que le constructeur de Wolfsburg n’a pas accroché à son palmarès en seulement deux ans et demi de présence en WRC. Un comble! Mais nous aurons l’occasion d’en reparler.