Des F1 aux roues totalement recouvertes pour lutter contre le spray ?
La FIA a indiqué prévoir un test avec des dispositifs anti spray radicaux sur les F1 visant à recouvrir totalement les roues.
En juillet dernier, la FIA a testé à Silverstone un premier dispositif de lutte contre les projections d'eau derrière les monoplaces en conditions humides. Ce test n'a pas été couronné de succès, une faible quantité de spray ayant été stoppée par les "garde-boue".
Les instances savent donc que pour avancer sur ce dossier, qui a des ramifications à la fois en termes de sécurité (pour la visibilité des pilotes) mais également de spectacle (pour éviter que les courses ne soient interrompues), il va falloir aller plus loin. Le responsable monoplaces au sein de la FIA, Nikolas Tombazis, a expliqué qu'à la suite de l'analyse du test effectué en Grande-Bretagne, un design bien différent allait être mis en œuvre lors du prochain essai.
"Ce qui a été fait à Silverstone, avec l'aide de Mercedes qui a créé des pièces et de McLaren [qui a fait rouler une voiture non modifiée pour obtenir des informations sur les projections] était peut-être une expérience trop optimiste", a reconnu Tombazis auprès de Motorsport.com.
"Les dispositifs anti-projections couvraient une trop petite partie de la roue. J'étais assez sceptique et j'imaginais que nous n'obtiendrions pas de résultats significatifs. Lors des prochains tests, nous essaierons de couvrir complètement la roue, en allant même au-delà de ce qui serait nécessaire pour comprendre quel est le seuil à partir duquel le spray se forme. Nous déciderons alors de la voie à suivre."
Valtteri Bottas, Alfa Romeo C43
Tombazis a souligné la complexité de trouver une solution totalement satisfaisante à ce problème, les projections excessives des F1 ayant plusieurs causes. "La première, c'est l'eau extraite par les pneus et projetée vers le haut. Une deuxième est liée à l'accumulation d'eau entre la roue et l'asphalte dans la zone du 'tyre squirt' [le flux d'air perturbé par le pneu, entre la roue et le bord du plancher], qui est aspirée dans le diffuseur. La troisième, c'est l'eau qui stagne dans les craquelures du sol et qui, sous la pression du diffuseur, est aspirée et projetée".
Et le technicien d'ajouter : "Nous pensons que le spray provenant des roues correspond à environ 40% du total. Si nous pouvions limiter ce phénomène, il est clair que les pilotes n'auraient pas une visibilité totale, mais il y aurait une amélioration significative."
Tombazis a confié que la FIA s'est penchée sur les outils utilisés par l'industrie automobile pour simuler les conditions météo humides à des fins de sécurité. "Nous avons effectué quelques simulations et certains outils sont souvent utilisés dans l'industrie automobile [par exemple pour vérifier la visibilité dans les rétroviseurs], mais ces outils doivent être bien calibrés pour obtenir une bonne corrélation."
"Les constructeurs automobiles procèdent à des calibrages très poussés et, comme ils n'ont pas de restrictions en matière d'essais et n'ont pas à traiter avec une FIA qui impose des contraintes, ils peuvent agir librement. Nous n'avons pas la possibilité d'effectuer des tests fréquents, donc avec des activités limitées, il n'est pas facile de trouver le bon étalonnage."
Sergio Pérez, Red Bull Racing RB19
L'un des problèmes avec un dispositif couvrant entièrement la roue est l'aérodynamique, puisque l'impact sur le flux d'air sera bien plus important que pour la version prévue initialement. La FIA est consciente de cet aspect mais ne souhaite pas en faire un point central dans sa réflexion à ce stade.
"La détérioration [de l'appui] peut varier considérablement", a ajouté Tombazis. "Dans certaines configurations que nous avons essayées, elle était presque nulle, alors que dans les solutions les plus extrêmes que nous avons testées en soufflerie, nous avons constaté une perte allant jusqu'à 80 points, ce qui peut représenter deux ou trois secondes au tour."
"Mais honnêtement, nous ne nous préoccupons pas vraiment du seuil de performance, même si les équipes le surveillent de près. Lors du test de Silverstone, la solution testée avait l'impact aérodynamique le plus faible possible."
Alors que le PDG de la F1, Stefano Domenicali, a récemment suggéré qu'une autre option pourrait être de se pencher sur le niveau de projection venant du diffuseur, Tombazis a exclu l'idée l'interférer avec des aspects spécifiquement liés au design.
"Cela nécessiterait beaucoup de travail de la part des équipes. Idéalement, nous aimerions intervenir avec une solution qui ne serait mise en place et retirée qu'en cas de forte pluie, c'est-à-dire une ou deux fois par an. Nous préférerions ne pas avoir à toucher aux machines. D'autres idées pourront éventuellement être développées pour le règlement 2026."
Avec Franco Nugnes et Jonathan Noble
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