Karun Chandhok chez HRT : souvent remplacé, jamais informé !

Karun Chandhok est revenu sur des moments tragicomiques vécus lors de son bref passage en Formule 1, chez HRT mais aussi avec Team Lotus.

Karun Chandhok,  Hispania Racing F1 Team  HRTF1

Photo de: Sutton Motorsport Images

La carrière de Karun Chandhok en Formule 1 n'a pas duré longtemps, mais elle a été mouvementée, c'est le moins que l'on puisse dire. Après trois saisons peu fructueuses en GP2, marquées par deux victoires en course sprint avec la grille inversée, Chandhok a vu les portes de l'élite s'ouvrir à lui au sein de la nouvelle écurie Campos, rebaptisée Hispania.

Le plafond budgétaire de 40 M£ promis par le président de la FIA Max Mosley ne s'est pas matérialisé, et compte tenu de ses très faibles ressources, la nouvelle équipe était en grande difficulté. Chandhok a piloté sa nouvelle monoplace pour la toute première fois lors des qualifications du Grand Prix de Bahreïn, relégué à près de dix secondes du meilleur temps, avec un chrono représentant 109,5% de la pole position.

Avec une marge de progression immense, l'Indien et ses collègues sont parvenus à réduire ce chiffre à 108% à Melbourne, puis 106,4% à Sepang et à Shanghai. C'est alors qu'est arrivé le Grand Prix d'Espagne, avec un premier retournement de situation…

Karun Chandhok,  Hispania Racing F1 Team

Karun Chandhok enfile son casque. Est-ce le moment où il a ouvert une boîte à outils ?

"Je me rappelle un moment comique : ils sont arrivés à un stade où il fallait qu'ils fassent rentrer de l'argent. À Barcelone, je suis entré dans le garage pour les EL1, et alors que j'entrais par une porte, Christian Klien est entré par l'autre !" s'est exclamé Chandhok dans le podcast Beyond The Grid. "Il portait une combinaison. Il m'a regardé et a lancé : 'Qu'est-ce que tu fais là ?' 'Toi, qu'est-ce que tu fais là ?' Il a dit qu'il allait piloter la voiture en EL1, et personne ne m'avait prévenu !"

"J'ai regardé la voiture : elle avait un sticker de mon nom d'un côté, et un sticker de son nom de l'autre, alors on ne savait toujours pas qui roulait ! Finalement, il s'est avéré qu'ils avaient trouvé un accord avec Christian pour qu'il fasse un certain nombre de séances d'EL1, mais personne n'avait pris la peine de me le dire."

"Puis je me souviens avoir ouvert la boîte à outils pour attraper un tournevis afin de changer ma visière. Il y avait toute une liste de noms : Pastor Maldonado, Jacques Villeneuve, Giorgio Mondini… toute une liste de noms de pilotes dans la boîte à outils ! Avec le recul, c'était très comique, mais à l'époque, c'était très stressant de découvrir que quelqu'un d'autre allait piloter ma voiture pour les EL1."

Karun Chandhok, HRT F1 F110-02

Karun Chandhok en piste à Silverstone, où son début de week-end a été mouvementé

Chandhok n'était pas au bout de ses surprises. Klien n'était pas le seul pilote à lorgner sur un baquet chez HRT : c'était également le cas de Sakon Yamamoto, qui a débarqué au Grand Prix de Grande-Bretagne.

"Ce week-end de Silverstone, c'est quelque chose aussi !" sourit Chandhok. "Je suis arrivé au circuit le jeudi. Mon ingénieur de course, Richard Connell, m'a dit : 'Désolé mon gars, mais je crois que Sakon roule dans ta voiture ce week-end'. Encore une fois, personne ne m'a rien dit. J'ai décidé de faire le tour du circuit à pied avec mon père afin de me changer les idées. C'est la dernière année où nous avons utilisé les anciens stands, à Copse. Je suis arrivé à Hangar Straight, mon téléphone a sonné et Richard a dit : 'C'est toi qui roules ce week-end, mais je crois que Sakon fait les EL1'. Je me suis dit : 'Ça va, je peux faire avec'. Nous avons continué de marcher, je suis sorti de Club, et le téléphone a sonné de nouveau. Il a dit : 'Tu vas rouler tout le week-end, mais je crois que Sakon va faire les EL1 dans la voiture de Bruno'. OK, encore mieux ! Le temps d'arriver près de Luffield, il m'a appelé : 'Tout est en train de s'emballer, Bruno est out pour ce week-end, tout le monde crie, ça va être Sakon et toi !' C'est une longue histoire qui s'est déroulée au fil de ce tour de piste. À ce stade, l'équipe avait besoin de faire rentrer de l'argent dans la banque, Sakon avait le budget. Ce Grand Prix de Grande-Bretagne allait être mon dernier pour eux."

Accrochage entre Karun Chandhok, Hispania Racing F1 Team HRTF1 et Jarno Trulli, Lotus T127

Le Grand Prix de Monaco s'est achevé de manière insolite pour Karun Chandhok, dans cet accrochage avec une monoplace de l'écurie qu'il allait rejoindre

Le passage de Chandhok chez HRT s'est ainsi interrompu à la mi-saison 2010, avec deux 14e places pour meilleurs résultats. Le natif de Chennai a ensuite trouvé refuge chez Team Lotus en tant que pilote de réserve pour 2011. vrai dire, c'est l'année que j'ai la moins appréciée en 20 ans passés dans ce sport", déplorait-il, lui qui s'est déjà exprimé en longueur sur le sujet.

Chandhok a expliqué qu'il avait l'opportunité d'être réserviste chez Force India, mais que Tony Fernandes, propriétaire de Team Lotus, lui avait fait miroiter la possibilité de participer à plusieurs courses, dont la première édition du Grand Prix d'Inde.

"Ce dont je ne me rendais pas compte, c'est que Tony n'en avait pas vraiment discuté avec qui que ce soit", poursuivait-il. "Je suis arrivé aux premiers essais à Valence, dans ma tenue Lotus. Mike Gascoyne [directeur technique, ndlr] et les ingénieurs m'ont regardé et ont demandé : 'Qu'est-ce que tu fais là ?' Ce n'est pas comme ça qu'on s'intègre à une équipe. Je me suis d'emblée senti étranger."

"Cela a complètement gâché ma relation avec Mike. Nous sommes partis du mauvais pied : il ne comprenait pas vraiment pourquoi j'étais là, car il avait des pilotes titulaires. Tony ne leur avait pas expliqué l'accord. Et je traînais par là comme une pièce de rechange !" Chandhok allait remplacer Jarno Trulli au Grand Prix de Grande-Bretagne, indiquant que Fernandes en avait "marre que Jarno se plaigne" de la direction assistée, mais n'a pas pu disputer sa course à domicile.

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Karun Chandhok, Jarno Trulli, Team Lotus

Karun Chandhok et Jarno Trulli ont subi le style de management expéditif de Tony Fernandes

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