Comment s'est dessinée la victoire d'Ocon au GP de Hongrie

Le Grand Prix de Hongrie 2021 est une course très spéciale qui, sans nul doute, rejoint la liste des plus beaux GP de l'Histoire de la Formule 1. L'événement s'est divisé en trois intrigues, et toutes plongent leurs racines dans le spectaculaire carambolage du premier tour.

Esteban Ocon, Alpine A521

Tout a commencé par des averses tombant sur le Hungaroring à 30 minutes du départ, ce qui a totalement redistribué les cartes. Les migraines causées par le choix du bon pneumatique slick pour le premier relais ont fait place à de nouveaux maux de tête, cette fois-ci pour choisir le pneu sculpté. Fort heureusement pour les stratèges, la gomme intermédiaire s'est très vite imposée comme une évidence.

Même s'il a affirmé avoir "atteint la cible" du régime moteur en relâchant l'embrayage à l'extinction des feux, Valtteri Bottas, deuxième sur la grille, a complètement raté son envol, laissant Lewis Hamilton filer vers le premier virage et Max Verstappen, Sergio Pérez et Lando Norris l'avaler assez facilement. Sur le côté intérieur de la piste, le pilote Mercedes a ensuite "mal jugé le point de freinage", selon son propre aveu, et a heurté Norris, envoyant le Britannique s'échouer contre Verstappen. Avec une suspension avant gauche brisée, Bottas a également percuté Pérez. Et comme dans une partie de bowling, les quatre quilles ont glissé au-delà des limites de la piste, accompagnées par Pierre Gasly, qui tentait tant bien que mal d'éviter de perdre des morceaux de carbone.

Mais quelques secondes après que Bottas ait fait des ravages, Stroll en a rajouté une couche. "Une fois que l'incident en tête de peloton s'est produit, j'ai pris l'intérieur pour essayer d'éviter le contact, mais j'ai bloqué [les roues] au freinage", a expliqué le pilote Aston Martin.

Lorsqu'il est devenu clair pour le Canadien qu'il allait être impossible de négocier le premier virage, c'était déjà trop tard : Charles Leclerc, occupant désormais la deuxième position, se dressait sur son chemin. Le contact entre Stroll et la Ferrari a également provoqué le tête-à-queue de la McLaren de Daniel Ricciardo. Si ce dernier a pu s'en tirer en exécutant un 180°, Stroll, Leclerc et Bottas sont tous restés sur le carreau.

Les voitures immobilisées (Sergio Pérez s'ajoutant à la liste des abandons en s'arrêtant sur la piste à l'approche du virage 12) et le champ de débris au premier virage ont poussé la direction de course à réagir, et donc à brandir le drapeau rouge.

Si nous n'avions pas été autorisés à communiquer, l'issue aurait probablement été différente.

Esteban Ocon

Hamilton a été le premier homme à entrer dans la voie des stands, suivi d'Ocon, principal bénéficiaire du chaos du premier virage, et Sebastian Vettel. L'Allemand s'est estimé "chanceux" d'avoir pris un "très mauvais départ" car, selon toute vraisemblance, un départ correct l'aurait placé au cœur de la série d'accidents du premier virage. Plus loin dans la file, Max Verstappen, en 13e position, était désemparé. Pour la deuxième fois en deux courses, une Mercedes est allée au contact avec lui. Et même s'il a cette fois-ci pu continuer sa route, sa monoplace montrait très nettement les stigmates des accrochages.

Ce premier tour a donc fait des heureux − Hamilton et Ocon étant les exemples les plus parlants − et des malheureux avec Verstappen et tous les autres pilotes ayant été impliqués dans le carambolage. Mais seuls trois tours avaient été couverts à cet instant, et 67 autres étaient encore au programme.

Ocon fait la course de sa vie

Il a fallu une demi-heure pour nettoyer la piste et voir apparaître de nouveau un grand soleil et le drapeau vert. En position de reprendre 25 points sur Verstappen et Red Bull, Mercedes a décidé de jouer la carte de la prudence en conservant les pneus intermédiaires malgré l'arrêt de la pluie. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant tous les autres rescapés imiter ce choix !

"Je pensais qu'en l'espace d'un tour, il était impossible que la piste sèche comme elle l'a fait", a indiqué Toto Wolff, à la tête de l'écurie Mercedes. Mais l'Autrichien s'est fourvoyé. En tête du cortège se dirigeant vers la grille pour le second départ, Hamilton a premièrement signalé à son stand que le tarmac séchait à vue d’œil, puis que sa direction "n'était pas droite", une sensation déjà détectée avant le premier départ. Et alors que Peter Bonnington, son ingénieur de course, tentait de comprendre les raisons de ce problème, les autres équipes s'agitaient dans la voie des stands.

Deuxièmes, Ocon et Alpine évoquaient la perspective d'un arrêt dès la fin du tour de formation, un dialogue autorisé par le règlement car, contrairement au premier tour de formation où le stand n'a pas le droit de passer des messages, ce second tour de formation était en réalité le quatrième tour de la course. L'équipe française a donc pu prendre sa décision stratégique l'esprit léger, même si la situation était particulièrement tendue.

"Si nous n'avions pas été autorisés à communiquer, l'issue aurait probablement été différente", a précisé Ocon. Car, lorsque Hamilton amenait lentement le peloton vers la grille de départ, Ocon et les 13 pilotes le suivant ont tous plongé dans la voie des stands pour chausser les pneus mediums slicks et prendre le second départ au bout de la pitlane.

"C'était plus surprenant [que tout le monde reste en intermédiaires à la fin du drapeau rouge] que de voir tout le peloton rentrer au stand", a déclaré Andrew Shovlin, ingénieur course en chef de Mercedes. "Quand vous êtes le premier garage, vous êtes désavantagés lorsque vous faites votre arrêt, car vous avez un train de voitures qui vous suivent et qui ont des emplacements plus loin dans la pitlane."

L'excès de prudence de Mercedes a été très vite sanctionné.

L'excès de prudence de Mercedes a été très vite sanctionné.

Wolff a expliqué que les calculs de Mercedes plaçaient Hamilton "à la sixième place dans le train des voitures entrant dans les stands". Ce n'était certainement pas idéal, mais cela aurait tout de même été plus intéressant que la 14e place occupée par le Britannique lorsqu'il quitta définitivement les pneus intermédiaires le tour suivant.

Alpine n'a pourtant pas été victime des embouteilles des stands, en grande partie grâce à un "super pitstop" loué par Ocon. Étant entré dans la voie des stands en premier, le Français aurait dû la quitter à cette même position sans un George Russell très gourmand, qui a remonté la file d'attente sans en avoir l'autorisation.

Après avoir demandé à son ingénieur, James Urwin, s'il pouvait doubler ses adversaires attendant que le feu passe au vert, Russell a été ordonné de ne pas le faire mais trop tard, le mal était fait. "On s'en fout, on y va", s'est-il dit en se glissant devant un Ocon au temps de réaction élevé car il n'avait "jamais pris le départ depuis la pitlane".

"Je pensais que [Russell] était autorisé à dépasser, donc je n'ai rien dit aux commissaires ou à l'équipe", a expliqué le Français, qui était "prêt à se battre" contre le pilote Williams. Finalement, cette lutte entre ancien et actuel pilotes Mercedes ne s'est pas produite, Williams ordonnant à Russell de rendre toutes les places qu'il avait gagnées dans les stands pour éviter la pénalité.

En entrant dans la voie des stands, Vettel a "attaqué très fort, probablement un peu trop", et a "bloqué l'arrière et déclenché l'anti-calage".

Le pari stratégique d'Alpine, risqué au premier abord, s'est avéré payant, et Ocon a été propulsé en tête avec le seul homme capable de lui barrer la route, Hamilton, bloqué en dernière position. "Je n'ai jamais vu [Hamilton] prendre une mauvaise décision, alors c'était un peu déchirant de devoir rentrer au stand en étant deuxième", a expliqué le Français. "Mais je suis heureux que nous l'ayons fait parce que ça nous a permis de nous échapper."

Mais un autre Champion du monde avait des vues sur la victoire : Sebastian Vettel. Jamais à plus de deux secondes au cours des 20 tours suivants, le pilote Aston Martin donnait tout pour "pousser à l'erreur" son adversaire.

Vettel n'a cessé de mettre la pression sur Ocon durant toute la course.

Vettel n'a cessé de mettre la pression sur Ocon durant toute la course.

Peu après le tiers de la distance, Alpine a demandé à Ocon, qui avait travaillé pour gérer la dégradation des pneus mediums, de "rouler à fond", selon le directeur sportif de l'équipe, Alan Permane. Le Français a donc porté son avance à plus de deux secondes, même s'il a ensuite dû lever le pied pour économiser du carburant, ce qui a permis de couvrir le plan d'Aston Martin.

En effet, Vettel s'était arrêté à la fin du 36e tour, mais avait commis une grosse erreur par la même occasion. En entrant dans la voie des stands, Vettel avait "attaqué très fort, probablement un peu trop", et avait "bloqué l'arrière et déclenché l'anti-calage". Sa glissade avait emmené l'AMR21 au-delà du marquage. Et selon Otmar Szafnauer, directeur d'équipe, le pistolet des mécaniciens avait "rebondi sur l'écrou de roue" en conséquence, faisant perdre près d'une seconde au pilote.

Et même si Vettel a attaqué "comme un fou sur le tour de sortie", Ocon est parvenu à garder la tête en effectuant son arrêt. Dès lors, il a creusé l'écart mais s'est fait une petite frayeur au moment de prendre un tour à Antonio Giovinazzi. En raison de l'air sale causé par le pilote italien, Vettel a pu recoller à son rival et l'attaquer au 49e tour. Une alerte sans conséquence pour le pilote Alpine, qui a ensuite "étiré l'écart dans les portions serrées, [là où] la voiture était incroyable".

Une seconde et neuf dixièmes. C'est l'écart qui séparait Ocon de son plus proche poursuivant sur la ligne d'arrivée. Une marge faible, certes, mais bonne pour offrir au pilote son premier succès en Grand Prix. Et l'erreur de pilotage qui n'est jamais venue pendant la course s'est finalement produite dans le tour de décélération, lorsqu'Ocon a oublié de regagner la voie des stands pour monter sur le podium !

"J'étais un peu plus rapide pendant la majeure partie de la course, mais Esteban n'a pas fait une seule erreur et je n'étais pas assez proche", a estimé Vettel à l'arrivée, quelques heures avant d'être disqualifié, sous réserve d'un éventuel appel d'Aston Martin, pour échantillon d'essence insuffisant : sa voiture n'avait plus que 0,3 litre de carburant à l'arrivée, soit 0,7 litre de moins que la quantité demandée par la FIA.

Ocon a offert au

Ocon a offert au "Team Enstone" sa première victoire depuis le succès de Lotus au GP d'Australie 2013.

Hamilton se bat pour remonter

Sorti des stands avec plusieurs secondes de retard sur un peloton encore compact, Hamilton a rapidement rattrapé Giovinazzi mais cinq tours ont été nécessaires pour se défaire du pilote Alfa Romeo. Après cela, Hamilton a rejoint la queue d'un petit train composé de Mick Schumacher, Verstappen et Gasly. Une fois l'obstacle Schumacher contourné, à la fin du 16e tour, le Britannique est devenu le pilote dictant la stratégie de ses adversaires en s'arrêtant pour effectuer un nouveau changement de pneus.

Ne souhaitant pas voir le rival remonter au classement, Red Bull a ordonné à Verstappen de s'arrêter à la fin du tour suivant. Mais une seule boucle était suffisante pour que l'undercut fonctionne : Hamilton a pu tranquillement effacer Verstappen et la McLaren de Ricciardo lors de leurs arrêts respectifs pour prendre la dixième position avec le champ libre. Un moment de la course particulièrement important pour Mercedes car, lors des 15 tours suivant, Hamilton a systématiquement repris une seconde par tour à Ocon, rendant une neuvième victoire sur le Hungaroring de plus en plus crédible.

À 20 tours de la fin, Esteban et Vettel se battaient et n'avaient que deux virages d'avance, et Lewis gagnait deux ou trois secondes par tour, c'était assez pour que [Mercedes] gagne la course.

Fernando Alonso

Mais l'élan de Hamilton a été partiellement stoppé lorsqu'il s'est heurté à Carlos Sainz, dans le top 5, qui avait fait l'overcut pour être dans cette position. Sentant que le pilote Ferrari allait être difficile à dépasser, Mercedes a de nouveau jeté les dés en programmant un nouvel arrêt au stand à la fin du 47e tour.

Une arrivée similaire à celle de l'édition 2019 du Grand Prix de Hongrie se profilait : en six tours, l'écart entre Hamilton et Ocon est passé de 22,7 secondes à 13,7 secondes. Avec une quinzaine de tours restants, il était évident que la victoire venait de basculer du côté de Mercedes. Mais c'était sans compter sur la variable Fernando Alonso dans cette équation.

La belle défense d'Alonso face à Hamilton a aidé à protéger le duo Ocon-Vettel.

La belle défense d'Alonso face à Hamilton a aidé à protéger le duo Ocon-Vettel.

Le coéquipier d'Ocon s'était lui aussi arrêté il y a peu et était prêt à doubler Carlos Sainz, troisième, avant que la Mercedes ne se joigne à la fête. "Je savais plus ou moins quelle était la situation de la course en regardant les écrans géants", a déclaré Alonso à propos du moment où la course est entrée dans sa phase finale. "À 20 tours de la fin, Esteban et Vettel se battaient et n'avaient que deux virages d'avance, et Lewis gagnait deux ou trois secondes par tour, c'était assez pour que [Mercedes] gagne la course."

Sans que son équipe ne lui dise quoi que ce soit, Alonso a compris quelle était sa nouvelle mission : affronter Hamilton. Au 55e tour, le septuple Champion du monde a porté une première attaque par l'extérieur dans le deuxième virage. Alonso a écarté sa trajectoire pour rester devant, obligeant son rival à prendre l'extérieur du rapide virage 4. Les risques étaient trop grands, Hamilton a levé le pied. Ce scénario s'est répété deux fois au cours des six tours suivants, avec un léger contact à l'approche du virage 4 lors de l'ultime escarmouche.

"Je savais que chaque tour où je pouvais garder [Hamilton] derrière moi, c'était de l'or en barre pour Esteban", a déclaré Alonso. Hamilton, quant à lui, était plus frustré : "En tant que double Champion du monde, [Alonso] est probablement l'un des pilotes les plus durs, mais [il est] juste. Je dirais qu'aujourd'hui, c'était un peu à la limite. [Mais] je comprends totalement et j'aurais fait la même chose pour mon équipe."

Toutefois, au 65e tour, le rempart Alonso s'est écroulé à la suite d'un blocage de roue au premier virage, ouvrant la voie pour un Hamilton qui n'en demandait pas tant. Bien qu'Alonso ait perdu cette bataille, Alpine venait de gagner la guerre contre Mercedes.

Hamilton accusait toujours un retard de près de dix secondes sur Ocon, et même si Sainz a été rapidement dépassé, il n'y avait pas assez de tours pour récupérer le commandement lâché après ce second départ en solo.

Certes, le pilote Mercedes a gâché une rare opportunité de reprendre 25 points sur son rival Verstappen mais il s'est remarquablement bien battu et n'a jamais relâché son effort pendant près de deux heures, il suffit de voir la cérémonie du podium pour le comprendre. Hamilton était particulièrement exténué après la course, si bien que "tout [était] devenu un peu flou", selon son propre aveu, et qu'une visite chez le médecin de l'équipe était nécessaire pour le remettre sur pied.

Verstappen au volant de "la moitié d'une voiture"

L'après-midi de Verstappen a pris un tournant pour le pire après le choc contre Norris au premier virage. Sa RB16B était fortement amochée mais capable de continuer. Mais il a fallu procéder à d'innombrables réparations de fortune pendant la suspension de la course, que ce soit au niveau du fond plat, des dérives latérales, de la carrosserie et même du moteur. En raison du temps imparti, il a fallu prioriser les éléments à réparer.

C'était quasiment impossible à piloter.

Max Verstappen

"Les températures étaient hors normes et [les mécaniciens] ont dû redresser les tuyaux et réparer le côté droit autant que possible dans un temps très court", a déclaré Horner, avant d'ajouter que l'équipe avait renvoyé en piste "la moitié d'une voiture". Au micro de Canal+, Verstappen a fait part de la difficulté à piloter une monoplace blessée : "Après ça, j'avais beaucoup de dégâts sur ma voiture, c'était quasiment impossible à piloter. Beaucoup de survirage, de sous-virage, donc c'est tout de même surprenant d'inscrire un point..."

Verstappen a dû s'y prendre à deux fois pour dépasser Schumacher.

Verstappen a dû s'y prendre à deux fois pour dépasser Schumacher.

Pour la première fois depuis le Grand Prix de Monaco, Verstappen a quitté un circuit de F1 sans occuper la tête du classement général. Mais le Néerlandais s'est tout de même bien battu en Hongrie et a pris part à deux batailles époustouflantes.

Premièrement, après avoir passé neuf tours bloqué derrière Schumacher en début de parcours, il a tenté une manœuvre de dépassement par l'extérieur dans le deuxième virage, en appuyant légèrement son ponton gauche contre la roue avant droite de la Haas VF-21. Ensuite, Verstappen s'est engagé dans une course-poursuite avec Ricciardo, qui s'est terminée à 11 tours de la fin par une manœuvre similaire, à l'extérieur du deuxième virage.

L'écart avec les Williams de Russell et Nicholas Latifi n'a pas pu être comblé à temps, laissant Verstappen couper la ligne d'arrivée à la dixième place, avant d'être reclassé neuvième à la suite de la disqualification de Vettel.

"Bien sûr, c'est vraiment décevant de ne marquer [que deux points] mais d'un autre côté, j'ai été incroyablement chanceux de pouvoir continuer après l'accident", a analysé Verstappen. "Donc, [finir dans les points] est une surprise, et c'est très important. Il y a la pause estivale maintenant, mais nous continuons d'attaquer. Nous n'abandonnerons jamais."

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