Muller - "Il faut y aller et espérer que ça passe"

E.R. - Le Castellet - Ces deux dernières saisons, Yvan Muller a vu ses chances de titre compromises dès la première course, en raison de faits de course qui l'ont à chaque fois contraint par la suite à courir après le score. En 2014 à Marrakech, le quadruple champion du monde était la victime innocente de l'accrochage au départ entre la Honda de Mehdi Bennani et la Chevrolet de Tom Coronel. Contraint à l'abandon, il connaissait d'entrée un déficit de points conséquents sur ses équipiers d'alors, José Maria Lopez et Sébastien Loeb.

Scénario sensiblement différent l'an passé, mais le résultat était le même puisque, jugé coupable d'un accrochage avec la Citroën privée Mehdi Bennani (encore lui) lors de l'ouverture en Argentine, il était frappé d'une pénalité qui le rétrogradait hors des points, et était encore sanctionné de cinq places sur la grille pour la course suivante à Marrakech.

Les deux fois, Muller parvenait à combler une partie de son retard au fil de la saison, mais ne pouvait au final empêcher José Maria Lopez d'être sacré, tant en 2014 qu'en 2015.

Autant dire que le pilote français entend bien se sortir sans encombre de la manche d'ouverture de la saison 2016 ce weekend sur le Castellet. Seulement voilà : la nouvelle réglementation technique impose maintenant aux pilotes de s'élancer dans l'ordre inverse du top 10 des qualifications pour la course 1, et non plus pour la course 2, comme c'était le cas auparavant.

Le risque existe donc pour Muller, troisième des qualifications et donc 8^e sur la grille pour la première manche, d'être pris dans la bagarre du premier tour, un accident pouvant même se muer en double peine, avec le risque de ne pouvoir prendre le départ de la course suivante. C'est le lot des hommes forts du championnat, comme également le poleman José Maria Lopez (Citroën) et le 2^e Tiago Monteiro (Honda), qui partiront 10^e et 9^e de la première course.

On peut prendre toutes les précautions possibles, mais si tu t'en prends un dans la g…, tu ne peux pas forcément faire grand chose pour l'éviter.

Yvan Muller.

Pour autant, Muller entend bien se lancer dans la bataille sans retenue. "On ne peut pas éviter la mêlée", confie Muller à Motorsport.com. "On peut prendre toutes les précautions possibles, mais si tu t'en prends un dans la g…, tu ne peux pas forcément faire grand chose pour l'éviter, comme ça m'est arrivé il y a deux ans à Marrakech. A un moment donné il faut y aller et espérer que ça passe".

Autre difficulté, cette fois propre aux pilotes Citroën, le lest de 80 kg qui leur est imposé par le règlement pour les deux premières courses, et qui se fera ressentir encore plus durement en course.

"Sur une longueur de course ça l'est encore plus qu'en qualification c'est évident, et l'usure sera plus prématurée avec des pneus neufs", poursuit Muller. "Quoiqu'il arrive il faut attaquer au moins les deux premiers tours. Ensuite, selon où tu te situes dans le peloton, tu en gardes sous le pied ou pas. On l'habitude de cela, on a déjà connu ça avec des lests de 60 kg, ça fait 20 kg de plus mais ça va dans le même sens."

Pour autant, le surpoids des C-Elysée ne les a pas empêché de briller en qualifications, avec la pole de Lopez et le 3^e temps de Muller, malgré les craintes exprimées par les deux pilotes en début de meeting.

"Honnêtement on est surpris de pouvoir rester devant", conclut le quadruple champion du monde. "Par rapport aux simulations que nous avions fait durant l'hiver, si tout le monde progressait de la même manière on savait que c'était jouable. Mais ce n'était que de l'extrapolation, la concurrence avait une marge de progression plus importante que la nôtre. A priori, on a progressé pareil. 80 kg, ça reste tout de même handicapant, mais pas assez pour nous empêcher de faire la pole visiblement".