Pour Vasseur, AlphaTauri a annoncé l'arrivée de Mekies trop tôt
Alors qu'AlphaTauri a annoncé avoir recruté Laurent Mekies comme directeur d'équipe aux dépens de Ferrari, Frédéric Vasseur fait le point sur la situation à Maranello.
AlphaTauri a annoncé ce mercredi une révolution à sa tête : le directeur d'équipe Franz Tost va prendre sa retraite à la fin de l'année après 18 ans de bons et loyaux services, remplacé par un duo composé de Peter Bayer, PDG, et de Laurent Mekies, directeur d'équipe.
Pour Mekies, c'est un retour au bercail, lui qui a gravi les échelons à Faenza de 2003 à 2014 – d'abord ingénieur de course, puis ingénieur en chef, et enfin directeur de la performance. Depuis lors, le Français est passé par la FIA en tant que directeur de la sécurité, puis directeur de course adjoint en F1, avant de rejoindre la Scuderia Ferrari comme directeur sportif en 2018.
Cependant, l'autre Scuderia se serait-elle montrée un poil trop impatiente au moment d'officialiser le retour de Mekies dans l'écurie ? Son communiqué de presse précise bien que le quadragénaire prendra ses fonctions "à une date qui reste à confirmer", mais Frédéric Vasseur, directeur d'équipe à Maranello, semble penser qu'AlphaTauri a brûlé les étapes.
"Tout d'abord, je pense que c'est une opportunité géniale pour Laurent", déclare Vasseur. "Et je prends en compte le fait que j'ai une bonne relation avec lui, et je ne vais pas me mettre en travers de son chemin, c'est sûr. Quant au délai, je crois que Toro Rosso (sic) a été un peu agressif avec son communiqué de presse : nous avons un contrat à long terme avec Laurent. Il va falloir discuter des détails."
Laurent Mekies
"Maintenant, je suis là pour protéger les intérêts de Ferrari. C'est Ferrari qui passe en premier et ce sera toujours le cas, ce qui signifie qu'il faudra discuter des conditions." Il ajoute : "Nous allons devoir établir ce qui est le mieux pour Ferrari ; selon le moment où il quittera l'entreprise et le moment où il rejoindra Toro Rosso, nous déciderons de la fin de la collaboration. Mais ça ne me fait pas peur, car nous allons faire les choses comme il faut, et la relation est très positive."
Quand Mekies a-t-il informé Vasseur de son départ prochain ? "Ça, c'est la relation entre Laurent et moi, et je ne vais pas divulguer de détails. Mais nous avons eu une discussion très ouverte à ce sujet, car je connais Laurent depuis 30 ans. Je pense que c'est très difficile pour lui de refuser ce genre de proposition, et il était très ouvert dans la discussion. Je peux parfaitement me mettre à la place de Laurent, et je pense qu'il est quasiment impossible de refuser de devenir directeur d'équipe, quand on est dans cette industrie."
Pour l'heure, Mekies n'est pas encore sujet à la période d'inactivité forcée qui est traditionnellement imposée à de nombreux employés d'écuries de Formule 1 lorsqu'ils changent de crèmerie, afin d'éviter qu'ils n'emportent toutes les recettes avec eux. Vasseur va donc encore compter sur son bras droit dans les mois qui viennent, mais devra néanmoins bâtir son équipe sans lui.
C'est une grande perte, de l'aveu même de Vasseur, qui est bien conscient de l'expérience inestimable acquise par Mekies au fil de sa carrière. "Il a une compréhension très, très vaste de cette industrie", estime Vasseur, précisant : "Il est directeur sportif, alors le vide à combler est assez grand. Et cela fera partie de la réorganisation de la compagnie. Vous savez que nous sommes dans un long processus, et ça prend du temps, mais nous recrutons beaucoup à l'extérieur, et vous aurez des noms très bientôt. Mais cela fera partie de la réorganisation, et nous pourrions diviser ce job en deux postes différents comme le font certaines autres écuries."
Le muret des stands Ferrari
Le départ de Mekies va s'ajouter à celui de David Sanchez, qui était responsable du design de la monoplace, mais Vasseur est finalement prompt à minimiser l'impact de ces défections : "À moyen terme, cela n'impactera pas le développement de Ferrari."
"Quand on a plus de 1000 employés, avec un taux de renouvellement de 6-7%, cela signifie qu'il y a 100 personnes par an qui quittent l'entreprise et [100 autres] qui la rejoignent. Parfois, du point de vue du staff, vous [médias] ne faites attention qu'à une ou deux. Parfois, vous prêtez beaucoup d'attention aux noms, mais ce n'est pas ça qui anime les performances."
"Perdre une personne sur 1600, ce n'est pas un drame. Le pouvoir de l'équipe est toujours plus important – le pouvoir collectif plutôt qu'individuel. Il faut garder ça à l'esprit : le plus important, c'est le collectif. Nous recrutons en masse, même si nous ne communiquons pas là-dessus. Et nous allons le faire pas à pas car on ne peut pas mettre une organisation en place en deux semaines. Vous connaissez parfaitement bien le système de recrutement en F1, c'est assez long et douloureux. Nous sommes en train de travailler là-dessus. Mais ne vous attendez pas à ce qu'il y ait une nouvelle organisation du jour au lendemain. Ce sera progressif, et nous mettons quelque chose en place."
Propos recueillis par Adam Cooper
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