Chez Alpine, la symbiose Enstone/Viry reste un travail en cours
Bruno Famin s'attaque à un chantier chez Alpine, et non des moindres : parfaire la cohésion entre Enstone et Viry-Châtillon.
Depuis 1995, les destins de l'écurie de Formule 1 basée à Enstone (qu'elle se nomme Benetton, Renault, Lotus ou Alpine) et du motoriste Renault à Viry-Châtillon sont inextricablement liés. Avec, lorsque le Losange a la main sur ces deux entités, ce paradoxe unique en Formule 1 : châssis et moteur conçus et produits dans deux pays différents, Royaume-Uni et France.
Bruno Famin, qui a justement pris la tête du département moteur d'Alpine en février 2022 avant d'être promu directeur d'équipe par intérim mi-juillet, a conscience que cette division représente actuellement une faiblesse, mais il va consacrer une grande partie de son énergie à améliorer la situation.
"Maintenant que cette saison est terminée, avec soit dit en passant une fin de saison très dure – cinq courses en six week-ends – je vais pouvoir dédier plus de temps aux usines", déclare Famin. "Je vais être bien plus souvent à Enstone ainsi qu'à Viry afin de transférer cet élan aux usines et de l'utiliser pour libérer le potentiel. Nous avons beaucoup de talents, et nous devons les aider à apporter des idées nouvelles pour le développement de la voiture mais aussi notre mode de travail. Et l'idée est de développer le potentiel de toute l'équipe, le potentiel de la voiture, d'obtenir une meilleure voiture et de meilleurs résultats."
"Je n'ai aucune idée du temps que ça va prendre, et je ne veux pas fixer d'objectif. Le but pour cet hiver et pour l'an prochain sera de développer cette attitude, cet état d'esprit, de changer la culture. Encore une fois, ce n'est pas Viry contre Enstone, c'est toute l'écurie ensemble. Continuer et accroître cette lancée afin de construire une meilleure équipe, une meilleure entreprise et de pouvoir développer une meilleure voiture. Alors le résultat viendra."
Je me rappelle que certains [...] me disaient : "On n'a qu'une équipe cliente maintenant". "Quoi ? Ce n'est pas une équipe cliente, c'est notre équipe, c'est notre écurie d'usine !"
Lorsqu'il a débarqué à Viry-Châtillon il y a un an et demi, Famin a été choqué par l'individualisme qui pouvait exister entre les deux sites de l'écurie. "Je me rappelle que certains – pas tout le monde – me disaient : 'On n'a qu'une équipe cliente maintenant'", relate le Français. "'Quoi ? Ce n'est pas une équipe cliente, c'est notre équipe, c'est notre écurie d'usine !'. Et quand je suis arrivé à Enstone, j'entendais parfois qu'on irait plus vite avec un moteur Mercedes. Certes, le moteur Mercedes vaut 15 kW [20 ch, ndlr] de plus sans aucun doute, mais avec un moteur Mercedes, il n'y aurait plus de projet, plus d'Enstone…"
Des ingénieurs Alpine au Grand Prix de Singapour
"C'est une histoire assez complexe, surtout entre Enstone et le groupe Renault, c'est la réalité. L'écurie a été vendue je ne sais combien de fois, achetée je ne sais combien de fois ! Et cela rend les choses difficiles, assurément. Mais vous savez, les relations entre l'usine moteur et l'usine châssis, on voit ça partout, ce n'est pas spécifique au projet Alpine. C'est un peu dissimulé, car s'il n'y a qu'une heure de route, c'est un peu différent."
"Mais je pense que cette bataille est une bonne bataille, car cela signifie que tout le monde veut le meilleur pour le projet. L'équipe moteur insiste pour avoir une température plus basse afin que le moteur fonctionne bien en toute sécurité, qu'il soit fiable, et les aérodynamiciens insistent pour que la température soit dans la fourchette haute afin d'avoir le moins de traînée possible [à cause des ouïes de refroidissement, ndlr]. Et c'est bon signe. Il faut que ce soit constructif et positif."
"Pendant le COVID, je pense que tout le monde a appris comment travailler ensemble à distance. Il est très important de se connaître bien mieux qu'à travers un écran, sans aucun doute. Et nous développons le contact direct. Mais grâce à Teams, à Zoom et au Cloud, il est très facile de travailler à distance. Je pense que tout le monde est maintenant convaincu que nous sommes une seule équipe, que nous avons le même projet et le même objectif."
Famin affirme que le personnel d'Enstone ne mentionne plus l'unité de puissance comme un maillon faible : "Je n'entends plus ça. C'est très clair. Après avoir parlé à énormément de gens à la suite du discours de M. De Meo, je peux vous dire que je suis sûr que plus personne ne va le mentionner, et tout le monde sait parfaitement ce que nous devons faire pour améliorer la voiture. Et ce n'est pas qu'une chose : ce n'est pas l'aéro, ce n'est pas le moteur, ce ne sont pas les pneus. C'est si concurrentiel qu'il faut être bon partout et faire en sorte que tout fonctionne bien ensemble. Tout le monde le sait, et tout le monde est concentré là-dessus. Et les gens à qui cela ne convient pas, ils sortent !"
Propos recueillis par Adam Cooper
Rejoignez la communauté Motorsport
Commentez cet articlePartager ou sauvegarder cet article
Meilleurs commentaires
Abonnez-vous pour accéder aux articles de Motorsport.com avec votre bloqueur de publicité.
De la Formule 1 au MotoGP, nous couvrons les plus grands championnats depuis les circuits parce que nous aimons notre sport, tout comme vous. Afin de continuer à vous faire vivre les sports mécaniques de l'intérieur avec des experts du milieu, notre site Internet affiche de la publicité. Nous souhaitons néanmoins vous donner la possibilité de profiter du site sans publicité et sans tracking, avec votre logiciel adblocker.