Interview

Le patron d'Althea tire la sonnette d'alarme sur l'avenir du WSBK

Le patron du team Althea Racing, qui avait mené Carlos Checa au titre en 2011, tape du poing sur la table et menace de quitter le WSBK si le règlement ne change pas.

Jonathan Rea, Kawasaki Racing

Jonathan Rea, Kawasaki Racing

Toni Börner

Genesio Bevilacqua, le directeur du team Althea Racing, n'a pas sa langue dans sa poche et lorsque Motorsport.com aborde avec lui l'épineuse question du règlement WSBK, il nous livre son sentiment avec franchise.

Son analyse est celle d'un patron d'équipe qui a réussi à remporter un titre mondial avec une structure privée, l'une des références du championnat. Il prend clairement position contre la situation actuelle du World Superbike, qui risque selon lui de plonger si l'on n'intervient pas rapidement.

Genesio Bevilacqua, directeur du team Althea Racing
Genesio Bevilacqua

La mi-saison est toujours l'occasion de discuter du règlement technique pour identifier ce qui pourrait apporter un meilleur équilibre par rapport au règlement actuel. Quelle est votre position sur cette question ?

Il ne faut pas se laisser tromper par ce qui s'est passé sur la Course 2 de Misano, car ça a été l'exception, pas la norme. Aujourd'hui le Superbike est prévisible, les gens viennent sur le circuit en sachant qu'il y a 99% de chances pour que ce soient toujours les mêmes pilotes et les mêmes marques qui se jouent la victoire. Cette situation doit cesser, sinon c'est la fin.

Vous pointez du doigt Kawasaki en particulier ?

J'estime que Kawasaki suit son intérêt. Ils ont construit une excellente moto, ils ont un pilote plus fort, c'est normal qu'ils gagnent. Mais je pense que le moment est venu de voir plus loin. Cette situation plait à un certain manager qui se vante de victoires pour maintenir son salaire, mais si ce petit jeu se termine, il se termine aussi pour lui. Je voudrais parler avec les responsables des constructeurs pour comprendre si cette situation leur convient.

Je pense que le moment est venu de faire preuve d'un peu de courage. Quel sens cela a-t-il d'avoir un plateau qui s'affaiblit toujours plus ? Et c'est un problème qui ne concerne pas uniquement le Superbike, mais aussi le Supersport. Je pense que je témoigne au nom de plusieurs réalités, pas seulement la mienne. Je dois préciser que j'ai obtenu de l'attention de la part de la Dorna, mais il n'est plus temps de discuter, il faut agir.

Xavi Fores, Barni Racing Team, prend la tête au départ

Quelle est la recette ?

Avant toute chose, laissez-moi dire que je ne pense pas que l'ECU unique sera la solution. Cela peut faire partie d'une intervention plus complexe, mais ce ne doit pas être vu comme la seule chose à faire. Il faut en revanche appliquer un règlement Superstock, avec des gommes slicks et des systèmes de freins à la hauteur pour des questions de sécurité, et alors nous aurions un championnat qui ferait des étincelles. Je prends un exemple : aujourd'hui les Superstock tournent environ 2" – 2"5 plus lentement que les Superbike ; mettons Rea sur la moto de Razgatlioglu, vous pensez qu'il ne pourrait pas tourner une seconde plus vite ? Nous aurions des performances proches, mais beaucoup plus de spectacle, avec de nombreuses motos en mesure de gagner comme cela arrive déjà en Superstock 1000. De plus, on donnerait plus d'importance au pilote qui, avec des valeurs techniques plus équilibrées, pourrait vraiment faire la différence.

Avec un règlement Superstock, les coûts s'abaisseraient et les équipes disposant de moins de budget auraient aussi la possibilité d'offrir un salaire important à un pilote de pointe.

Il faut recommencer à penser que le Superbike doit être le championnat des équipes et non des constructeurs. Il n'y a pas de place pour deux disciplines de haut niveau. Aujourd'hui, comment fait un pilote comme Rea pour être intéressé à l'idée de courir avec Althea ? Demain, il pourrait l'être, étant donné qu'il pourrait avoir ses chances [malgré tout]. Si j'ai la possibilité de dépenser plus pour un pilote, alors un sponsor pourrait aussi être plus intéressé. Et avec une plus grande compétitivité, on peut plus facilement avoir une exposition télévisée. Je préfère dépenser pour un pilote que pour un carénage en carbone… J'ajouterais même qu'en adoptant un règlement Superstock, et donc en équilibrant le niveau, on en arriverait à améliorer la grille en n'ayant que des pilotes de bon niveau, en ajoutant aux dix ou 12 pilotes qui font déjà office de référence les six ou huit meilleurs du Superstock.

Dit comme cela, cela pourrait conduire à l'élimination du Superstock 1000…

Et pas seulement. Le Supersport devrait aussi adopter un règlement Superstock, en devenant une sorte de Moto2 des dérivées de la série, et en maintenant le Supersport 300 comme catégorie d'entrée.

On risque cependant d'appauvrir le championnat, qui vit beaucoup grâce à la présence du public, et ce d'autant plus que les courses Superbike se disputent sur plusieurs jours.

Ma proposition est de donner de la place aux championnat monomarques. Je crois que sur ce point, les constructeurs peuvent être intéressés, avec un changement chaque année. Je le répète, il faut replacer le spectacle, et non plus le développement technologique, au centre. J'ajoute une chose : à quoi cela sert-il de dépenser plus de trois millions d'euros, comme nous le faisons nous, si le championnat prend l'eau de toutes parts ? Si ça continue comme cela, j'irai voir la Dorna, je rendrai les clés et j'irai faire autre chose.

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