Dovizioso et Ducati : deux enjeux au championnat pour le clap de fin

Déception et frustration ont prédominé ces dernières semaines pour Andrea Dovizioso, mais à l'heure de son départ de Ducati l'attention reste focalisée sur un championnat qui peut encore enrichir quelque peu le bilan de cette modeste saison.

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Andrea Dovizioso s'apprête à mettre un terme cette semaine à huit ans d'union avec Ducati, en se présentant sur son dernier Grand Prix MotoGP avant d'entrer dans ce qu'il espère n'être qu'une année sabbatique. Outre la conclusion possible de sa carrière, c'est aussi la fin d'une saison plutôt morne pour le pilote italien, où il n'a décroché qu'une seule victoire et un autre podium. En dehors de ces deux succès, qui remontent à la première phase du championnat, il n'a engrangé que 84 points, ce qui équivaut à une huitième place moyenne en course − en excluant le GP de Catalogne où il a été involontairement envoyé au tapis au départ.

Il avait beau occuper la tête du championnat il y a encore deux mois, cela fait donc un bon moment que Dovizioso a senti le titre lui échapper, observateur frustré d'un classement particulièrement serré qui ne tournait pas à son avantage alors que la compétitivité digne du titre lui manquait. Résigné, celui qui aura été le plus gros rival de Marc Márquez ces trois dernières années a abordé la fin de saison avec un objectif plus réaliste, celui de se classer pour une quatrième année de suite dans le trio de tête du championnat.

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Avant le GP de Valence, il le pressentait encore "très compliqué", ne se sentant "pas vraiment en position de force" face aux quatre pilotes qui le devançaient (Quartararo, Rins, Viñales et Morbidelli) et aux deux qui, derrière, se rapprochaient régulièrement (Pol Espargaró et Nakagami). "On va pousser fort pour essayer de terminer parmi les trois premiers au championnat. Mais, franchement, on a tout le temps perdu des points, alors c'est un peu compliqué d'imaginer en récupérer", craignait-il, tout en tentant de garder espoir.

Après sa huitième place le week-end dernier, la cible reste possible pour Dovizioso, mais la situation s'est compliquée un peu plus encore puisque Morbidelli affiche désormais 17 points d'avance sur lui et Rins 13. Quant à l'écart global entre la deuxième et la septième position, il est à présent de 20 unités, et Dovizioso ne compte que 25 points de marge sur le dixième pilote classé, en l'occurrence Miguel Oliveira, très craint pour le GP du Portugal de cette semaine.

"J'ai hâte de reprendre la piste ce week-end à Portimão", assure le pilote Ducati. "Même si ça s'annonce difficile, on peut encore se battre pour la deuxième ou la troisième place du championnat, et ce serait formidable de terminer mon aventure avec Ducati et une saison si difficile en atteignant cet objectif. Ce sera ma dernière course sur la Desmosedici et ce sera certainement émouvant."

"On ne sait absolument pas si on pourra être compétitifs à Portimão", pointe-t-il, "mais on est sept pilotes en lutte entre la deuxième et la huitième place, alors il faut qu'on soit rapides. J'espère qu'on sera compétitifs, que les pneus se comporteront bien avec notre moto, parce que ce serait bien de finir parmi les trois premiers au championnat."

Dovizioso le concède, il n'est pas évident pour lui d'aborder cette fin de saison dans une position aussi peu favorable, lui qui aimerait pouvoir savourer ce qui sera peut-être son dernier Grand Prix cette semaine. À Valence, déjà, il admettait des sentiments "contrastés" en se présentant sur ces dernières courses de 2020, sans avoir de garanties de pouvoir faire son retour en 2022 comme il le souhaite.

"Il faudrait vraiment essayer de regarder les aspects positifs, de les savourer en pensant que ce pourraient être mes dernières courses. Mais c'est dur. C'est d'autant plus dur que ce qui prime ce sont les sensations que j'ai avec la moto, et c'est une situation qui n'est pas agréable. Je pourrais passer outre si j'étais rapide. Ça me complique un peu les choses, par rapport à la tranquillité et la sérénité avec lesquelles j'aimerais vivre ces deux dernières courses", admettait-il.

"C'est sûr que ce n'est pas bien de finir comme ça. Mais même dans cette saison difficile, où ma vitesse n'a pas été très bonne, on peut encore se battre pour la deuxième place. Je pense que ce sera dur, mais cela confirme qu'il faut avoir une bonne mentalité pour le championnat."

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Toujours des interrogations pour le championnat pilotes

Pour clore ce championnat mouvementé, Ducati peut encore viser le titre constructeurs, un classement dans lequel ses chances ont été relancées après les 50 points retirés à Yamaha il y a deux semaines et où elle est revenue à égalité de Suzuki le week-end dernier. Ces deux luttes au classement touchent toutefois à leur fin alors que Dovizioso continue de s'interroger sur l'absence de sanction infligée aux pilotes Yamaha dans l'affaire des soupapes, pour laquelle seuls le constructeurs et ses équipes ont été pénalisés, lui qui en est directement impacté.

Dans un contexte où trois pilotes Yamaha figurent dans le top 5 du championnat, Dovizioso avait fait écho notamment à Márquez lorsque la décision du panel de commissaire est tombée pour s'étonner de cette clémence à leur égard, et une semaine plus tard il ne comprenait toujours pas. "Je pense que c'est très étrange pour tout le monde. C'est la réalité. Certains le disent, d'autres non, mais tout le monde le pense. J'aimerais vraiment un peu mieux comprendre les détails, parce que s'ils ont fait une chose illégale, je ne pense pas que ce qui s'est passé soit normal", soulignait-il au début du GP de Valence.

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En quelques jours, le contexte s'était par ailleurs tendu, car l'enjeu sportif lié aux points conservés par les pilotes Yamaha s'accompagne d'une question économique loin d'être anodine, une place dans le top 3 du championnat étant synonyme de prime. Des rumeurs ayant laissé entendre que Ducati aurait été à l'origine de l'orientation prise par le panel de commissaires par le biais d'une proposition émise lors de la réunion de la MSMA organisée avant que la sanction soit actée, l'agent d'Andrea Dovizioso s'est ému de la possible responsabilité du constructeur italien dans la faible position de son pilote au classement.

"S'il était vrai que la proposition est partie de Ducati, ce serait une situation profondément embarrassante", avait ainsi fait savoir le week-end dernier Simone Battistella, manager du pilote italien, auprès de La Gazzetta dello Sport. Le conseil de Dovizioso regrettait par ailleurs de ne pas avoir été mis au courant de la teneur de la discussion à la MSMA et de la sentence des commissaires, autre point de tension compte tenu du fait qu'il n'était possible de faire appel que dans un délai d'une heure. Déplorant de possibles "conséquences importantes en termes de classement et d'un point de vue économique", il n'excluait pas un hypothétique recours judiciaire.

Andrea Dovizioso, lui, n'a pas souhaité commenter cette nouvelle évolution de l'affaire, arguant toujours vouloir avant tout comprendre les faits. "Si c'était illégal, tous ceux qui étaient dans l'illégalité [doivent recevoir] une pénalité. Mais je n'étais pas à cette réunion, je ne sais pas exactement ce que les équipes et les personnes présentes ont dit. Je ne suis pas impliqué là-dedans. Je ne connais pas les détails et je ne veux donc pas trop en parler, mais c'est sûr que c'est très étrange", martelait-il.

Paolo Ciabatti, pour sa part, a balayé des accusations jugées ubuesques par Ducati. "Cela n'a pas été une idée de Ducati, mais la recherche d'une position unanime afin de résoudre une situation qui traînait depuis longtemps. Les constructeurs ont communiqué à la direction technique, présente à la réunion, qu'il était attendu au minimum que les points constructeurs et teams soient retirés à Yamaha. Voilà la vérité", a fait savoir le directeur sportif de Ducati Corse, toujours dans à La Gazzetta dello Sport.

L'atmosphère est toujours tendue, donc, dans l'équipe Ducati, un contexte pas vraiment favorable à la sortie de scène sereine d'un des meilleurs pilotes de l'époque actuelle. Il reste à présent un Grand Prix pour tenter d'apaiser la situation en replaçant le sport au premier plan.

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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