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Rea est l'un des "cinq meilleurs pilotes au monde" pour son chef mécanicien

Pere Riba, chef mécanicien de Jonathan Rea et proche du sextuple Champion du monde du WorldSBK, a confié à Motorsport.com les secrets de la domination de son pilote.

Jonathan Rea, Kawasaki Racing Team

Jonathan Rea, Kawasaki Racing Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Une saison 2020 très troublée par la pandémie de coronavirus n'a pas empêché Jonathan Rea de continuer à écrire sa légende en WorldSBK, avec un sixième titre consécutif. Celui qui était un prétendant régulier au podium dans la première phase de sa carrière dans la catégorie, avec Honda, a profondément changé de dimension en rejoignant Kawasaki en 2015, décrochant le titre lors de chacune de ses saisons au guidon de la ZX-10RR.

Cette domination ne doit rien au hasard selon l'homme qui le connaît le mieux dans le championnat, son chef mécanicien Pere Riba. L'Espagnol, devenu un intime de Rea, estime que Kawasaki a su rassembler tous les éléments pour permettre au pilote de dominer ses adversaires.

"Beaucoup de choses entrent en jeu dans la course", a déclaré Riba lors d'une interview accordée à Motorsport.com. "On l'a vu dans l'histoire de la course. Il y a toujours trois éléments importants : la moto, le pilote et l'équipe. Depuis l'arrivée de Johnny, nous avons pu très bien réunir ces trois éléments. Par le passé, on a vu que le meilleur pilote ne pouvait pas gagner s'il n'a pas une bonne moto. Un bon exemple est le transfert de Valentino Rossi chez Ducati [pour les saisons 2011 et 2012 du MotoGP]. Rossi n'a pas gagné alors qu'il était le pilote le plus rapide, ou l'un des plus rapides."

"Chez nous, ces trois éléments sont bons. Quand Johnny est arrivé en 2015, notre machine était déjà assez mature. Nous arrivions déjà assez bien à exploiter le potentiel de la moto. Johnny a compris assez vite comment adapter son style de pilotage pour être rapide sur notre moto."

Rea est lui-même un acteur de cette réussite selon Riba, permettant à Kawasaki de progresser : "Il n'y a pas grand-chose à dire au sujet de Johnny. C'est le meilleur pilote du paddock. Il nous a aidés à progresser sur les deux autres points – l'équipe et la moto – à travers de bons commentaires et une bonne direction dans le développement, il aide à améliorer la moto."

Ses capacités sont absolument impressionnantes. À mes yeux, Jonathan fait partie des cinq meilleurs pilotes au monde, même en comptant le MotoGP.

Pere Riba, chef mécanicien de Jonathan Rea

Présent en WorldSBK depuis 2009, Jonathan Rea est devenu l'homme fort de la catégorie mais il s'est également illustré en MotoGP au cours de son bref passage en 2012, quand il a disputé deux courses pour Honda en remplacement de Casey Stoner, blessé. Par la suite, le pilote nord-irlandais est plusieurs fois passé proche d'un transfert en MotoGP, discutant avec Ducati Pramac en 2014 puis avec d'autres équipes en 2018. Pere Riba est convaincu que son pilote aurait pu s'imposer en MotoGP, grâce à une impressionnante capacité d'adaptation.

"Si Jonathan était passé en MotoGP il y a deux ou trois ans, avec un bon contrat dans une bonne équipe, il aurait aussi été devant. Je le sais. Quand il s'agit des détails, Jonathan est impressionnant. Cela se voit dès le premier tour d'une séance. Il a une très bonne sensibilité qui, associée à ses capacités, lui permet de faire des chronos fous dès le premier tour. Dans des conditions difficiles, il est trois ou quatre secondes devant tous les autres pilotes. C'est très dur à faire, mais dans ces conditions, le talent du pilote s'exprime."

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"Johnny parle à sa moto comme à une amie, c'est une relation très intime. Il comprend tout très vite. C'est un aspect. Le deuxième aspect est son talent naturel. Ses capacités sont absolument impressionnantes. À mes yeux, Jonathan fait partie des cinq meilleurs pilotes au monde, même en comptant le MotoGP."

Et Pere Riba estime que Jonathan Rea n'a pas encore tout montré. Le leader de Kawasaki continue à gagner en régularité, ce qui l'aide à engranger les points nécessaires, et il est toujours enclin à améliorer ses performances durant un week-end de course, acceptant facilement les critiques grâce à une atmosphère saine dans l'équipe.

"Johnny progresse année après année", souligne Riba. "Il a mûri et il a appris à mieux gérer certaines situations. C'est très important en WorldSBK. Il y a trois courses par week-end, donc beaucoup de points à prendre. C'est très important pour remporter un championnat. Il faut finir les courses et décrocher de bons résultats. Il faut gérer des conditions différentes, qu'il pleuve ou que ce soit sec, qu'il fasse froid ou chaud."

"À bien des égards, Johnny est le meilleur pilote. Il y a beaucoup de pilotes rapides, mais pour gagner un championnat, il faut être intelligent, finir beaucoup de courses et être bon dans des conditions variées. L'équipe travaille en bonne intelligence et évidemment, on essaie d'éviter la moindre petite erreur. On essaie d'exploiter chaque situation du mieux possible. Parfois, je peux lui dire qu'il ne pilote pas bien. En tant que Champion du monde, il l'accepte et me demande ce qui ne va pas, je lui dis, virage après virage, et il travaille sur lui."

"Notre façon de communiquer est très bonne, propre et directe. Nous ne nous mettons jamais en colère. Cette relation très étroite fait une grosse différence. Nous discutons toujours, mais ce sont toujours des discussions positives. Parfois, l'un de nous deux se montre plus critique, c'est normal."

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Riba salue l'approche de son pilote, suffisamment humble pour savoir se remettre en question : "Johnny continue à progresser. Après six ans, il a encore des choses à apprendre. C'est l'une des principales forces de Johnny. [...] Il pourrait dire qu'il a gagné six titres et qu'il n'a plus rien à apprendre mais non, il est très ouvert à la nouveauté. Dans le monde de la course, beaucoup de gens ont de gros egos et pensent être le meilleur, mais c'est faux. Je peux tout dire à Johnny et il est prêt à apprendre et à progresser. C'est impressionnant."

Riba a refusé une offre d'un top team en MotoGP

Le travail de l'équipe Kawasaki, sur les circuits mais également dans les bureaux de développement, joue un rôle important dans les succès de Jonathan Rea. Pere Riba met en avant le "soutien important de l'usine", avec de grosses évolutions prévues cette année, mais aussi le désir de toute l'équipe de continuer à progresser.

"Nous, les gens qui l'entourons, sommes très ouverts et nous pouvons aussi continuer à apprendre. Nous voulons apprendre tous les jours. Si je me couche sans avoir appris quelque chose, je ne suis pas satisfait. C'est exactement la même chose avec Johnny."

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Jonathan Rea et l'équipe qui l'entoure sont devenus une véritable famille et Pere Riba a préféré rester dans cette ambiance, renonçant à une offre d'une équipe du MotoGP : "Oui j'en ai reçu une. Il y a aussi eu un top team, une équipe d'usine. Un de mes amis qui est là-bas m'a dit 'Pere, tu peux être l'un des meilleurs chefs mécaniciens, tu as le caractère et tu sais ce dont un pilote à besoin, tu arrives bien à gérer les gens'."

"Un chef mécanicien est un manager. Il coordonne plusieurs employés, dont le pilote. En MotoGP, il y a dix ingénieurs pour chaque pilote, qui analysent tout et font des suggestions au chef mécanicien. Un chef mécanicien doit pondérer toutes ces influences."

Propos recueillis par Sebastian Fränzschky 

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