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Kovalainen : Hamilton m'a "vidé de mon énergie"

Associé à Lewis Hamilton chez McLaren en 2008 et en 2009, Heikki Kovalainen n'est que rarement parvenu à se hisser au niveau de son redoutable coéquipier, contraint de puiser dans ses réserves en permanence pour tenir le rythme.

Le poleman Lewis Hamilton, McLaren en parc fermé avec Heikki Kovalainen, McLaren

Le poleman Lewis Hamilton, McLaren en parc fermé avec Heikki Kovalainen, McLaren

Sutton Motorsport Images

Auteur d'une première saison convaincante en Formule 1 avec Renault, Heikki Kovalainen avait été à la fois victime et grand bénéficiaire du retour de Fernando Alonso à Enstone pour 2008, perdant son baquet avec le Losange et héritant de celui du double Champion du monde chez McLaren aux côtés de Lewis Hamilton. La confrontation entre ces deux jeunes pilotes, chacun dans leur seconde saison en F1, a toutefois largement tourné à l'avantage du Britannique, qui a remporté le titre mondial 2008 et un total de sept victoires en deux ans quand Kovalainen devait se contenter d'un seul succès, en Hongrie.

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Dans une interview pour le podcast Beyond The Grid, il a été suggéré à Kovalainen que le Grand Prix de Grande-Bretagne 2008 pourrait être un bon résumé de ses deux années chez McLaren, avec de belles promesses et des résultats frustrants : le Finlandais avait signé la pole position avec une demi-seconde d'avance à Silverstone avant de rétrograder à la cinquième place en course quand Lewis Hamilton réalisait l'une des plus belles performances de sa carrière, reléguant tous ses rivaux à plus d'une minute.

"C'est plutôt bien dit. C'est la vérité, à vrai dire", admet Kovalainen. "Après les premières courses, je crois que j'étais devant Lewis au championnat [tous deux avaient 14 points après trois GP, ndlr], mais les choses n'ont pas tourné comme prévu. J'étais sur une bonne lancée en arrivant chez McLaren – ma première année, chez Renault, avait très mal commencé, mais j'avais retourné la situation. À la fin de la saison 2007, les choses ont commencé à se concrétiser et j'ai commencé à avoir de bons résultats : j'étais devant Fisichella [son coéquipier, ndlr] la plupart du temps. J'ai continué sur cette lancée début 2008, mais je ne suis pas parvenu à surfer sur cette vague jusqu'au bout, et je me suis effondré en deuxième moitié de saison 2009."

Heikki Kovalainen, McLaren et Lewis Hamilton, McLaren en parc fermé

Généralement proche de Hamilton en qualifications, davantage distancé en course, Kovalainen ne cache pas qu'il lui fallait attaquer sans relâche pour tenir le rythme de son chef de file – ce qui, à terme, l'a usé psychologiquement et l'a mené à ces performances particulièrement médiocres fin 2009. Faute de réelle rivalité en piste, les deux hommes entretenaient néanmoins une relation très cordiale et constructive.

"J'ai passé deux très bonnes années avec Lewis comme coéquipier", souligne Kovalainen. "Nous n'avons jamais eu de gros problème, et si nous nous sommes toujours très bien entendus, c'est peut-être en partie parce que je ne l'ai jamais suffisamment concurrencé."

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"Mais ces deux années chez McLaren ont été dures pour moi… Il était juste un poil plus rapide en permanence, et il fallait que je force à chaque séance. Dès les essais hivernaux, il fallait que je force pour l'égaler ou le devancer : un tour moyen ne suffisait pas. Et quand on fait ça pendant un an et demi… Je me suis plus ou moins retrouvé vidé de mon énergie, et dans la deuxième moitié de la seconde saison, 2009, il est juste de dire que j'étais en deçà de mes propres capacités. Plutôt que de me concentrer sur ma propre course et mes propres résultats et d'essayer de me rapprocher de Lewis, j'ai commencé à surpiloter et à être frustré ; l'écart n'a fait que se creuser et j'ai commis des erreurs. Mais la raison pour laquelle c'est arrivé lors de cette deuxième moitié de saison 2009, c'est parce qu'il fallait que je force tout le temps. Et quand on force pendant trop longtemps, on finit par se prendre un mur. Je pense que c'est ce qui s'est passé."

Heikki Kovalainen, McLaren MP4-23 Mercedes bataille avec Lewis Hamilton, McLaren MP4-23 Mercedes

Alors directeur de l'ingénierie chez McLaren, Paddy Lowe jugeait en 2008 que la principale faiblesse de Kovalainen était le fait qu'il usait davantage les pneus arrière, mais le principal intéressé analyse la situation différemment.

"Le principal domaine dans lequel je peinais à égaler [Hamilton], c'était le freinage", analyse-t-il. "Il était capable de freiner plus tard et plus fort, et pourtant il parvenait à prendre la corde et à sortir du virage aussi vite que moi. Ses trajectoires étaient généralement un peu plus carrées que les miennes : il freinait tard et tournait sur une courte distance, puis sortait de manière relativement droite. C'est l'une des raisons pour lesquelles il parvenait à très bien gérer les pneus : il mettait moins d'énergie dedans. Quand il en mettait, c'était à des endroits qui dégradaient moins les pneus."

"Quant à moi, je mettais de la charge dans les pneus, je rendais les virages assez longs, c'est mon style de pilotage. Chez McLaren, les ingénieurs disaient que mon style était similaire à celui de Fernando [Alonso], Kimi [Räikkönen] et Mika [Häkkinen]. Je me rappelle que j'arrivais à l'égaler dans les virages rapides et moyens ; ce n'était pas si dur, c'était même facile. Mais dans les zones de freinage et les virages lents, il pilote très bien quand la voiture n'a pas la charge aéro maximale et est un peu plus instable, quand on dépend du grip mécanique et de celui des pneus. Il a des capteurs spéciaux dans les fesses ! Il pousse la limite un peu plus loin que tous les autres, je pense."

Cependant, dans un contexte où il était souvent plus chargé en carburant en qualifications, avait bien davantage de problèmes mécaniques et recevait certaines évolutions en retard, Kovalainen refuse de donner du crédit à la théorie selon laquelle il était désavantagé par l'écurie.

"Les gens disent souvent que McLaren favorisait Lewis et qu'il était numéro 1, mais c'est juste qu'il était constamment un poil plus rapide. Je n'ai aucun problème à le reconnaître. Il avait l'avantage, il fallait que je force, et je n'arrivais simplement pas à tenir son rythme suffisamment pour le concurrencer véritablement. Il est l'un des plus grands pilotes, si ce n'est le plus grand. Je suis content de m'être mesuré à lui. Mais à ce stade, cela a nui à ma carrière. J'étais sur une bonne lancée, mais je ne suis pas parvenu à la conserver avec Lewis comme coéquipier", conclut-il.

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