Chez Alpine, Fry n'a pas vu "la motivation à faire mieux que 4e"
S'exprimant pour la première fois depuis qu'il a quitté Alpine, Pat Fry dévoile les raisons qui l'ont poussé à rejoindre Williams en Formule 1.
Le 28 juillet, un curieux hasard de calendrier voulait que Williams annonce le recrutement de Pat Fry au poste de directeur technique, en provenance d'Alpine – précisément le jour où l'écurie franco-anglaise révélait le départ du directeur d'équipe Otmar Szafnauer et du directeur sportif Alan Permane.
Fry est l'un des ingénieurs les plus éminents en Formule 1, étant précédemment passé par Benetton, McLaren, Ferrari et Manor lors d'une carrière qui dure depuis 1987. C'est pour 2020 qu'il avait fait son retour au sein de la structure d'Enstone – retour qui aura donc duré moins de quatre ans, le Britannique n'ayant pas été convaincu par ce qu'il a vu dans cette écurie qui lui tenait pourtant à cœur.
"Avec le recul, pendant les trois premières années que j'y ai passées, nous avons grandement amélioré Enstone", estime Fry dans sa première prise de parole depuis l'annonce de son transfert. "D'une année sur l'autre, nous construisions une meilleure voiture. Si l'on met les trois voitures les unes à côté des autres, chacune représentait un énorme pas en avant. Le mérite revient à toute l'écurie, les divers départements collaboraient largement mieux. Je pense que tout le monde devrait être fier de ce que nous avons accompli pendant ces trois années."
"J'imagine que j'étais revenu là où j'avais commencé ma carrière afin d'essayer de reconstruire cette écurie. Et je pense que nous nous sommes très bien débrouillés. D'une lointaine cinquième place, nous sommes passés à une solide quatrième. Mais je n'ai pas ressenti l'enthousiasme ou la motivation à faire mieux que quatrième."
"J'ai décidé début mars que je voulais tirer les choses vers le haut, je ne veux pas rester là sans pouvoir faire les choses. Alors pour moi, le moment était venu d'arrêter et de tourner la page. L'entreprise n'était pas dans les bonnes dispositions pour travailler suffisamment dur. On peut dire qu'on veut être premier, mais la différence entre le dire et le réaliser est monumentale, comme nous le savons tous."
Pat Fry, directeur technique chez Williams
"À Enstone, le destin sur lequel nous avions la main, nous le maîtrisions. Et je pense que nous avons fait du bon travail. Je ne suis pas convaincu qu'Otmar ait eu une véritable chance de résoudre les problèmes de l'écurie, car dans une certaine mesure, métaphoriquement, il avait les mains liées, j'imagine."
"C'est toujours dommage de partir. Mais je crois que je les avais menés aussi loin que je le pouvais. Et il était temps pour moi de m'installer confortablement dans mon jardin !", sourit-il, faisant référence à la période contractuelle d'inactivité qu'il a dû respecter pendant trois mois avant de rejoindre sa nouvelle écurie, que l'on peut traduire littéralement de l'anglais par "congé de jardinage".
Ainsi, c'est le 1er novembre que Fry a pris ses fonctions à Grove, où le directeur d'équipe James Vowles a su trouver les mots pour le convaincre de s'engager dans ce projet.
"James me parlait depuis un petit moment, et ce n'est que quelques mois plus tard que j'ai décidé de venir ici. J'imagine que ce qui m'enthousiasme le plus quant à cette opportunité, c'est que le conseil d'administration soutient pleinement ce qui est nécessaire pour que l'écurie progresse. Ils ont la volonté d'investir ce qu'il faut et de nous soutenir dans la construction de l'écurie", estime Fry, ajoutant : "C'est ça qui m'enthousiasme : nous n'allons pas être limités quant à ce que nous pouvons accomplir."
"Et ça fait plaisir, n'est-ce pas, de reconstruire une vieille icône britannique [Williams a remporté sept titres des pilotes et neuf des constructeurs, tous au XXe siècle, ndlr]. C'est un peu comme mon point de vue romantique sur mon retour chez Benetton, pour les reconstruire", se remémore-t-il, étant passé à Enstone de 1987 à 1993 avant d'y faire son retour à l'aube de la saison 2020. "Là aussi [chez Williams], c'est une perspective enthousiasmante."
Propos recueillis par Adam Cooper
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