WSS - La délivrance pour Cluzel, Sofuoglu à terre

 La manche française du Championnat du monde Supersport revêtait un intérêt particulier. En arrivant dans la Nièvre, Kenan Sofuoglu pouvait décrocher son cinquième titre dans la discipline. Dôté de 53 points d'avance sur son plus proche adversaire Randy Krummenacher, le porteur du numéro 1 avait de grandes chances de mettre un terme à la lutte pour la couronne.

Comme de coutume avec le Turc, les choses se sont présentées à son avantage dès les essais. Auteur du meilleur temps lors des trois séances d'Essais Libres, puis des qualifications et enfin du warm-up, Sofuoglu n'avait d'autre objectif que la victoire à Magny-Cours. Sous un soleil relativement frais (16 degrés) et sur une piste sèche, le leader du classement général allait certainement prendre la poudre d'escampette dès les premiers kilomètres de course, comme ce fut le cas à de nombreuses reprises cette saison pour celui qui compte cinq victoires en neuf manches.

Sofuoglu se fait piéger

Mais en sports mécaniques, il ne faut jamais tirer de plans sur la comète ; c'est la leçon que nous aura enseignée le pilote Kawasaki. En effet, après un départ sans problème, Sofuoglu n'est pas parvenu à s'isoler à l'avant. Au contraire, après un tiers d'épreuve, il emmenait même dans son sillage cinq pilotes, tous plus affamés les uns que les autres : Niki Tuuli, Jules Cluzel, Gino Rea, Ayrton Badovini et Axel Bassani. Le high-side, spectaculaire mais sans gravité, de Gino Rea entraina une cassure au sein de ce groupe de tête. Cluzel, alors 2e, ne semblant pas en mesure de suivre la cadence, la messe paraissait être sur le point d'être prononcée en ce premier dimanche d'octobre.

Or, au 11e tour, l'on entendit un bruit de graviers étouffé en bord de piste. Une fois les caméras braquées sur la victime, la stupeur a saisi le garage du team Pedercini : Sofuoglu était tombé ! Impossible pour lui de reprendre sa route, la machine étant détruite. Une image extrêmement rare chez ce pilote expert dans la régularité, qui n'a pas dans ses habitudes de pousser la moto au-delà des limites.

''Je ne peux pas dire que j'attaquais franchement", estime le Turc. "Je pilotais facilement et de manière sécurisée. Les pneus étaient suffisamment en température après sept ou huit tours, et j'ai pensé pouvoir attaquer un peu. Honnêtement, je ne peux pas dire pourquoi j'ai chuté. Ce fut vraiment un crash inattendu. Je souhaitais gagner la course et le Championnat ici, mais c'est raté. Mais il reste deux manches et mes chances seront encore plus conséquentes à Jerez", explique-t-il. La remise du titre mondial devra attendre au minimum deux semaines à Jerez, puisque Krummenacher (5e), est revenu à 42 unités au championnat.

En parlant de lutte pour le titre, le troisième homme n'a pas défendu ses chances. PJ Jacobsen n'a parcouru que le premier secteur avant de chuter. "Je ne m'attendais pas à une telle fin", s'étonne l'Américain. "Perdre l'avant au premier tour n'est jamais une bonne chose, et ce n'est pas ce dont nous avions besoin. Il faut comprendre notre problème avec la performance sur le sec."

L'explosion de joie pour Cluzel

Sofuoglu à terre, la victoire allait se décider entre le nouveau-venu Niki Tuuli (2e au Lausitzring) et le revenant Jules Cluzel (3e en Allemagne). Ce dernier se fit une grosse frayeur au guidon de sa MV Agusta et dut céder le commandement à son rival finlandais. Celui-ci allait-il décrocher son premier succès mondial ? La réponse était en suspens jusqu'au dernier tour.

Cluzel, sur une machine en manque évident de vitesse, retarda au maximum son freinage à l'épingle d'Adélaïde. Le public se mit debout, acclama son favori, et frissonna lorsque Tuuli tenta de contre-attaquer quelques courbes plus loin. Malheureusement pour lui, il prit un abonnement pour le 2e rang, et laissa Cluzel remporter la mise, sous les applaudissements des spectateurs !

Pour le Français, cette victoire sonne comme une revanche sur une saison pourrie par des ennuis mécaniques et un manque de performance. "C'est trop bon de gagner, c'est trop bon, c'est magnifique", répète à l'envie le pilote au 12 succès en Supersport. "J'ai presque pleuré durant mon tour de parade, j'étais à la limite sur chaque virage ! J'ai attaqué très fort, j'ai vraiment tout donné car je perdais beaucoup de temps ; je pense d'ailleurs que c'était flagrant sur les images TV."

Pour son dauphin, le jeune et talentueux Niki Tuuli, le podium est une belle récompense. "Le week-end n'était pas facile (il s'était qualifié 7e, ndlr). Je n'aimais pas rouler sous la pluie hier, et vendredi j'ai même chuté. J'ai eu quelques difficultés avec mes pneus pendant quelques tours. Vers le milieu de la course, j'étais le plus rapide, mais Cluzel était bien meilleur sur les freins. J'ai fait du mieux possible, mais il m'a doublé", explique le Finlandais, qui se place au 13e rang avec 40 points inscrits en deux manches !

Sur la dernière marche du podium, on retrouve pour la deuxième fois de l'année Ayrton Badovini et sa Honda. L'Italien a livré une rude bataille avec son compatriote Alex Bassani durant la majeure partie des opérations. "C'est mon premier podium acquis sur piste sèche après la Malaisie, je suis satisfait. Mon pneu avant était complètement détruit à l'arrivée."

WSS - Magny-Cours - Course