Le sang-froid de Pérez pour rallumer la lumière et briller
Sergio Pérez a bien failli attendre trois semaines de plus pour disputer son premier Grand Prix avec Red Bull. Mais le Mexicain a eu de la chance dans son malheur, avant de faire parler son calme et son talent.

Pendant que son coéquipier Max Verstappen luttait pour la victoire face à Lewis Hamilton au Grand Prix de Bahreïn, Sergio Pérez s'est livré à un exercice dans lequel il n'a pas perdu la main : celui de dérouler une course propre, régulière, exemplaire dans la gestion des pneumatiques, et lui permettant de concrétiser une belle remontée. Pourtant, cette prestation remarquée, qui a plu à ses nouveaux patrons, aurait pu ne jamais avoir lieu.
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Déçu de sa séance de qualifications après avoir échoué aux portes de la Q3, Pérez savait néanmoins qu'il avait une belle carte à jouer au volant d'une Red Bull qu'il arrive plus facilement à dompter sur les longs relais jusqu'à présent. Seulement le Mexicain a failli tout perdre dès le tour de formation, lorsqu'une coupure générale l'a immobilisé en piste, contraignant même la direction de course à relancer un second tour de formation.
Avant le départ, Red Bull Racing avait remplacé des éléments moteur (l'électronique et les batteries) par précaution, mais rien ne permet d'établir un lien à ce stade. L'abandon de Pérez paraissait inéluctable lorsqu'il est finalement parvenu à redémarrer pour aller prendre le départ depuis la voie des stands. Momentanément privé de radio et se débattant avec des systèmes qu'il ne maîtrise pas encore sur le bout des doigts, il a impressionné ses ingénieurs. Il a retiré son volant puis l'a remis en place, avant d'être poussé par les commissaires qui comptaient évacuer définitivement la monoplace, lorsqu'une ultime manœuvre a permis de tout faire redémarrer.
"Dans le milieu du virage, tout s'est arrêté", raconte Pérez. "J'étais sur le point de sortir de la voiture quand tout à coup, j'ai commencé à entendre Jonathan [Wheatley, directeur sportif de Red Bull]. J'ai rallumé la voiture et j'ai continué à avancer. Il s'agissait de retrouver l'allumage. Je n'entendais rien, je n'entendais pas les ingénieurs. Puis c'est revenu."
Il a eu la présence d'esprit de faire comme quand un ordinateur a un problème : éteindre et rallumer.
Paul Monaghan, ingénieur Red Bull

La suite, c'est donc une course sans faute qui a permis à Pérez de remonter jusqu'au cinquième rang, à moins de 15 secondes du podium. Si le pilote évoque l'incident du tour de formation avec un certain détachement, les explications de l'ingénieur en chef de Red Bull permettent d'en savoir un peu plus sur une séquence plutôt rock'n'roll.
"Avant la course, il y avait un petit défaut électrique", détaille Paul Monaghan. "Nous nous en sommes occupés. Dans les tours de mise en grille, il n'y a eu aucun signe, la voiture se comportait parfaitement bien. Dans le tour de formation, il a commencé à avoir des difficultés. Il y a eu une coupure sur la voiture, pour la protéger. La suite des événements est assez amusante ! Nous avons perdu toute la puissance électrique. Checo a eu la présence d'esprit de faire comme quand un ordinateur a un problème : éteindre et rallumer. Le volant a repris vie, il a démarré le moteur, est reparti, a traversé la voie des stands, attendu que tout le monde se place, puis il a pris le départ."
"Comme c'est souvent le cas avec ces coupures intermittentes, la voiture a ensuite roulé sans aucun problème en course, ce qui est plutôt amusant maintenant qu'on le dit ! Il a été brillant, il est remonté, il ne s'est pas laissé gagner par la frustration, il n'a pas perdu sa motivation, il a continué et il a remonté le peloton. Il a fait une très bonne course et a inscrit beaucoup de points alors qu'il était garé sur le bord de la piste dans le tour de formation, sans information sur le tableau de bord, sans puissance. On ne pouvait pas lui parler par radio, on ne pouvait pas lui dire de remettre le contact, et il a eu la présence d'esprit de le faire."

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À propos de cet article
Séries | Formule 1 |
Événement | GP de Bahreïn |
Catégorie | Course |
Lieu | Bahrain International Circuit |
Pilotes | Sergio Pérez |
Équipes | Red Bull Racing |
Auteur | Basile Davoine |
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