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Les marques du WSBK - Ducatissimo

De la 851 à la Panigale, impossible de dissocier la marque italienne du Championnat du monde Superbike. Avec ses triomphes inégalés, Ducati a tissé les bases de sa légende dans la catégorie.

Célébration d'après-course : Troy Bayliss

Célébration d'après-course : Troy Bayliss

Diego De Col

Lorsque les responsables du tout nouveau Championnat du monde Superbike rendirent visite aux dirigeants de Bologne, la situation de Ducati n’était pas au mieux. Les ventes s’essoufflaient dans cette seconde partie des années 80 et il fallait une solution aux frères Castiglione pour sauver (ou presque) la seconde marque de leur propriété avec Cagiva.

Un coup de poker fut alors tenté, à savoir construire un modèle sportif et les 500 unités d’homologation qui allaient avec, pour s’afficher dans une compétition naissante et profiter ainsi des retours susceptibles sur les ventes.

C’est dans cette optique que la première Desmo fit son apparition aux mains du pilote du groupe, Marco Lucchinelli, qui signa une victoire dès 1988. Déjà pilote Cagiva en Grands Prix, le Français Raymond Roche céda à son tour au Superbike l’année suivante. Le Toulonnais mit une fois de plus son talent en avant et, avec cinq victoires, aligna le plus de succès cette année-là, mais la 851 demandait encore du travail, notamment sur le plan de la fiabilité afin de viser le titre.

Avec une victoire de plus en 1990, Roche devint Champion du monde et transforma le pari des Castiglione en succès.

Raymond Roche, Ducati
Raymond Roche

Le nouveau modèle 888 fit son apparition au début des années 90, tandis qu’une bonne partie du plateau Superbike s’équipait du twin de Bologne. Avantagé par une cylindrée supérieure face aux 4 cylindres japonais, le bicylindre de 1000cc était aussi la faiblesse de la machine et il fallait s’assurer d’avoir les bonnes ressources. Mais les avantages techniques consentis par le promoteur italien envers Ducati donnèrent aux Rouges une place privilégiée.

L’Américain Doug Polen prit la suite du Français pour deux titres consécutifs, grâce notamment au rusé Eraldo Ferraci, préparateur et team manager, même si Roche se classa deux fois deuxième en 1991 et 1992, derrière Polen.

En 1993 arriva ensuite un homme au parcours bien britannique. Pilote de circuit et de courses sur route, fraîchement titré en Endurance avec Kawasaki France, Carl Fogarty fut promu au rang d’officiel Ducati. Deuxième avec 11 victoires derrière Scott Russell qui n’en compta que cinq, Fogarty reprit le flambeau et commença à façonner son charisme. Il en profita même pour signer une victoire au North West 200 cette même année avec la 888.

Redoutable en piste et revanchard face à Russell, Foggy planta son premier tire en 1994 avec une nouvelle machine qui affichait un design sans égal : la fameuse 916 dessinée par le génial Massimo Tamburini !

Carl et Michaela Fogarty, Ducati
Carl et Michaela Fogarty

La machine Fogarty était alors en marche. Son second titre de 1995 fut sans appel puisque l’homme comptait 139 points d’avance, 13 victoires sur 24 courses, contre quatre succès pour son jeune coéquipier Troy Corser. Mais ce fut pourtant au tour de l’Australien de s’imposer l’année suivante et de continuer ainsi le parcours incroyable de Ducati. Associé à John Kocinski au cours de cette année 1996, il partit pour une expérience douloureuse en Grands Prix en 1997, année où Carl Fogarty revint chez Ducati après une année non concluante sur la Honda.

Sur le twin 916, l’Anglais retrouva sa place au sein de l’équipe dirigée par Virginio Ferrari et se classa second. En 1998 et 1999, il ajouta deux couronnes mondiales supplémentaires sur sa tête en pleine période de transition ; la section Ducati Corse était alors créée au cœur de l’usine bolognaise et dirigée par Claudio Domenicali.

Le jeune ingénieur est allé en immersion pendant quelques temps dans le garage Ferrari sur plusieurs Grands Prix de Formule 1, afin d’observer le fonctionnement de la Scuderia et ainsi s’en inspirer. L’homme à l’origine de cette incursion ne fut autre qu’Alan Jenkins, designer emblématique du paddock F1 des années 90, que Domenicali fera travailler ensuite sur la Desmosedici en MotoGP. Plusieurs ingénieurs et techniciens passés par Ducati Corse œuvrent aujourd’hui en MotoGP, comme Corrado Cecchinelli, l’homme en charge de la réglementation technique MotoGP et du boîtier unique.

Après Fogarty, l'ère Bayliss

En 2000, Carl Fogarty accueillit le rookie Ben Bostrom à ses côtés, mais ce début de saison signa aussi la fin de sa carrière. Lors de la seconde course australienne, le numéro 1 chuta à très haute vitesse au cours d’un dépassement étrange sur l’Autrichien Robert Ulm.

Les blessures contraignirent Fogarty à une longue convalescence et débuta dès lors le bal des remplaçants. Bostrom, dont l’objectif était d’appendre aux côtés du King, fut alors placé dans l’équipe NCR, très proche de l’usine, pour lui épargner toute pression inutile.

Plusieurs pilotes se relayèrent à ce guidon désormais vacant, comme Luca Cadalora à Donington, mais l’expérience fut un désastre. Puis Paolo Ciabatti aligna le Champion BSB en titre, Troy Bayliss, auteur de la pole à Daytona 200 et parfait inconnu. Bayliss jongla entre les USA, où il était engagé avec l’équipe Ducati Vance & Hines, et les circuits du Mondial, mais signa sa première victoire en Allemagne lors de sa troisième participation !

L’essai fut de nouveau transformé et une nouvelle page s’ouvrit suite à l’arrêt définitif de Fogarty, malgré une tentative de retour. Champion avec la 996 en 2001, Bayliss livra ce qui reste aujourd’hui encore la plus belle lutte pour le titre, et s’inclina face à Colin Edwards en 2002.

Bayliss, Xaus et Haga
Troy Bayliss, Ruben Xaus et Noriyuki Haga

Quand la 999 fit son entrée en 2003, Bayliss partit en MotoGP avec Capirossi, et le duo Neil Hodgson/Ruben Xaus assura la mission du titre. Le Britannique s’imposa facilement face à son coéquipier pour le statut de numéro un du championnat, puis fut imité la saison suivante par son compatriote James Toseland.

Ducati eut donc réussi son entrée dans le 21e siècle et comptait 11 titres pilotes en 2004, une année où Régis Laconi s’était mesuré à Toseland jusqu’au bout ; le numéro 52 étant devenu au passage le plus jeune Champion de l’histoire du Superbike. Laconi, lui, avait débuté sur Ducati l’année précédente au sein de l’équipe NCR, avant de rejoindre la structure officielle en signant sept victoires, soit quatre de plus que son voisin de garage qui fut le plus fort sur le dernier événement à Magny-Cours pour la première place au championnat.

Le duo continua en 2005 avec un peu plus de mal, puis Ducati accueillit de nouveau Troy Bayliss en 2006 avec Lorenzo Lanzi à ses côtés. L’année du retour fut généreuse avec Bayliss, qui enregistra 12 succès pour signer un nouveau titre, sans oublier la victoire historique en tant que wild-card en MotoGP ; et enfin une troisième couronne en 2008 avec la nouvelle 1098 Testastretta avant de tirer sa révérence.

Un nouveau titre passa tout proche d’être décroché pour Ducati par Noriyuki Haga fin 2009, la seconde occasion dans la carrière du Japonais, qui se classa second à six points derrière Ben Spies, et juste devant son coéquipier Michel Fabrizio. 2009 fut aussi la dernière saison de l’équipe d’usine en Superbike.

Carlos Checa
Carlos Checa

Après dix ans d’efforts en interne, Ducati confia l’exploitation de ses motos à l’équipe Althea et à Carlos Checa. Malgré la mise sur le marché de la nouvelle Panigale, les équipes de Bologne continuèrent de développer en piste la 1098, ce qui permit à Checa de décrocher la couronne 2011.

La Panigale, quant à elle, débuta en 2013 avec l’équipe belge Alstare alors que Ducati passait sous bannière allemande à travers le rachat par l’empire VW. L’association ne fut pas des plus heureuses et la moto pas encore digne d’une telle succession de victoires et de titres. Ce fut également la dernière saison de Carlos Checa.

Bologne reprit le contrôle de la situation en 2014 pour entamer une remontée dans la hiérarchie où le Superbike était alors sous l’emprise de Kawasaki et Aprilia.

Si la situation resta quasi identique ces deux dernières saisons, Ducati a travaillé d’arrache-pied pour remonter et faire que la 1198 Panigale se hisse à la hauteur de sa rivale verte. Pari réussi en 2016.

Avec le duo Davies/Melandri très ambitieux à l’assaut de 2017, Borgo Panigale veut transformer la belle campagne de 2016 et aller chercher une 15e couronne pilotes, une 18e côté constructeurs, et ainsi perpétuer sa légende à travers des machines au design si singulier et drapées dans leur robe rouge.

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