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Édito : le WTCC remet les compteurs à zéro en 2017

Le départ de l'équipe officielle Citroën fin 2016 a considérablement rebattu les cartes en WTCC, un championnat qui s'apprête finalement à vivre une saison plus ouverte que jamais.

Rob Huff, All-Inkl Motorsport, Citroën C-Elysée WTCC; Tiago Monteiro, Honda Racing Team JAS, Honda Civic WTCC; Thed Björk, Polestar Cyan Racing, Volvo S60 Polestar TC1

Photo de: FIA WTCC

Et si la saison 2017, qui s'ouvrira le 9 avril à Marrakech, s'avérait l'une des plus enthousiasmantes de l'histoire du Championnat WTCC ? Alors que la discipline sera privée de ses figures les plus emblématiques, et qu'elle voit arriver de nouvelles têtes, nombreux sont les éléments qui feront de cette campagne l'une des plus indécises et les plus disputées depuis le lancement du championnat en 2005.

Après la mainmise de l'équipe Chevrolet de 2010 à 2013, le Championnat du monde de Supertourisme a en effet vécu l'écrasante domination de l'équipe Citroën de 2014 à 2016, les C-Elysée faisant la pluie et le beau temps dans la discipline, avec de surcroît un José María López absolument intouchable, et sacré sans réel rival trois années de rang.

L'annonce de l'arrêt du programme WTCC de la marque aux chevrons l'an dernier avait été perçue comme un gros coup dur pour la discipline, qui devait encore composer avec le départ de l'équipe officielle Lada, laissant Honda et Volvo dos-à-dos pour 2017, alors que l'incertitude planait encore sur la présence de nombreux concurrents privés.

Certes, avec 16 concurrents au départ de la première course à Marrakech le 9 avril (nombre minimum pour ne pas risquer l'annulation d'une épreuve), le plateau 2017 peut paraître quelque peu maigrichon. Mais il ne manque pas d'attrait.

Honda dans la peau du favori ?

Du côté des équipes d'usine, Honda fait désormais figure de favori pour le titre. Le constructeur japonais, dont le programme WTCC est géré par l'équipe italienne JAS Motorsport, est maintenant débarrassé de son bourreau Citroën, et semble avoir les mains libres pour décrocher le titre qu'il attend depuis sa première saison en 2013.

D'autant que, avec Tiago Monteiro et Norbert Michelisz, Honda dispose de deux pilotes de tout premier ordre, aptes à jouer les premiers rôles, et à fédérer les efforts de l'ensemble des membres de l'équipe autour de leurs personnes, secondés par le nouveau venu Ryo Michigami, auteur de débuts prometteurs sur la Civic l'an passé au Japon.

Tiago Monteiro, Honda Racing Team JAS, Honda Civic WTCC

Reste que les Honda Civic sont apparues quelque peu en retrait la semaine dernière à Monza, à l'occasion des deux seules journées de tests collectifs avant l'ouverture du championnat. L'équipe Honda affiche-t-elle un réel déficit, ou a-t-elle simplement suivi son programme d'essais sans rechercher la performance ?

Volvo veut passer la vitesse supérieure

En face, Volvo visera également le titre en 2017. Le constructeur suédois a débarqué l'an passé en WTCC avec de hautes ambitions sur le long terme, mais avec également la ferme intention de suivre son tableau de marche, et de prendre patiemment ses marques.

Après une première saison riche en enseignements, et une première victoire grâce à Thed Björk à Shanghai en fin d'année – à la faveur d'un lest de performance favorable, il est vrai –, les Scandinaves ont passé la vitesse supérieure en 2017 en accentuant leur effort, avec cette fois trois voitures au départ. Avec le pilote maison Thed Björk, mais également l'Argentin Nestor Girolami et le Néerlandais Nick Catsburg, transfuge de chez Lada, Volvo peut compter sur un trio performant, dont elle devra toutefois gérer les égos et les ambitions respectives, ce qui constituera peut-être son point faible face à la cohésion au sein du clan Honda.

Pour atteindre ses objectifs, Volvo s'est également alloué les services d'Yvan Muller, le quadruple Champion du monde de la discipline officiant en tant que pilote de développement, et senior advisor. Si le clan suédois manque d'expérience à ce niveau par rapport à Honda, les S60 ont effectué des progrès notables durant l'hiver, et semblent avoir comblé une grande partie de leur déficit de performances face à leurs rivales japonaises.

Les Citroën privées peuvent-elles faire plier les équipes d'usine ?

Mais les équipes d'usine devront assurément composer avec les Citroën C-Elysée privées, qui défendront désormais seules l'honneur du constructeur tricolore. Fort d'un partenariat engagé depuis 2014 avec Citroën, et une proximité naturelle avec la maison-mère pour des raisons évidentes, le Sébastien Loeb Racing peut caresser l'espoir de s'immiscer dans la lutte pour le titre.

Mehdi Bennani, Sébastien Loeb Racing, Citroën C-Elysée WTCC

D'autant que son fer de lance, le Marocain Mehdi Bennani, a remporté le titre des pilotes indépendants l'an passé et qu'il aborde sa troisième saison avec la structure alsacienne. À ses côtés, Tom Chilton a désormais pris la pleine mesure de la C-Elysée qu'il a découvert l'an passé, et le pilote britannique, auteur de performances remarquées en fin de saison dernière, entend bien lui aussi se mêler à la fête, d'autant qu'il sera affûté par son programme parallèle en BTCC. Le jeune Corse John Filippi constituera le troisième homme du SLR, qu'il intègre pour la première fois cette année.

Pourtant, la menace la plus sérieuse semble venir d'une autre Citroën privée, celle récemment acquise par le Münnich Motorsport, et confiée rien moins qu'au Champion du monde 2012 Rob Huff, ex-pensionnaire de l'équipe Honda l'an passé. Le Britannique a clairement montré ses ambitions lors des essais collectifs à Monza, en signant le meilleur temps des deux journées. Intox ? Il faudra assurément compter avec le pilote anglais, qui n'a manqué aucune saison du WTCC depuis 2005. 

Ehrlacher et Panis, les héritiers

Mais le championnat WTCC 2017, ce sont aussi de belles histoires. S'il a pris sa retraite de pilote à l'issue de la saison dernière, Yvan Muller aura l'opportunité d'assister, depuis le stand Volvo, aux débuts en mondial de tourisme de… son neveu Yann Ehrlacher, 20 ans à peine, fils de l'ancienne championne automobile Cathy Muller et de l'ancien footballeur professionnel Yves Ehrlacher. Le jeune Alsacien, titré en Mitjet Deux Litres et en Championnat de France de Supertourisme par le passé, s'est déjà fait remarquer au volant de sa Lada privée du RC Motorsport lors des essais de Monza, en signant le troisième meilleur chrono de la deuxième journée. À suivre de très près. Tout comme la seconde Lada à venir après Marrakech, pour un pilote encore à annoncer, et qui pourrait être une autre figure emblématique de la discipline.

L'autre belle histoire, c'est la présence également d'Aurélien Panis, le fils de l'ancien pilote de F1 Olivier Panis, et qui effectuera ses débuts en WTCC au volant d'une Honda Civic privée du Zengo Motorsport. Aurélien Panis, protagoniste l'an passé du championnat V8 3.5, disposera même du soutien officiel de l'équipe japonaise, et bénéficiera des dernières évolutions sur sa Civic, alors que Zoltan Zengo, qui avait formé Norbert Michelisz, continuera à jouer la carte nationale avec le jeune Daniel Nagy.

Rob Huff, All-Inkl Motorsport, Citroën C-Elysée WTCC

Esteban Guerrieri et Tom Coronel, les trublions

On citera encore la présence d'Esteban Guerrieri, le fougueux argentin qui s'est distingué en formules de promotion sur le continent européen, et qui avait effectué une pige de haut vol sur la Chevrolet Cruze du Campos Racing l'an passé à Termas de Rio Hondo, dominant toutes les séances d'essais avant de se voir privé de la pole position suite à une pénalité. Nul doute que le natif de Buenos Aires saura mettre... l'ambiance dans le peloton !

Sans oublier l'incontournable Tom Coronel, le fantasque pilote néerlandais, roi de la communication et des réseaux sociaux, capable du pire comme du meilleur, et encore une fois au départ au volant de sa Chevrolet Cruze du ROAL Motorsports pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans.

Monza et Macao, deux monuments de retour au calendrier

Enfin, si les fans français regretteront l'absence de l'étape du Castellet au calendrier (ainsi que celle, moins préjudiciable, du Slovakiaring), on se réjouira du retour de deux circuits historiques du WTCC : Monza, théâtre de la deuxième manche de la saison, et le terrible et envoûtant circuit de Macao, qui constituera l'avant-dernier rendez-vous de l'année, effectuant son retour au calendrier après deux ans d'absence.

Deux équipes d'usine de niveau a priori égal, des Citroën privées prêtes à jouer les premiers rôles, de jeunes talents en devenir, et des personnalités fortes : tous les ingrédients sont ainsi réunis pour une campagne 2017 de WTCC des plus prometteuses. 

Alors, on dit merci qui ? Merci Citroën...

Et vivement Marrakech.

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