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GP de Pau 1992 : dans l'antichambre de la F1

Voici un nouvel épisode exceptionnel des archives Duke Classic, que Motorsport.tv vous propose de revivre gratuitement. Flashback cette fois sur l'édition 1992 de l'emblématique Grand Prix de Pau, dont la course de F3000 méritait d'être attentivement observée afin d'y détecter de jeunes pilotes pouvant être promus en F1.

VIDÉO - F3000 : Grand Prix de Pau 1992

Rendez-vous populaire et incontournable au calendrier de F3000 dans les années 1980 et 1990, le Grand Prix de Pau a servi d'examen de passage pour bon nombre d'étoiles montantes rêvant de F1. Lors de l'édition 1992 que l'on retrouve dans cette vidéo issue de l'inestimable archive Duke, un certain Rubens Barrichello, mais aussi David Coulthard ou encore Olivier Panis étaient de la partie. Mais ce sont deux jeunes pilotes au parcours plus bref en F1 qui se sont chargés d'animer les avant-postes de cette course éprouvante, l'une des plus historiques au monde, disputée dans les rues de la capitale béarnaise.

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En ce début du mois de juin, la pluie avait beau menacer Pau, un franc soleil accueillait finalement le public, venu en masse assister aux passes d'armes des futures stars du sport auto. Connue pour être imprévisible, l'épreuve se courait sur un tracé immuable, l'un des très rares circuits urbains en Europe, réputé pour sa difficulté, notamment dans ses portions les plus bosselées. La correctionnelle menaçait à chaque chicane mal négociée, à chaque trottoir attaqué au mauvais moment, et les barrières et les murs de pneus attendaient les pilotes qui se seraient rendu coupables de la moindre imperfection.

Ils allaient être nombreux à l'apprendre à leurs dépens, seulement dix pilotes ralliant l'arrivée de la course F3000 cette année-là. Ainsi, si l'on trouvait notamment David Coulthard parmi les engagés, c'est dans le mur de pneus qu'il allait terminer sa course au bout du premier tiers des 72 tours prévus, emportant avec lui Laurent Aïello. Emmanuel Collard était également présent, mais lui aussi allait être contraint à l'abandon. Quant à Olivier Panis, il resta bloqué dès le départ du tour de chauffe et ne put en découdre. Parmi les autres Français engagés, c'est Jean-Marc Gounon qui était particulièrement suivi, lui qui s'était imposé l'année précédente et faisait partie des favoris. Seulement, sa Lola au moteur Cosworth, minoritaire par rapport aux Reynard qui trustaient le plateau cette année-là, apparaissait en difficulté dans les virages et à la relance et lui aussi allait finir par abandonner en fin de course, sans avoir pu jouer la gagne.

Ceux qui attirèrent finalement les projecteurs, ce furent Andrea Montermini et Emanuele Naspetti. Les deux Italiens se lancèrent dans un véritable mano a mano, qui débuta dès les qualifications lorsque Montermini s'empara de la pole position, en établissant au passage un nouveau record du circuit de Pau-Ville dans sa catégorie, une référence toujours en vigueur depuis. Se sentant malchanceux après avoir été gêné par le trafic, Naspetti avait perdu ce premier round mais il accompagnait tout de même son compatriote en première ligne. L'un visait clairement la victoire, l'autre en rêvait tout en sachant qu'il allait avoir fort à faire.

Solide poleman, Montermini s'empara des commandes dès l'extinction des feux. Il allait toutefois être longtemps marqué à la culotte par Naspetti et le vit se montrer pressant dans ses rétros. Le pilote Forti Corse ne trouvait pas d'ouverture, mais il ne cédait rien. Un temps, Michael Bartels (de retour en F3000 après un passage éclair en F1) s'accrocha au duo et parvint avec eux à faire le trou sur leurs poursuivants, un groupe alors emmené par Gounon. Lorsque les hommes de tête rattrapèrent les premiers retardataires, les deux leaders italiens se détachèrent définitivement et leur duel s'intensifia. En proie à la surchauffe de ses pneus avant dans le sillage de l'auto qui le devançait, Naspetti faisait osciller son rythme pour régulièrement refroidir ses gommes sur l'asphalte tout neuf de Pau avant de recoller à son rival, qu'il parvient ainsi à ne pas laisser s'échapper.

Naspetti ne lâchait rien et se prit à espérer que le trafic toujours plus dense dans lequel ils devaient se faufiler lui ouvrirait une porte. Se sentant plus rapide que Montermini, il l'attaqua finalement et c'est alors qu'il heurta l'arrière de la voiture de son rival et partit en tête-à-queue. Montermini lui aussi s'arrêta brièvement, suffisamment pour que Naspetti en profite en relançant son auto un instant plus tôt. Dans la foulée, le leader déchu se loupait dans le virage Foch, devant la fameuse statue du Maréchal, l'un des points névralgiques de la piste qui avait déjà piégé Coulthard précédemment. Il en escalada littéralement le trottoir, bien trop agressif pour ne pas foncer tout droit dans le mur de l'autre côté de la route. Si son auto ne présentait que peu de dégâts après la collision avec Naspetti, cette fois elle était trop amochée pour aller au bout et c'est dans une voie de dégagement que celui qui avait mené la quasi-totalité de la course trouva refuge, dépité.

Bien qu'il ait longuement fait office de référence durant ce week-end, le représentant de l'équipe Barone Rampante perdit tout à l'apogée de son duel avec Naspetti. Le pilote Forti, qui avait signé quatre victoires l'année précédente, tenait sa revanche alors qu'on l'avait soupçonné d'avoir été favorisé par l'utilisation d'un carburant spécial en 1991. "Je suis très content, car cette année nous avons tous le même carburant et avec cette victoire je veux montrer à tout le monde que celles de l'année dernière n'étaient pas dues au carburant ou à quelque chose comme ça, contrairement à ce certains ont dit", commentait-il, revanchard.

Luca Badoer, Team Crypton Reynard 92D Cosworth

Luca Badoer, Team Crypton Reynard 92D Cosworth

Photo de: Sutton Images

Olivier Panis, Lola T92/50 Cosworth DFV

Olivier Panis, Lola T92/50 Cosworth DFV

Photo de: Sutton Images

Plutôt isolé depuis un moment, Bartels récupéra la deuxième place après l'abandon de Montermini, alors que Barrichello, coéquipier de celui-ci, se hissait sur la troisième marche du podium. Novice à Pau, celui qui avait été titré dans le championnat britannique de Formule 2 l'année précédente allait conserver ce rang jusqu'au drapeau à damier et prit par la même occasion la tête du championnat.

Une fois le rendez-vous de Pau passé, chacun poursuivit sa quête de gloire en tentant de gravir les échelons. Naspetti rejoignit Barrichello en tête du championnat en s'imposant à Enna-Pergusa, mais la F1 l'appela finalement avant la fin de la saison. Il remplaça Paul Belmondo chez March, une écurie au sein de laquelle il allait être remplacé par Jean-Marc Gounon la saison suivante mais qui était surtout en fin de parcours et ne le mènerait pas dans la zone des points. En 1993, il devint pilote d'essai pour Jordan et disputa un dernier Grand Prix.

Montermini, qui courait en F3000 depuis 1990 et se classa deuxième du championnat cette année-là derrière Luca Badoer, possédait déjà une expérience en F1 grâce à des essais. Il aura testé pour Ferrari, Minardi, Scuderia Italia et Benetton, avant d'être recruté par Simtek afin de remplacer Roland Ratzenberger après sa mort en 1994. Dès son arrivée, il se blessa toutefois aux deux pieds et ce n'est que la saison suivante qu'il fit ses débuts en course, cette fois aligné par l'écurie Pacific, sans marquer de points. En 1996, il fut associé à Badoer chez Forti et disputa quatre derniers Grands Prix en F1. Barrichello, Coulthard et Panis étaient eux aussi arrivés en F1 entre-temps, dès lors engagés dans des carrières bien plus longues que ne furent celles de leurs anciens acolytes dans la catégorie reine.

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Cet épisode fait habituellement partie du contenu premium de Motorsport.tv, mais certaines des archives de Duke sont exceptionnellement mises à disposition gratuitement afin de vous aider à passer le temps de façon bien agréable pendant la période très inhabituelle que nous vivons tous. Si cela vous plaît, n'hésitez pas à visiter Motorsport.tv, où vous trouverez plus de 750 épisodes de la sorte, soit des milliers d'heures d'images exclusives ! Visitez la chaîne Duke Classic ici.

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