Le promoteur du WRC se demande comment "amener le rallye vers les gens"

Vous avez partagé la tribune de la conférence Black Book avec les promoteurs d’autres championnats, comme la Dorna (MotoGP) ou FEH (Formule E). Comprenez-vous le positionnement vers l’exclusivité et cette “fermeture” du contenu vidéo sur Youtube de la Dorna, qui ne distribue pas son contenu sur d’autres plateformes externes moins contrôlées? Et le WRC a-t-il intérêt à imiter ce procédé dans le futur, si une audience plus large se crée de nouveau?

D’une certaine façon, c’est ce que nous faisons déjà. Nous avons choisi de regrouper tout le contenu que nous produisons sur WRC+ pour la simple raison qu’il est plus simple à trouver pour le fan de cette façon. Nous avons une chaîne YouTube, nous sommes sur Facebook et Twitter : tout cela rend les choses simples pour les fans. Si vous souhaitez du contenu à jour, c’est là qu’il faut aller. 

Je pense que la fiabilité quant au lieu où vous pouvez trouver votre contenu était quelque chose qui manquait dans le passé, et c’est ce que nous essayons de combler. Avec WRC+, le fan sait où il peut trouver du rallye et quand. Actuellement, nous choisissons de prendre cette direction, et nous fournissons en parallèle beaucoup de production unique en format “actualité”, que nous fournissons à tout média intéressé par le fait de donner de la visibilité au rallye.

Vous avez mentionné les live spéciaux disponibles à la télévision et sur WRC+. L’objectif est-il d’en diffuser de plus en plus dans l'avenir? Sera-t-il possible d’en voir plus en direct sur WRC+?

Nous écoutons beaucoup ce que nous disent les fans et les diffuseurs télé dans ce domaine. J’ai répondu en partie à cette question plus tôt en vous disant que si l’on souhaite une heure de votre attention, il faut délivrer un spectacle intéressant. Pour le moment, notre plan, ou plutôt notre conviction, est que l’on peut envisager potentiellement jusqu’à trois heures de direct par évènement dans un format télé. Pour une spéciale, comme la Power Stage, c’est facile.

Pour le moment, notre plan, ou plutôt notre conviction, est que l’on peut envisager potentiellement jusqu’à trois heures de direct par évènement dans un format télé.

Oliver Ciesla

Il y a un autre format potentiel, qui a assez de sens et qui pourrait vous faire assister à la cérémonie d’ouverture, et la super spéciale d'ouverture. Si vous connaissez Guanajuato [au Mexique] ou ce que nous avons fait à Barcelone l’an dernier, ou à Cologne il y a deux ans... Il y a beaucoup d’opportunités d’amener le rallye vers les gens, au moins pour la première spéciale ou la cérémonie d’ouverture seule. C’est une façon de toucher de nouveaux fans. C’est l’occasion de montrer les pilotes sans leurs casques, de les laisser parler aux fans. C’est un format qui marche très bien en direct à la télévision. Mon exemple favori est Guanajuato.

La troisième opportunité est de nous appuyer sur les “thèmes” particuliers de chaque spéciale. Qu’il s’agisse de terre, de boue, de neige… On peut souvent mettre ça en scène dans un environnement particulier, dans un moment particulier du rallye. Idéalement, des faits marquants comme le plus long saut, par exemple. Typiquement, Colin’s Crest. Il faut une histoire à raconter en plus du fait qu’ils roulent sur la neige. Et voilà ce saut, juste devant le lieu d’hospitalité du Parc! C’est suffisamment bon pour rester là une heure à regarder la télé. Ce n’est pas seulement une voiture après l’autre : il y a le saut, la foule par centaines en train de faire des barbecues dans ce drôle d’environnement, et l'heure passe à une vitesse folle : vous ne vous ennuyez pas.

Le FanBoost, c’est peut-être trop progressiste pour nous, n’oubliez pas que nous sommes là depuis 1973 !

Oliver Ciesla

Pour résumer, dès lors que vous avez des éléments pour produire une heure de direct, nous sommes heureux de le faire. Mais on ne veut pas le faire juste pour dire qu’on en fait. Et puis, ça a aussi un coût.

Vous avez déclaré récemment que vous admiriez l’interaction mise en place par les promoteurs de la Formule E avec les fans. Y-a-t-il en rallye des choses à prendre dans ce concept d’impliquer les fans de manière digitale pour influencer la course, comme avec le FanBoost?

Il y a deux choses de prévues. La première est en chemin, la seconde va arriver. C’est une nouvelle définition du sport, de voir les fans interagir. Le FanBoost, c’est peut-être trop progressiste pour nous, n’oubliez pas que nous sommes là depuis 1973 [année de la création du championnat des constructeurs]! Mais… [hésitation] Il est aussi vrai que les fans du WRC utilisent un ou deux outils mobiles, des smartphones, des tablettes, etc. Ils veulent y trouver le rallye et nous devons nous y adapter.

Une des qui arrivent concerne le lancement d’un jeu vidéo : une compétition débutera en parallèle des évènements à partir du Monte-Carlo, la saison prochaine.

Oliver Ciesla

La première chose est donc de proposer WRC+. On n’y suit pas juste le live : on peut voir toutes les voitures de premier plan en caméra embarquée, et il y a les cartes en direct. Ajoutez à ça la radio de la salle de contrôle, et vous avez les éléments d’immersion, comme les directeurs d’équipe! 

La seconde chose, qui arrive, et avec laquelle les fans peuvent s'engager au-delà des réseaux sociaux, concerne le lancement d’un jeu vidéo : une compétition débutera en parallèle des évènements à partir du Monte-Carlo, la saison prochaine. Il y aura une demi-finale vers le milieu de l’année et une finale en fin de saison. Nous attendons beaucoup de participation et d’engagement de la part des fans et espérons toucher tous ceux qui ont grandi avec cet environnement digital et qui adorent les jeux vidéo. 

(À suivre)