Timo Mäkinen, premier des Finlandais Volants, n'est plus
Un des premiers spécimens de ceux qu'on a appelés les Finlandais Volants, et le premier à collectionner les succès internationaux, est décédé jeudi à l'âge de 79 ans.
Photo de: LAT Images
Les livres d'Histoire des rallyes rappelleront en priorité les hat-tricks du pilote né à Helsinki sur le Rallye des 1000 Lacs, chez lui, et le RAC Rally. Clairement un homme habitué à faire les choses en triple, il a également remporté trois titres consécutifs en Championnat de Finlande.
Mais il y a beaucoup plus chez Mäkinen que les résultats seuls. Malheureusement pour lui, son époque a précédé d'une décennie et quelque la création du Championnat du monde des Rallyes. Si les instances dirigeantes s'étaient décidées un peu plus rapidement, il y aurait certainement plus d'un Mäkinen (avec Tommi, quatre fois titré de 1996 à 1999 et aucun lien de parenté), au palmarès.
Mäkinen vivait à une époque différente, et dans une ère très différente d'aujourd'hui. Il était l'archétype du Finlandais illuminant les spéciales puis faisant son débriefing... au bar. Il avait débuté avec son frère Harri pour copilote et une Triumph TR3. Leurs premiers 1000 Lacs se déroulèrent bien et leur valurent une troisième place de catégorie – juste derrière deux Saab aux mains de jeunes hommes nommés Erik Carlsson et Rauno Aaltonen...
Sa première sortie internationale fut le RAC Rally (aujourd'hui appelé plus prosaïquement Rallye de Grande-Bretagne) en 1962, pour lequel Stuart Turner lui confia une Mini Cooper officielle. Alors team manager de BMC, celui-ci se souvient de la façon originale dont Mäkinen lui avait été présenté.
"Le concessionnaire Morris d'Helsinki m'a appelé à mon bureau d'Abingdon", raconte l'Anglais. "Il m'a dit qu'il soutenait un jeune gars et que ça lui ferait de la publicité si je pouvais lui trouver un volant pour le RAC 1962."
Le jeune pilote remercia Turner de sa confiance en remportant sa catégorie.
Déception à Monte-Carlo
Mäkinen fut alors engagé pour un programme mixte avec des Mini et des Austin Healey 3000 en 1963. La première grande victoire survint en 1964 dans le Rallye des Tulipes, aux Pays-Bas, avant un succès assez extraordinaire au Monte-Carlo pour lancer la saison suivante. Copiloté par Paul Easter, Mäkinen détruisit l'adversité sur une 1275S Groupe 3. Son plus proche rival, Eugen Bohringer sur Porsche 904, termina à 20 minutes...
Mäkinen s'imposa une seconde fois de suite au Monte-Carlo en 1966, mais la victoire lui fut retirée sur tapis vert après une curieuse et célèbre histoire liée aux phares des Mini. Elle revint à Pauli Toivonen, le père d'Henri, mais le pilote Citroën ne la considéra jamais comme la sienne.
Trois Mille Lacs de suite
La peine due à l'interprétation faite par l'Automobile Club de Monaco fut légèrement soulagée par un second succès consécutif aux 1000 Lacs, plus tard en cette année 1966. Ayant douché les espoirs de hat-trick entretenus par son compatriote Simo Lampinen, Mäkinen allait devenir un an plus tard le premier pilote à réaliser une telle série de trois victoires consécutives. Et comme si ce triomphe de 1967 ne lui suffisait pas, Mäkinen parcourut la moitié de la redoutable spéciale d'Ouninpohja avec le capot de sa Mini Cooper relevé, les attaches ayant cédé !
De Mini à Ford
Les Mini en glisse devinrent une sorte d'image de marque pour l'homme qui, avec Aaltonen, fut un pionnier du freinage pied gauche. Avec seulement 100 chevaux sous le pied droit, il vit rarement le besoin de "lever" une fois maîtrisé l'art de diriger la voiture avec l'arrière...
Quand BMC ferma ses portes en 1968, Turner s'en alla chez Ford et emmena avec lui Mäkinen. Le passage à une Escort RS1600 aurait pu altérer ses résultats, mais celui-ci disposait enfin d'une voiture ayant la puissance et le potentiel pour lui permettre de montrer son talent indiscutable. C'est avec l'ovale bleu que Mäkinen domina le RAC entre 1973 et 1975.
Copiloté par Jean Todt
Perdant sa place en 1977 au profit de Björn Waldegård , qui allait remporter deux ans plus tard le tout premier titre mondial des pilotes, Mäkinen poursuivit sa carrière mais passa du statut de sprinter ultime à celui de spécialiste des épreuves longue distance. Avec Jean Todt à ses côtés dans le baquet de droite d'un coupé 504, ils devint un habitué de ces épreuves marathons qu'étaient les rallyes africains type Safari ou Côte d'Ivoire, dont Peugeot s'était fait une spécialité.
Toujours prêt à s'amuser, Mäkinen voulait tout essayer du moment qu'il y ait un moteur. C'est dans cet esprit qu'il remporta une course off-shore en 1969, mais pas avant d'avoir convaincu le constructeur du hors-bord de lui mettre un troisième V8 dans le dos. Deux n'auraient sans doute pas suffi...
Les Finlandais Volants ont dominé des années durant les rallyes, mais ont commencé à gagner avec Mäkinen. Il en était le moule. Jeudi 4 mai, c'est une légende de la discipline qui s'est éteinte.
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