Un avenir hydrogène pour la F1 ? Alpine enquête
Alors que la F1 a validé sa réglementation moteur jusqu'en 2030, Alpine veut déjà penser à l'après en enquêtant sur la pertinence d'un passage à une motorisation hydrogène.
Engagée depuis 2014 dans une ère de motorisation V6 turbo hybride, la Formule 1 va continuer sur cette voie entre 2026 et 2030. En effet, la future réglementation moteur, validée par le Conseil Mondial du Sport Automobile la semaine passée, maintiendra le gros de la technologie actuelle, en supprimant toutefois le MGU-H et en imposant un carburant 100% renouvelable.
La voie assumée par la F1 pour assurer sa pertinence à court voire moyen terme vis-à-vis de l'industrie automobile est de miser sur un travail de "laboratoire" mêlant une hybridation avec une part d'énergie électrique toujours plus conséquente et un carburant durable, à l'heure où les autres formes de motorisation peinent à véritablement se démocratiser et où le parc automobile mondial demeure largement dominé par les voitures à essence.
Mais d'aucuns estiment qu'il faudra bien, un jour, que la discipline se positionne sur un autre créneau technologique, ne serait-ce que pour maintenir l'attrait de la pertinence qui, à bien des égards, peut être de nature à déterminer l'état de santé de la discipline. Et si l'électrique a longtemps semblé être la voie évidente à suivre, beaucoup jugent improbable que la technologie des batteries et des propulseurs électriques puisse soutenir les exigences de la Formule 1 à l'horizon 2031.
Une troisième option réaliste peut-elle alors résider dans un territoire encore peu exploré par le sport automobile, à savoir l'hydrogène ? C'est ce que pense Alpine, qui a commencé un travail de recherche sur les avantages et les inconvénients d'une unité de puissance disposant de cette technologie.
S'exprimant en exclusivité pour Motorsport.com, le PDG du constructeur français, Laurent Rossi, estime que ce travail d'évaluation présente un intérêt réel tant pour la marque que pour la F1, d'autant plus qu'il juge qu'un passage au tout électrique n'est pas une option réaliste pour l'instant. "Je ne pense pas que le [moteur] entièrement électrique soit prêt. Il le sera peut-être dans 15 ans, mais je ne le vois pas arriver dans la prochaine ou les deux prochaines versions de la réglementation."
"C'est pourquoi nous enquêtons, car je pense que les constructeurs, et notamment les fabricants [d'unités de puissance], ont le devoir de façonner les réglementations et d'apporter des solutions, hydrogène comme carburant. Pour moi, et pour nous, c'est en quelque sorte un bon moyen de faire d'une pierre plusieurs coups."
Le prototype du projet Mission H24 au Festival of Speed de Goodwood 2022
"C'est plus propre, c'est sûr. Ce n'est pas totalement propre, certes, mais c'est beaucoup mieux que le carburant traditionnel, c'est certain. C'est abondant, c'est sûr, alors que le carburant organique ou synthétique peut être limité en termes d'approvisionnement ou de coût de production. En plus, ça préserve une chose, le bruit."
"D'accord, peut-être que dans 20 ans les gens oublieront ça, parce que les nouvelles générations s'en ficheront et seront habituées à ce que les voitures soient silencieuses dans la rue, mais pour le moment, c'est ce qui fait aussi ce spectacle. Nous ne devons pas oublier que la F1 est un sport, c'est-à-dire un divertissement. C'est un business, c'est sûr. Mais ce business est construit sur le fait que les gens l'aiment, le regardent et l'apprécient. Je ne peux pas ne pas y penser. Nous poursuivons donc dans cette voie."
Un aspect du travail mené par Alpine est de comprendre si l'hydrogène peut s'accommoder des nécessités induites par la F1, notamment en matière de performance. Et si les conclusions vont en ce sens, l'espoir de Rossi est de pouvoir se servir éventuellement de l'option du Garage 56 (une place que l'ACO réserve sur la grille des 24 Heures du Mans à des véhicules innovants) pour faire la démonstration des capacités de cette technologie à pouvoir constituer une base saine pour la compétition.
"Nous allons jouer notre rôle pour inspirer les autres, [et] les instances dirigeantes bien sûr", a ajouté le dirigeant français. "Nous aimerions pouvoir faire la démonstration, mais d'abord nous le prouver à nous-mêmes, que cela fonctionne, parce que nous avons encore besoin de vérifier que c'est plus qu'une croyance ou une prophétie."
"Si cela fonctionne, nous voulons en faire la démonstration, par exemple au Garage 56 du Mans ou sur le Nürburgring, avec l'une de nos voitures de route équipée d'un moteur à combustion interne à hydrogène. Cela incitera peut-être les organismes dirigeants à penser qu'il y a une voie à suivre. Si Porsche, Ferrari et d'autres suivent d'autres pistes, qu'il en soit ainsi. Mais c'est encore mieux parce que nous apporterons sur la table plusieurs options plutôt qu'une seule."
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