Le jour où Senna a provoqué la colère de Schumacher

Ayrton Senna n'a jamais été très chanceux lors de son Grand Prix national. Même s'il a réussi à surmonter des problèmes de boîte de vitesses pour s'imposer à Interlagos en 1991, les ennuis mécaniques l'ont de nouveau hanté l'année suivante, le plaçant à la merci de Michael Schumacher. Ce dernier, visiblement pas conscient des problèmes du Brésilien, s'emporta après la course, pensant que Senna avait "joué une sorte de jeu".

Ayrton Senna, McLaren MP4/7A Honda devant Michael Schumacher, Benetton B191B Ford, Jean Alesi, Ferrari F92A et Martin Brundle, Benetton B191B Ford

Ayrton Senna, McLaren MP4/7A Honda devant Michael Schumacher, Benetton B191B Ford, Jean Alesi, Ferrari F92A et Martin Brundle, Benetton B191B Ford

LAT Images

Rétro : Dans l'Histoire des sports méca

Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.

La saison 1992 était une promenade de santé pour Williams et le Brésil était le théâtre du troisième doublé pour l'équipe motorisée par Renault. Nigel Mansell avait pris le meilleur sur un Riccardo Patrese plus prompt au départ pour s'imposer, laissant les autres courir pour la troisième place, qu'Ayrton Senna était déterminé à décrocher…

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Sa nouvelle McLaren-Honda était à deux secondes des Williams en qualifications, et environ six dixièmes plus rapides que la Benetton de Michael Schumacher. Il est toutefois apparu très tôt que Senna rencontrait des problèmes, agitant la main droite en l'air chaque fois qu'il franchissait la ligne de chronométrage.

Ses chronos devenant de plus en plus lents – son meilleur tour en course n'était que le 21e dans un peloton de 26 voitures ! –, il parvenait néanmoins à contenir un train formé par Schumacher, Jean Alesi (Ferrari), Martin Brundle (Benetton), PierLuigi Martini (Dallara), Karl Wendlinger (March) et Thierry Boutsen (Ligier). Pour les débuts de la McLaren MP4/7A, le V12 Honda rencontrait un problème qui allait s'avérer fatal, mais qui n'empêchait pas Senna d'essayer de combattre tout en étant porté par les applaudissements de ses fans.

Senna avait déjà surpris Schumacher en revenant sur lui au premier virage, compensant un mauvais départ où il s'était retrouvé coincé par Mansell. Il avait insisté à l'extérieur dans ce virage à gauche avant de reprendre sa position aux dépens de l'Allemand dans le virage à droite suivant, où Schumacher avait sagement soulagé.

Riccardo Patrese, Williams FW14B, Nigel Mansell, Williams FW14B,  Ayrton Senna, McLaren MP4/7A, Michael Schumacher, Benetton B191B

Senna avait creusé l'écart jusqu'à ce que son moteur commence à avoir des ratés à haut régime. "Il se coupait soudainement en pleine ligne droite, à 250 km/h, comme si je retirais mon pied de l'accélérateur", expliquera-t-il après coup.

À l'entame du huitième tour, Schumacher avait pris l'avantage sur Senna grâce à la longue pleine charge commandée par le dernier virage, tandis que le moteur du Brésilien rencontrait toujours des problèmes, mais celui-ci refusait d'abandonner. Alors que Schumacher pensait que son adversaire ne reprendrait pas le combat, Senna plongea à l'intérieur du virage 1 pour reprendre son bien.

Ayrton Senna, McLaren MP4/7A

Dès lors, il tentait de remédier au problème en coupant par deux fois le contact afin de relancer l'ECU, tout en commençant à passer plus tôt les rapports de boîte afin de modifier l'apport en carburant et de tout faire rentrer dans l'ordre, en vain. Les variations de rythme provoquées allaient rendre Schumacher furieux.

"J'étais plus rapide que lui et il a joué une sorte de jeu, ce qui m'a surpris, je ne m'attendais pas à ce genre de pilotage de la part d'un triple Champion du monde", fulmina Schumacher. "Lors des dix premiers tours, il allait aussi vite qu'il pouvait mais ensuite ce fut très difficile pour moi de doubler. Il freinait dans le virage lent puis accélérait et s'échappait dans la ligne droite. Finalement, quand il m'a permis de dépasser, il a pris l'aspiration et m'a redoublé. Ce style de pilotage a donné aux autres derrière moi l'opportunité de me doubler et ça me contrarie."

Michael Schumacher, Benetton B191B Ford leads Jean Alesi, Ferrari F92A

En effet, à quelques reprises Schumacher s'est lui-même retrouvé à devoir défendre face à la Ferrari d'Alesi. Après cinq tours supplémentaires passés dans le sillage de Senna, il parvenait finalement à le doubler au 13e tour, tout en pointant déjà à plus de 30 secondes des deux Williams. Au 18e tour, Senna renonçait après avoir peu à peu chuté dans la hiérarchie. Il termina la course en faisant rugir de colère une dernière fois son moteur en panne.

Senna décrivit son problème comme "une panne moteur sérieuse et intermittente", avant d'ajouter : "L'effet était totalement imprévisible et ça pouvait se produire quatre ou cinq fois dans un tour, puis ne pas survenir le tour suivant. Parfois, la coupure était tellement importante que c'était comme si j'appuyais sur les freins. J'ai continué malgré ce problème, j'ai essayé de le contourner en espérant qu'il disparaitrait, tout en levant le bras pour avertir les pilotes derrière moi que j'avais un souci. Les coupures n'ont pas disparu et c'est le motif de mon abandon. C'était vraiment dangereux de piloter dans ces conditions."

The Honda engine in one of the McLaren MP4-7As.

Senna hors course et Schumacher pratiquement assuré de la troisième marche du podium, les événements n'allaient pas s'arrêter pour autant. Alesi percutait Brundle au premier virage, endommageant fatalement la Benetton du Britannique. En quête d'excuses, Brundle chercha le Français dans le stand Ferrari où il apprit qu'il était toujours en course. Il termina d'ailleurs quatrième.

Il y eut également de l'action dans le clan Ligier : alors qu'Erik Comas était en passe de doubler la Lotus de Johnny Herbert, son coéquipier Thiery Boutsen tenta d'exploiter un espace qui n'existait pas, heurtant à la fois le mur et Comas. Ce dernier, envoyé sur Herbert, mis également la Lotus hors course.

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