Le tour du monde de Gabin Moreau : Monte-Carlo

Dans sa première chronique pour Motorsport.com, le copilote de Stéphane Lefebvre au sein de l'équipe officielle Citroën revient sur son parcours d'avant le WRC et sur un Monte-Carlo qui s'est mieux terminé qu'il n'avait commencé...

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

Photo de: Citroën Communication

Cette saison complète en championnat du monde des rallyes, la première pour moi, que je vais partager avec les lecteurs de Motorsport.com, est quelque chose de neuf mais aussi l'aboutissement d'un long parcours. Mon rêve a toujours été d'arriver là où je suis désormais. Je pense que c'est un peu le rêve de tous les copilotes, et quand on a un rêve, on se donne les moyens de l'atteindre. De mon côté, c'est vrai que j'ai eu pas mal de chance. J'ai changé de pilote relativement souvent au début, avec des programmes assez intéressants, et c'est comme ça que j'ai réussi à gravir un peu les échelons.

Quand j'étais petit, il y avait un rallye qui passait devant chez mon grand-père, et celui-ci m'emmenait tous les étés voir passer les voitures. C'était un petit rallye régional, le Trièves, qui se déroulait au sud de Grenoble. Puis, quand j'étais un peu plus âgé, vers 13-14 ans, nous sommes entrés, mon grand-père et moi, dans l'organisation de ce rallye. Cela m'a fait connaître un peu plus le milieu et rencontrer un peu plus de monde, surtout des pilotes et des copilotes.

À l'âge de 16 ans, on m'a proposé de faire mon premier rallye en tant que copilote, avec Michel Godard sur une Porsche. À partir de là, j'ai pris part aux rallyes nationaux et régionaux en Rhône-Alpes. Puis, en 2009, j'ai couru avec François Rennard et on a commencé à faire un peu de championnat de France. Je suis ensuite passé en formule de promotion, plus précisément le Citroën Racing Trophy avec la C2.

En 2011, j'ai disputé une saison complète avec Arnaud Augoyard en championnat de France, puis roulé un peu avec Manu Guigou la même année, participant notamment au Rallye de Nouvelle-Calédonie. J'ai couru en championnat de France jusqu'en 2013, année où j'ai pu faire mes premières manches mondiales, six au total, avec Michel Burri et M-Sport sur une Ford Fiesta R2.

Gabin Moreau, Citroën World Rally Team
Gabin Moreau, Citroën World Rally Team

L'année suivante, histoire de perfectionner un peu mon anglais, j'ai pu rouler avec Chris Ingram. Ça m'a permis de progresser beaucoup. Ce fut très intéressant, une expérience exceptionnelle. On a fait deux années en ERC, avec trois ou quatre podiums. Et puis, fin 2015, j'ai été contacté par Stéphane Lefebvre qui cherchait un copilote avec qui se projeter dans l'avenir en "mondial".

On se connaissait déjà bien, avec Stéphane. On s'était rencontrés en 2010 lors de son deuxième rallye, celui de la Sainte-Baume. Devenus amis, on se rendait sur des rallyes ensemble quand on ne courait pas ailleurs. On aurait pu avoir bien des occasions de rouler ensemble, mais j'étais toujours engagé sur quelque chose d'autre et du coup, c'était un peu compliqué. Ça n'a donc jamais pu se faire, jusqu'à l'année dernière où on a décidé de partir ensemble. Et voilà où nous en sommes aujourd'hui...

Stéphane Lefebvre et Stéphane Prévot, Citroën DS3 R5
Stéphane Lefebvre et Stéphane Prévot, Citroën DS3 R5

L'expérience que j'avais eue il y a un an avec Stéphane, pour mon deuxième Monte-Carlo seulement, a vraiment été très importante pour cette année. En effet, le Monte-Carlo n'est pas un rallye comme les autres. C'est un rallye vraiment très compliqué, surtout pour les copilotes je pense, parce qu'il y a tout un tas de choses à gérer entre la multitude d'informations que l'on reçoit - et surtout celles des ouvreurs, avec lesquelles il faut arriver à corriger à temps les notes prises lors des reconnaissances pour partir dans la spéciale.

C'est vrai qu'avoir fait cette première année avec Stéphane m'a permis d'être beaucoup plus serein dans la façon d'aborder le rallye. On a pu travailler en amont, sur les notes en particulier. On s'est aussi servi de l'expérience qu'on avait de nos quelques séances d'essais avec la nouvelle voiture, l'année dernière, lors desquelles on avait réalisé qu'il fallait travailler énormément sur les notes pour être vraiment au maximum. Tout va plus vite dans les WRC 2017, donc les notes doivent être épurées parce que sinon, on n'aura pas le temps de tout dire entre les informations, les corrections des ouvreurs. On a beaucoup travaillé là-dessus pour qu'après, en arrivant sur le terrain, ce soit plus fluide et que le travail soit quand même bien "mâché".

Gabin Moreau, Citroën World Rally Team
Gabin Moreau, Citroën World Rally Team

Le déroulement de ce rallye nous inspire un sentiment un peu mitigé. Malheureusement, on s'est fait surprendre trois ou quatre kilomètres après le départ de la première spéciale [ES2, la première ayant été annulée], le jeudi soir. On a pu repartir en Rally 2 le lendemain, dans un état d'esprit visant à faire le maximum possible. Mais, c'est vrai, ce rallye ne commençait pas de la meilleure des façons pour nous.

Les spéciales du vendredi étaient relativement compliquées avec les conditions qu'on a trouvées. En fait, il y avait tout : de la neige et de la glace qui, au deuxième tour, se transformait un peu en soupe. De plus, quand la glace fond, cela complique encore les choses, et il y avait des pièges de partout. Nos ouvreurs, Alex Bengué et Thomas Chauffray, ont fait un boulot remarquable. Ils nous ont vraiment bien épaulés pendant le rallye.

Le vendredi, on a roulé correctement, et le samedi, on a retrouvé des conditions un peu similaires. Malheureusement, dans la première spéciale, on a eu une crevaison quatre ou cinq kilomètres avant l'arrivée, et dans la deuxième, un problème de direction assistée. L'après-midi, on a fait un assez bon chrono et là, on a commencé à reprendre un peu confiance. C'est un endroit qui nous avait réussi l'année dernière puisqu'on y avait signé un troisième temps quand la spéciale faisait 51 kilomètres, avant d'être séparée en deux secteurs chronométrés distincts cette année.

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team
Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

Dimanche matin, on a décidé de faire un choix de pneus un peu osé puisque d'après nos ouvreurs, une partie de la route était complètement sèche, alors que les infos de la météo étaient que la neige devait arriver pour le deuxième passage du Turini - et qu'il n'y en aurait pratiquement qu'au sommet. On est donc partis en pneus tendres, un peu plus durs que les supertendres choisis par la majorité des équipages.

On a fait une assez bonne journée puisqu'on a signé le meilleur temps lors du premier passage dans le Turini, une des spéciales un peu mythiques du championnat - tout le monde connaît le col de Turini. C'était vraiment une satisfaction, ainsi que de montrer le potentiel de la C3 WRC.

Dans la Power Stage, deuxième passage par le Turini, nous avons gardé cette monte, même si nous avions deux pneus neige dans le coffre. On était troisièmes sur la route, et c'est passé juste. Dans la montée, ça allait, mais dans les quatre ou cinq derniers kilomètres, on a trouvé de la neige et une route qui commençait à blanchir. Là, il fallait être super prudent et surtout ne pas commettre d'erreur. Avec les pneus tendres sur la neige, c'est quand même super tendu ! On a assuré les quatre, cinq derniers kilomètres, ce qui nous a permis de signer le deuxième temps et de récupérer quatre points de bonus au championnat.

Gabin Moreau, Citroën World Rally Team
Gabin Moreau, Citroën World Rally Team

Heureusement, à l'heure du bilan, qu'il y a eu cette journée de dimanche pour nous permettre de terminer le rallye sur une note positive, autant pour nous que pour l'équipe. Cela a été constructif car on a quand même appris pas mal de choses. Nous avons fait des erreurs, mais je pense qu'on apprend toujours de ses erreurs. Nous savons où nous en sommes aujourd'hui, et dans quel domaine il nous faut travailler. Nous allons nous donner les moyens d'y arriver. Le potentiel est là, la voiture est performante.

C'était le rallye le plus dur de la saison, je pense. Nous avons réussi à le terminer et à ramener quelques points constructeur. Maintenant, il faut se concentrer sur la suite de cette saison au cours de laquelle je vais disputer un bon nombre de manches pour la première fois. Il y a en même trois, en Argentine, au Mexique et en Sardaigne, pour lesquelles je n'ai jamais pris part aux reconnaissances. Découvertes et expériences ne manqueront pas, que je me ferai un plaisir de partager avec vous.

Rendez-vous après la Suède !

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Ford pourrait revenir officiellement en WRC
Article suivant Édito - L'homologation de la Polo 2017, un passe-droit pour VW ?

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France