Quand Ecclestone se lâchait sur les jeunes, les femmes et les petits teams
Rétro : nous sommes en 2014 et à des années-lumière de la vision entretenue par Liberty Media depuis son rachat de la Formule 1 des mains de CVC et Bernie Ecclestone.
Aux commandes de la Formule 1, Bernie Ecclestone était un entrepreneur et un chef d’orchestre hors pair pour l’époque dans laquelle il dirigea le Formula One Circus, également connu sous le nom de Piranha Club. Et même s’il donna l’impression en certaines occasions de ne pas totalement maîtriser sa communication ou, tout du moins, de ne pas se rendre la vie aisée avec certaines sorties plus ou moins savamment soupesées, le fait est que le Britannique assumait bel et bien ses prises de position publiques, et se jouait même bien souvent de la manière dont ses propos volontairement provocateurs pourraient être repris et étayés.
Les petites équipes, des femmes à qui l’on confie une carte de crédit
L’une de ses tirades les plus emblématiques en fin de règne concerne bien évidemment cette interview donnée dans un contexte de perte progressive de son influence au sommet de la discipline et des tracas provoqués par sa mise en examen d’ordre fiscal, et alors qu’il savait que les repreneurs de la F1 qui s’annonçaient à la porte avaient le désir d’attirer les femmes et une nouvelle génération vers son sport fétiche.
L’homme aujourd’hui âgé de 93 ans, à qui l’on devait déjà une plaisanterie sur le fait que les femmes "devraient porter du blanc comme les autres appareils électroménager", déclarait ainsi, parmi une rafale de balles perdues adressées aux petites équipes en difficultés financières qu’étaient Marussia et Caterham, qu’elles étaient "des femmes avec des cartes de crédit", suggérant que ces structures étaient incapables de tenir leurs comptes de manière appropriée.
Le Grand Argentier de la F1 avait poursuivi, en réponse aux plaintes régulières desdites équipes sur l’équité financière d’un sport asphyxiant de dépenses, que "les femmes aiment critiquer", dans une analogie misogyne volontairement provocatrice.
Bernie ne faisait aucun secret du fait que ces équipes desquelles il n’entendait que des gémissements n’avaient rien à faire sur un plateau qu’il voyait bien plus prestigieux, allant même jusqu’à espérer une grille de départ avec sept équipes puissantes disposant de trois monoplaces, et affirmant qu’elles ne "manqueraient à personne". Il faut dire que les propos intervenaient dans un contexte où Caterham véhiculait une image bien piètre de la F1 en lançant, au grand désarroi d’Ecclestone, une campagne de financement participatif (crowdfunding) en ligne pour sa survie. Dans une seconde interview, Ecclestone n’avait pas hésité à les qualifier de "mendiants".
"Ces deux équipes n'ont un nom que les gens connaissent qu’en raison du problème dans lequel elles se trouvent", poursuivait un Ecclestone décidemment remonté, les comparant au champion paralympique Oscar Pistorius, qui avait acquis à l’époque une soudaine et conséquente attention médiatique après avoir été jugé coupable de meurtre sur sa compagne. "C'est la même chose pour ces deux équipes", tançait le directeur général de la F1. "On a [plutôt] besoin d'équipes comme Ferrari."
Pas besoin de jeunes fans
Bien lancé, Bernie Ecclestone avait par ailleurs déclaré dans cette même interview que la Formule 1 n'avait pas besoin de jeunes fans, dans un contexte de montée en puissance des réseaux sociaux, dont aucune source de revenus directs ne pouvait provenir, et affaiblissant selon lui les ententes durement élaborées au fil des ans avec les broadcasters, les diffuseurs TV exclusifs de la F1 dans les différents territoires.
"Je n'en vois pas l'intérêt", déclarait-il. "Et je ne sais pas ce que la soi-disant jeune génération d'aujourd'hui veut vraiment", assumant le fait que son public idéal était plutôt un septuagénaire ayant "beaucoup d’argent".
"Les jeunes verront la marque Rolex, mais iront-ils en acheter une ? Ils n'en ont pas les moyens", élaborait Ecclestone. "Il est donc inutile d'essayer d'atteindre ces enfants car ils n'achèteront aucun des produits proposés ici. Si les spécialistes du marketing visent ce public, ils devraient peut-être faire de la publicité auprès de Disney."
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