Sébastien Loeb et Citroën, l'étonnante séparation
L'information la plus importante de la journée, parmi les annonces faites par Citroën ce jeudi - qui ont fait suite à celle de Peugeot la veille - est bien le divorce consommé entre la marque aux chevrons et son pilote fétiche.
Photo de: Citroën Communication
Sébastien Loeb et Citroën, l'équipe mais aussi le constructeur, c'était pourtant du solide. Unis pour la vie qu'ils semblaient être. Et ce depuis la fin du siècle dernier.
Unis au point que quand il avait fallu trancher, en 2011, entre celui qui était alors en route pour un huitième titre mondial et son coéquipier jugé par lui quelque peu encombrant mais qui incarnait l'avenir – on parle bien sûr de Sébastien Ogier, et d'une cohabitation devenue impossible entre eux –, c'est le plus jeune qui avait été sacrifié au profit de celui qui allait devenir un véritable ambassadeur de la marque.
Au point également que, quand une saison plus tard seulement, ce dernier a émis le désir de courir sur circuit et jeté son dévolu sur le Championnat du Monde des voitures de tourisme (WTCC), l'équipe lui a aussitôt emboîté le pas. Sans que l'on sache avec exactitude quelles répercussions l'ajout de ce programme officiel a pu avoir en termes de moyens sur celui du WRC, le fait est que cela n'a forcément pas pu se faire sans incidence sur une équipe qui faisait figure de référence dans sa catégorie... pour finalement interrompre le programme de Loeb en WTCC un avant avant son terme.
Tout porte à croire que les retombées n'ont pas été à la hauteur de celles du Mondial des rallyes. Loeb n'a pas dominé de la façon dont il avait pu le faire tant d'années durant sur les spéciales, ce qu'on ne pouvait attendre de lui face à des spécialistes comme ses équipiers José-Maria Lopez et Yvan Muller - pour ne citer qu'eux, tant la domination des C-Elysée a été sans partage ces deux dernières saisons.
S'il n'a pas démérité, loin s'en faut, celui qui avait été plusieurs fois élu sportif préféré des Français a disparu petit à petit des écrans publicitaires et des plateaux de télévision qu'il lui arrivait de visiter. Fallait-il y voir les signes d'une erreur de stratégie ?
Citroën a annoncé que Loeb ne ferait plus partie de ses effectifs du WTCC en 2016 le jour même où a été confirmée l'implication en WRC avec une toute nouvelle voiture, répondant à la nouvelle réglementation technique 2017, l'année suivante. Implication dans laquelle Loeb ne jouera aucun rôle, puisque l'intéressé lui-même s'est dit surpris de ne plus faire partie des plans.
On s'étonne en effet qu'il ne soit en rien partie prenante dans le nouveau départ de Citroën en WRC, pourquoi pas comme pilote de développement - même si l'on pourrait comprendre qu'il n'en ait plus très envie - puis dans un rôle d'encadrement. Ce qu'attendrait sans doute, en somme, ce grand public achetant des voitures et auprès duquel la marque avait fait de lui son ambassadeur.
À court terme, les deux parties se privent aussi d'éventuelles apparitions au coup par coup qui, quel que soit le résultat face à l'épouvantail Volkswagen et un certain Sébastien Ogier, vaudraient sans aucun doute bien plus en termes de retombées qu'une éventuelle victoire en WTCC contre des équipes moins bien dotées.
“Sébastien Loeb reste pilote et ambassadeur du groupe PSA Peugeot Citroën et met désormais son talent au service de la marque Peugeot après 15 années consacrées à Citroën,” a réaffirmé Yves Matton, le Directeur de Citroën Racing interrogé par Motorsport.com, par l'intermédiaire du service communication de l'équipe. “Il n’est pas prévu qu’il continue à être impliqué avec Citroën.”
Faut-il voir dans tout cela la griffe du cousin Peugeot, qui aurait souhaité disposer de sa nouvelle recrue pour lui tout seul? Ou un signe de la rivalité entre les deux entités, à l'heure où leur rapprochement sur la seule base de Satory ne fait pas que des heureux? Le changement de direction à la tête de Citroën depuis 2011? Loeb a-t-il lui-même exclu de repartir, dans un rôle ou un autre, en rallye alors que la marque n'avait que cela à lui proposer puisqu'elle réduisait la voilure en WTCC avant de s'en aller fin 2016?
On a l'étrange impression que l'Alsacien se retrouve aujourd'hui avec pour programme principal une saison en rallyes-raids qui n'était pas forcément sa priorité, lui qui rêvait de circuit - même si une source proche du pilote a dit à Motorsport.com qu'il semblait s'être vraiment pris au jeu.
Quelles que soient les réponses à toutes ces questions, et même si parler de gâchis serait sans doute trop fort, l'étonnante séparation entre Loeb et Citroën prend des allures de fin en queue de poisson.
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