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Oliver Ciesla - "La discipline est très importante en France"

Troisième et dernière partie de l'interview exclusive accordée à Motorsport.com par le promoteur du WRC.

Sébastien Ogier et Julien Ingrassia, Volkswagen Polo WRC, Volkswagen Motorsport

Photo de: Red Bull Content Pool

 

Quel est l’avenir du WRC en France ? 

Sans aucun doute, la discipline est importante en France. Il y a tant de fans, sans parler de l’engagement de la Fédération française du sport automobile et du nombre de talents très jeunes que l’on y trouve et qui représentent une très, très grande contribution à notre sport.

Le suivi des télévisions a toujours été assez important, tout comme le soutien de L’Équipe, aujourd’hui. Tout est plus accessible désormais, en France. On a réussi à offrir l’accès à WRC+ récemment [début 2015]. Le retour que nous recevons de France, aussi bien sur les audiences télé que sur le digital, est renversant. C’est clairement un endroit très fort, très traditionnel pour le championnat.

Le retour en Corse, cette année, coche la case de la tradition pour le WRC tout en gardant à l’œil le développement. Car apparemment, il est moins coûteux et plus simple d’organiser un rallye pour le public dans l’Hexagone plutôt que de devoir aller sur une île. C’est vrai que ça peut repousser certains fans. C’est aussi important pour les constructeurs et le Parc, pour l’engagement avec les fans. Si vous avez un lieu d’hospitalité et que vous invitez des centaines de journalistes et d’invités, ça crée une ruche de passage et de business. C’est ce que nous voulons.

Apparemment, il est moins coûteux et plus simple d’organiser un rallye pour le public dans l’Hexagone plutôt que de devoir aller sur une île. C’est vrai que ça peut repousser certains fans.

Oliver Ciesla

Cela ne se fait pas de la même façon sur un lieu insulaire, et c’est la même chose en Sardaigne. Il faut donc trouver un équilibre entre la protection des évènements traditionnels, qui ont eux-mêmes leurs atouts pour le calendrier, et des éléments plus orientés vers le business – lesquels pourraient, qui sait, eux aussi être pris en considération dans l'avenir pour mettre en place le calendrier.

Mais c’est une discussion intéressante avec la France et d’autres lieux, car nous avons des entreprises et des endroits intéressés par l’accueil d’une manche du WRC. Plus que le calendrier ne peut en accueillir. C’est donc une situation de “luxe”. Et ça nous montre que le WRC est sur le bon chemin. La demande est supérieure à ce qu’on peut délivrer. C’est bien! Notre travail est de nous assurer que dans l'avenir, nous puissions trouver le bon mix entre évènements représentant la tradition du sport, mais aussi d’autres opportunités de croissance.

Est-il possible de trouver cette croissance en faisant de certains évènements déjà traditionnels des évènements encore plus grands dans le calendrier, en créant presque des “marques” comme l’est Le Mans en WEC, mais dont l’inconvénient est qu’il peut être difficile de promouvoir les autres rendez-vous de la saison? Peut-on imaginer une vitrine comme le Monte-Carlo ou la Finlande de façon à permettre à d’autres manches plus corporate de s’installer tranquillement?

Oui et non! Vous mettez sur le doigt sur un point très important. Car plus un évènement est unique, plus la marque WRC se consolide et en tire profit. Le Monte-Carlo est une grande marque. C’est vrai que si j’ai cinq à sept épreuves uniques qui sont des grands évènements en solo sous mon toit, le championnat a plus de valeur! Imaginez la Champions’ League avec le Bayern Munich et le PSG d’un côté, et la même compétition avec des clubs de deuxième division de l’autre! Donc, plus les marques individuelles sont fortes, plus le championnat est fort. C’est la même chose pour les constructeurs et les pilotes : plus il y aura de héros et de stars, plus il y aura de pilotes populaires, et plus le championnat rayonnera. 

Nous aidons les promoteurs des rallyes à avoir plus de visibilité, nous protégeons certains droits télé dans les pays pour que le rallye ne se retrouve pas sur des canaux payants. 

Oliver Ciesla

Que pouvons-nous faire en tant que promoteurs pour développer les évènements individuels comme de grandes marques? C’est ce que nous commençons à faire. Il y a beaucoup de choses que nous essayons d’identifier : qu’est-ce qui définit un rallye, quelles sont ses particularités qui en font quelque chose d’unique par rapport aux autres? Regardez un lieu comme Colin’s Crest, avec de la glace et de la neige! Il y a ce long saut dans la neige, assez unique. On s’assure que ce soit bien mis en valeur à la télé, avec du direct. Ça construit la marque. On utilise le nom très souvent dans la communication. Ce genre de chose est identifié pour chaque événement, qu’il s’agisse de la cérémonie d’ouverture à Guanajuato – un évènement vraiment spectaculaire en soi –, qu’il s’agisse du Col du Turini, qui est aussi un nom fort en rallye, de Colin’s Crest aujourd’hui ou peut-être Panzerplatte (Allemagne)… Il y a beaucoup de choses que l’on peut extraire et promouvoir avec le bénéfice pour nous que l’évènement entier s’établisse comme une marque dans notre calendrier. 

Et cela n’annihilerait pas les autres produits que vous créez ailleurs? Ça ne créerait pas un championnat à deux vitesses avec des évènements “affaiblis”?

Je pense à la marque WRC. Et des évènements bien établis nous aideraient aussi à établir d’autres bons évènements! Ils ne cannibaliseraient pas les autres. Bien sûr, on ne peut pas développer de nombreuses marques comme ça, ne nous faisons pas d’illusions. Et tout cela dépend aussi de la contribution des constructeurs, qui peuvent influencer cela. Mais on peut essayer.

Il s’agit d’une stratégie sur le long terme. Le retour que j’ai de nombreux évènements, en tant que promoteur, est que ce concept fonctionne pour eux. Il est important que les constructeurs aient un retour sur investissement. Et pour les évènements, il faut combler les fans. On donne donc aux promoteurs plus de sécurité, plus de planification, en confirmant le calendrier plus tôt. Nous les aidons à avoir plus de visibilité, nous protégeons certains droits télé dans les pays pour que le rallye ne se retrouve pas sur des canaux payants. Nous faisons beaucoup de choses pour les évènements qui commencent à payer en retour. Beaucoup utilisent cette structure pour améliorer la structure d’hospitalité, les opportunités de sponsoring, etc. Ils commencent à accroître leur retour sur investissement. Et plus ils sont satisfaits, plus ils peuvent réinvestir dans le championnat, ce qui est bon pour nous. Et le mot circule que ça marche bien pour les évènements, donc plus de promoteurs viennent frapper à la porte et demandent : “Comment faire pour accueillir une manche dans mon pays?”

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