Les pilotes Kawasaki défaits, mais soulagés

C'était la journée de tous les dangers pour les pilotes Kawasaki. Avec une pluie qui a rendu la piste détrempée lors des qualifications, Jonathan Rea et Tom Sykes avaient beaucoup à perdre. Mais il semblerait que, depuis la victoire incontestable du premier cité au Lausitzring il y a deux semaines sous la pluie, la Kawasaki ZX-10R soit devenue aussi performante sur le mouillé que sur le sec.

Preuve de cette aisance, Jonathan Rea signait sa première pole position depuis une éternité (la Thaïlande en mars 2015), avec plus d'une demi-seconde d'avance sur son propre équipier. Tom Sykes était en effet particulièrement soulagé d'avoir retrouvé un feeling confortable sur sa monture, lui qui est tombé sous la pluie d'Assen et du Lausitzring cette saison.

Quelques heures plus tard, le ciel avait changé du tout au tout, avec désormais une pointe de ciel bleu qui allait s'accentuer lors des 21 tours de la Course 1. Dotés de pneus de type ''pluie'', les deux hommes prenaient quelques longueurs d'avance sur leurs rivaux au départ. Mais la piste s'asséchant, leur rythme s'avéra moins rapide que la MV Agusta de Leon Camier, ou l'Aprilia de Lorenzo Savadori. C'est à la mi-course que les mécaniciens des Verts accueillirent simultanément Rea et Sykes aux stands, pour chausser les gommes pour piste sèche. Relâchés en 9e et 10 position, les deux adversaires pour le titre mondial se sont ensuite livrés un duel parfois rugueux, comme en atteste la frayeur du Champion sortant Rea lors d'un freinage trop appuyé.

Menacé, Sykes décidait d'essorer la poignée de gaz dans le dernier tiers d'épreuve. En franchissant la ligne sur les talons de Michael Van der Mark (3e), le porteur du numéro 66 avait relégué son partenaire à huit secondes ! Un rush final louable mais peu bénéfique ; il ne reprend que trois points à son camarade d'écurie. "C'était vraiment une course délicate", explique Sykes. "Quelques pilotes sont partis avec les ''intermédiaires'' ; d'autres en ''pluie'', comme moi. J'ai pris cette option car je voulais rester prudent en début d'épreuve. J'ai réalisé un bon retour dans le groupe de tête finalement. On a juste manqué de temps, mais c'est la course. Je pense que nous avons fait une bonne course, étant donné le temps perdu aux stands pour changer de gommes.''

Rea assure et reste prudent

Sykes cherchera à grimper d'une ou deux marches sur le podium demain pour la dernière course du meeting français. ''Je suis ravi d'avoir été sur le podium, dans ces conditions cela aurait pu tourner différemment. J'espère que la piste sera sèche pour dimanche, mais nous sommes préparés à rouler, peu importe le temps. Mais il est vrai qu'aujourd'hui, on ne pouvait pas avoir un set-up parfait, sur un circuit qui va en s'asséchant'', relate-t-il.

Son équipier Jonathan Rea a lui aussi effectué un solide retour dans le haut du panier dans les ultimes tours. Il préserve une avance confortable de 44 unités au championnat. "C'était une course stratégique'', explique le poleman. ''Malheureusement, nous n'étions pas sur la bonne option ! La moto fonctionnait bien durant les premiers tours ; j'étais patient, je me contentais de suivre le rythme de Tom.''

Un regret pour le Britannique toutefois, sa gestion de l'arrêt aux stands. ''Je suis juste un peu déçu de moi-même car je n'ai pas demandé des pneus slicks aux stands. Je n'avais pas entière confiance en ces gommes, et je croyais que les pneus ''intermédiaires'' allaient durer plus longtemps vu que l'asphalte prenait du temps à sécher. J'ai eu du mal à trouver le même niveau d'adhérence que Tom.''

''Tout compte fait, je suis satisfait de ma 4e position, car je n'ai pas perdu trop de terrain au classement malgré quelques petites erreurs. Avoir le rôle de leader au championnat m'a demandé de choisir une attitude conservatrice aujourd'hui, plutôt que d'être agressif.'' Une course de moins vers un second titre mondial, donc...