Pourquoi les simulateurs ont conquis les plus grands sceptiques

Lorsque Lewis Hamilton a révélé qu'il avait passé sa matinée dans le simulateur Mercedes le vendredi du Grand Prix de Grande-Bretagne 2021, cela a soulevé quelques interrogations au sein du paddock.

Parmi les questions qui se sont posées à la suite de la déclaration de Lewis Hamilton à Silverstone, un éventuel problème d'équité avec des pilotes titulaires travaillant dans le simulateur et donnant à leur équipe cet avantage supplémentaire quelques heures seulement avant que les vraies voitures ne prennent la piste a été évoqué. Mais cela a aussi apporté la preuve que, même pour les pilotes qui ont longtemps été sceptiques quant à la valeur du simulateur, quelque chose avait changé en coulisse.

Pendant très longtemps, certaines têtes d'affiches de la Formule 1 prenaient leurs distances avec le simulateur de leur équipe. Kimi Räikkönen n'a jamais été un grand fan de ces machines, c'est le moins qu'on puisse dire, et ne voyait tout simplement pas l'intérêt de passer des heures et des heures devant un écran. Et même Hamilton pensait que les simulateurs ne pourraient jamais égaler le roulage en conditions réelles.

"On peut faire une journée de simulateur et celui-ci n'est pas bien réglé", avait-il indiqué l'an dernier. "Le niveau d'adhérence n'est pas bon, l'effet du vent n'est pas bon, la dégradation thermique est mal réglée. On peut donc se retrouver avec des chiffres erronés. Il faut faire très attention avec les données que l'on reçoit et les décisions que l'on prend."

Mais être conscient des limites du simulateur est très différent d'être totalement contre son utilisation, et il est fascinant de voir à quel point Hamilton s'est impliqué dans le programme de Mercedes en 2021. Alors qu'il aurait pu laisser les pilotes de développement ou les réservistes s'occuper de cette tâche, le septuple Champion du monde a fait tout ce qui était en son pouvoir pour aider son équipe.

Et même si cette implication était une nécessité dans le contexte de la lutte serrée pour le titre face à Max Verstappen et Red Bull, un autre facteur qui ne peut être ignoré explique pourquoi Hamilton a fini par changer d'avis sur les simulateurs : les machines ont tout simplement gagné en précision et offrent enfin des avantages réels.

"Je pense qu'à mesure que ces outils s'améliorent et se rapprochent de la réalité, ils deviennent de plus en plus utiles pour les pilotes", a estimé Mike Elliot, le directeur technique de Mercedes. "Ils arrêtent de les voir, dans le pire des cas, comme des jouets et [les voient] comme d'authentiques outils d'ingénierie qu'ils peuvent utiliser pour prendre de l'avance dans le week-end de course."

"Je pense qu'une combinaison des améliorations que nous avons faites et de la compétitivité du championnat explique pourquoi [nos] deux pilotes ont demandé à passer de plus en plus de temps [dans le simulateur]. Je pense que l'engagement a toujours été là, c'est plus une question de dire : 'Maintenant que j'ai quelque chose qui est utile pour moi, je peux l'utiliser, je vais vraiment tout donner.'"

Romain Grosjean roule sur le circuit Gilles Villeneuve de Montréal

Romain Grosjean roule sur le circuit Gilles Villeneuve de Montréal

En effet, à mesure que la technologie s'est développée et que le simulateur F1 a pris de la valeur aux yeux des pilotes et des ingénieurs, la nécessité de disposer d'outils toujours plus performants s'est accrue elle aussi. Ce n'est certainement pas une coïncidence si McLaren a placé un nouveau simulateur au même niveau qu'une nouvelle soufflerie sur la liste de ses prochains travaux, et si Ferrari a investi dans un tout nouveau modèle qui devrait être prêt pour cette saison 2022.

Certes, l'amélioration de la puissance de traitement de données du simulateur Ferrari est un plus, mais il est intéressant d'entendre Charles Leclerc évoquer un autre facteur important : les sensations du pilote.

"Je pense qu'il y aura une amélioration [avec le nouveau simulateur] sur absolument tout ce que nous ressentons, surtout pour le feeling du pilote", a-t-il indiqué. "C'est très difficile de recréer les g que nous subissons dans la vraie voiture. Donc ce sera surtout sur ce point, le feeling du pilote, qu'il y aura une amélioration."

Pour le directeur d'équipe, Mattia Binotto, il ne fait aucun doute que si les pilotes peuvent être convaincus de la valeur du simulateur, alors disposer d'une installation dernier cri est désormais essentiel pour toute écurie visant la victoire.

"Nous croyons qu'il est très important d'avoir un bon simulateur", a-t-il affirmé l'an passé après que le Cheval Cabré s'est doté d'une nouvelle machine. "Si vous regardez la dégradation des pneus [subie par Ferrari] en France et comment l'on peut gérer, comprendre et essayer de réagir à ces problèmes, l'exercice sera certainement plus précis si vous avez un simulateur qui est bon en termes de réponse ou de corrélation avec le circuit."

"C'est pourquoi il était important, pour nous, de faire une mise à jour. C'est pourquoi nous croyons que le nouveau [simulateur] peut nous mettre dans une bonne position pour le futur."

Et il semble qu'un cercle vertueux entre ici en jeu : plus le simulateur sera bon, plus les pilotes seront désireux d'y travailler, et meilleurs seront les résultats...

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